Comment trouver les fonds nécessaires au financement de la transition énergétique ? Cette problématique est centrale afin de réussir à mettre en place un système plus respectueux de l’environnement. En effet, rien que pour atteindre les objectifs fixés par la loi énergétique pour la croissance verte de 2015, il faudrait un investissement de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an.
Si la transition énergétique devrait permettre à terme de réduire les coûts liés à notre consommation d’énergie, il faut initialement réaliser des investissements, et ceux-ci peuvent représenter un poids budgétaire important. Trouver des solutions de financement est donc primordial. Quelles sont les principales sources existantes ? Découvrez les dès maintenant !
I. Le défi de la transition énergétique
1. Qu’est-ce que la transition énergétique ?
La transition énergétique est le passage d’un système d’énergie reposant majoritairement sur la consommation d’énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre (pétrole, gaz, charbon), vers un mode de consommation d’énergie qui repose sur des énergies renouvelables et propres (énergie solaire, énergie éolienne, énergie hydraulique, biogaz…).
Cette transition a notamment pour but de limiter le réchauffement climatique et ses conséquences, afin de préserver notre environnement.
2. Des objectifs ambitieux
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, publiée le 25 janvier 2019, a défini des objectifs ambitieux sur le plan énergétique. Ainsi, le but est d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il s’agit de l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre produites par l’Homme et la quantité de ces gaz capable d’être absorbée par les puits de carbone naturels (forêts, océans, sols).
Afin d’atteindre cet objectif, il faut donc réduire nos émissions en changeant notamment nos habitudes énergétiques. Si les énergies renouvelables sont généralement peu coûteuses sur le long terme, l’installation des infrastructures requiert des investissements, et donc des financements.
II. Les investissements majeurs à réaliser
1. Mettre en place de nouvelles solutions de production d’énergie
Afin de décarboner notre consommation d’énergie, nous devons trouver de nouveaux leviers pour produire l’énergie nécessaire et abandonner les énergies fossiles, trop polluantes. Il faut donc mettre en place des infrastructures permettant de produire des énergies renouvelables : centrales solaires photovoltaïques, thermiques ou thermodynamiques, éolien terrestre ou maritime, biogaz, etc.
La PPE préconise notamment de doubler la capacité installée des énergies renouvelables électriques en 2028 par rapport à 2017. La construction et l’installation de ces infrastructures nécessite évidemment des financements conséquents, avec 223 milliards d’euros d’investissement à réaliser avant cette échéance.
2. L’optimisation énergétique des logements
Le logement est un point clé de la transition énergétique. En effet, le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie sur le plan national, représentant 45 % de la consommation nationale. Pour réduire ce poids, il faut notamment construire des bâtiments plus performants sur le plan énergétique, intégrant des énergies renouvelables.
Concrètement, il faut investir dans des dispositifs permettant aux bâtiments de produire de la chaleur renouvelable : chaudière biomasse, système solaire, pompe à chaleur eau/air ou eau/eau, raccordement à un réseau de chaleur renouvelable, etc. Les chauffages au charbon et au fioul doivent également disparaître en raison de leur impact négatif sur l’environnement.
Le sujet de la rénovation des logements est également central. En effet, certains bâtiments, qualifiés de “passoires thermiques” ne permettent pas de conserver efficacement la chaleur. Il consomment donc beaucoup plus d’énergie pour obtenir la température désirée.
Le gouvernement va notamment débourser 14 milliards d’euros sur 5 ans pour promouvoir et accélérer la rénovation thermique des bâtiments. Parmi ce montant, 4,8 milliards d’euros seront dédiés à l’amélioration de l’isolation thermique des bâtiments du secteur public.
3. Une mobilité propre
Le secteur des transports est également un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Ainsi, trouver de nouvelles façons de se déplacer, plus propres, est essentiel et des investissements doivent être faits en ce sens.
L’utilisation de véhicules fonctionnant sans émettre de gaz à effet de serre, comme les véhicules électriques, est notamment primordiale. La PPE a notamment annoncé l’arrêt de la vente de véhicules neufs émettant des gaz à effet de serre en 2040. Le développement des réseaux de transports en commun est également une priorité, ce qui demande des financements conséquents.
4. Financer la recherche
Des efforts de recherche sont également importants afin de trouver de nouveaux leviers de production d’énergie, respectant les objectifs de transition. L’investissement dans la recherche est donc également essentiel.
Pour l’instant, les dépenses européennes de recherche et développement représentent environ 2 % du PIB. On considère généralement qu’un niveau de 3 % est excellent, il faut donc renforcer les efforts. L’Europe du Nord et l’Allemagne atteignent déjà cet objectif. La France, quant à elle, investit 2,3 % de son PIB en R&D.
