En France, 54 % de la surface du pays est dédiée à l’agriculture. Une part conséquente, symptôme du fait que notre alimentation est de plus en plus gourmande en ressources naturelles. Si on parle fréquemment du fait que notre alimentation a un impact sur l’environnement, qu’en est-il vraiment ? Ce poids est-il si important ? Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Tour d’horizon.
L’élevage animal, un impact considérable sur l’environnement
L’impact de l’élevage sur l’environnement
L’élevage animal a un impact considérable sur l’environnement, notamment en raison de trois facteurs : il émet une quantité non-négligeable de gaz à effet de serre, il consomme beaucoup d’eau et il provoque de la déforestation. Ce phénomène s’accélère. En effet, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons jamais produit et consommé autant de viande qu’aujourd’hui.
En 2013, un rapport de la FAO, l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, dénonçait déjà cette situation. Selon ce rapport, l’élevage de bétail est responsable de 14,5 % des émissions de carbone liées aux activités humaines sur la planète, soit environ 7 milliards de tonnes de CO2. C’est plus que l’intégralité des émissions des Etats-Unis et de la France réunis.
Si l’on prend en compte la production de viande et celle de produits laitiers, la filière est responsable de la moitié des émissions de carbone liées à l’alimentation alors qu’elles ne représentent à elles deux que 20 % des calories ingérées au niveau mondial.
Un impact sur l’environnement qui varie selon les types de viande
Tous les types de viande n’ont pas le même impact sur la planète. En effet, le boeuf et l’agneau sont celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre pour une quantité de viande donnée. Voici la quantité de gaz à effet de serre émise pour chaque type de viande :
- 39 kg de CO2 pour 1 kg de viande d’agneau
- 27 kg de CO2 pour 1 kg de viande de boeuf
- 12,1 kg de CO2 pour 1 kg de viande de porc