III. Les acteurs principaux de la transition énergétique et leur contribution à son financement
1. Les pouvoirs publics
Premier acteur clé dans le domaine de la transition énergétique : l’Etat et les pouvoirs publics. En effet, ils peuvent mettre en place différentes mesures d’incitation comme des aides au financement de la transition énergétique, ainsi que financer directement des initiatives.
Il existe de nombreux fonds publics qui financent des projets de transition énergétique. La Caisse des Dépôts (CDC) s’implique fortement dans le financement de la transition énergétique, par exemple. D’autres fonds spécifiques interviennent comme le Fonds de Financement de la Transition Energétique (FFTE), créé en 2016 et géré par la CDC, le Fonds Chaleur ou le Fonds Déchets. Les modalités de financement de ces fonds sont définies par la Loi de Finance annuelle qui fixe le budget public.
La Banque Publique d’Investissement (BPI) intervient également dans le financement de la transition énergétique. En effet, elle accorde des prêts aux collectivités territoriales et aux entreprises pour des projets liés aux énergies renouvelables.
Enfin, il existe de nombreux porteurs de projets publics, mettant en oeuvre directement des projets de transition énergétique. Parmi eux, on retrouve l’Etat, les collectivités territoriales, les bailleurs sociaux et les gestionnaires d’infrastructures.
Au total, les pouvoirs publics ont investi 14,1 milliards d’euros dans la transition écologique en 2017. Ce montant d’investissement est en croissance, avec notamment de plus en plus de fonds alloués pour aider les ménages : subventions, prêts à taux préférentiels, etc.
2. Les entreprises
Les entreprises sont parmi les plus importants pollueurs au monde. En effet, 100 entreprises sont responsables de 70 % des émissions mondiales de carbone, selon un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project paru en 2017. Une répartition encore plus disproportionnée lorsque l’on sait que seules 25 entreprises représentent à 50 % de ces émissions.
Ainsi, par un changement de leurs modes de fonctionnement et par des investissements pour opérer leur transition énergétique, elles peuvent avoir un impact important sur le plan climatique.
Elles participent déjà de façon importante aux projets de transition énergétique. En effet, les entreprises ont investi 10,5 milliards d’euros sur ce plan selon une étude publiée fin 2018 par I4CE. Toutefois, on voit clairement que des efforts supplémentaires peuvent être réalisés par les entreprises pour opérer leur transition énergétique et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces changements passent souvent par une modification importante de leur chaîne de production.
3. Les ménages
Les ménages sont les premiers contributeurs financiers de la transition énergétique, devant les pouvoirs publics, selon une étude publiée fin 2018 par I4CE. Ils sont notamment les premiers porteurs de projets sur la rénovation énergétique des logements et sur les transports, via leurs investissements dans des travaux d’efficacité énergétique sur leurs logements et dans des modes de transport moins polluants.
En 2017, ils ont investi 16,6 milliards d’euros dans la transition énergétique. Ils réalisent notamment 40 % des investissements dans la construction de logements bas carbone et dans la rénovation énergétique de l’habitat. Ils peuvent également installer des centrales solaires au sein de leur domicile et envisager l’autoconsommation, en fonction de la quantité d’énergie qu’ils peuvent produire.
Pour les aider à financer ces investissements, des solutions existent, avec notamment des crédits d’impôts et des subventions publiques. Par exemple, l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) permet de financer la rénovation énergétique des logements. Mais on constate qu’une grande partie de leurs investissements sont financés sur fonds propres, à hauteur de 7,7 milliards d’euros.
4. Et les banques dans tout ça ?
Les banques sont encore à la traine en termes de financement de la transition énergétique. En effet, une étude de l’ONG Oxfam France est arrivée à cette conclusion en novembre 2018. On y apprend notamment que BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE ont accordé 70 % de leurs financements dans le domaine de l’énergie aux énergies fossiles en 2016-2017, alors qu’ils n’en ont accordé que 20 % aux énergies renouvelables.
« La transition énergétique ne pourra s’opérer sans une réallocation des flux financiers internationaux des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, et les banques françaises sont aujourd’hui loin du compte. Pire, elles ont réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (-1,85 milliard d’euros) d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (+1,8 milliard d’euros). » a indiqué Cécile Duflot, porte-parole d’Oxfam.
Les banques, en tant qu’acteurs clés dans le domaine du financement, ont évidemment un rôle à jouer dans la transition énergétique. Vont-elles changer leur politique d’allocation de fonds ? Affaire à suivre.
IV. Des solutions innovantes pour financer la transition énergétique
1. Le financement participatif
Le financement participatif est un autre mode de financement intéressant pour la transition énergétique, avec des plateformes en ligne comme Lendopolis. Le prêt participatif est le format le plus répandu en termes de financement des projets liés aux énergies renouvelables. Il s’agit de prêts rémunérés, avec des intérêts définis au préalable. Vous pouvez ainsi, en tant que particulier, investir votre épargne dans le financement de projets de transition énergétique.
Ce mode de financement permet de créer une adhésion autour des projets, notamment à l’échelle locale. Les pouvoirs publics ont mis en place des incitations gouvernementales que les porteurs de projets peuvent obtenir si le prêt participatif réunit des personnes résidant dans le département où aura lieu le projet, ou dans les départements limitrophes. Il s’agit d’un bonus tarifaire, débloqué si les projets atteignent un certain seuil de participation citoyenne dans leur financement. Cette initiative permet d’aider à une meilleure acceptabilité des projets par les riverains
C’est pourquoi, sur Lendopolis, nous présentons certains projets de ce type, accessibles uniquement aux personnes résidant à proximité du lieu de construction du projet. Par exemple, nous avons notamment achevé le mois dernier une collecte locale de 500 000 € pour la construction de deux centrales solaires en Guadeloupe.
Autres avantages importants pour les porteurs de projet : le financement participatif permet d’obtenir rapidement des fonds, de façon simple. Enfin, ce mode de financement permet de donner de la visibilité au projet, en mobilisant une communauté.
En revanche, ce type de financement ne finance jamais l’intégralité du développement des projets. En effet, il vient en complément d’autres sources de financement. Il ne suffit donc pas à régler le problème du financement de la transition énergétique.
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2. Le tiers financement
Il s’agit du financement d’un projet de transition énergétique par une structure tierce qui se rembourse sur les économies réalisées suite à cet investissement, sans que le bénéficiaire du projet ait besoin d’avancer les fonds nécessaires. Ce type de financement est notamment utilisé pour les projets de rénovation d’habitat sur le plan énergétique, pour les particuliers.
Le particulier paye alors une sorte de loyer représentant les économies d’énergie réalisées, jusqu’à ce que ces paiements aient terminé de rembourser l’investissement. Il peut ensuite bénéficier des économies d’énergie liées à la nouvelle installation en place.
Le tiers financement répond aux mêmes besoins qu’un emprunt bancaire. Il ne couvre généralement pas la totalité du projet, plutôt 50 %.
Le principal frein à ce type de financement est surtout la réticence des banques : elles ne souhaitent pas abandonner leur monopole du crédit bancaire et tendent à voir le tiers financement comme une menace. Cette solution étant assez récente, elle a encore besoin de trouver sa place dans le paysage du financement.
3. Les obligations vertes ou Green Bonds
Les obligations vertes, aussi appelées Green Bonds, sont apparues en 2013. Comme des obligations classiques, elles sont un titre de créance, avec une garantie de l’utilisation des fonds et une obligation de reporting. Leur spécificité est que les fonds prêtés doivent être investis dans des projets liés à la transition énergétique (éolien, solaire et hydroélectrique). Leur rentabilité est plutôt faible, comme pour une obligation classique.
Ce sont des acteurs institutionnels classiques qui les émettent, comme EDF qui en a émis dès 2013. Ceci a notamment permis de financer un parc éolien de 96 MW dans les Pyrénées Orientales.
Qui peut souscrire ces obligations ? Les obligations vertes sont destinées aux investisseurs institutionnels, et non aux particuliers, en raison du montant très conséquent du ticket d’entrée minimum, généralement chiffré en dizaines de millions d’euros.
Sur le plan mondial, 167 milliards de dollars d’obligations vertes ont été émises en 2018, ce qui montre une appétence pour ce produit financier. La France, quant à elle, est la première émettrice mondiale de Green Bonds, avec 16,5 milliards d’euros d’obligations vertes au total. Sur le plan des collectivités territoriales, la région Ile-de-France est une pionnière, avec 500 millions d’euros d’obligations vertes émises.
La question du financement de la transition énergétique est donc complexe, avec de nombreuses solutions, mais qui ne sont pas forcément suffisantes. En effet, il faut encore trouver de nouveaux leviers de financement.
Selon I4CE, il manque chaque année entre 10 et 40 milliards d’euros pour financer la transition énergétique française. Les investissements liés à la lutte contre le réchauffement climatique sont estimés à 40 milliards d’euros annuels, alors que près de 70 milliards sont investis dans des véhicules et des chaudières qui consomment des énergies fossiles. La transition en termes d’investissement est donc centrale.
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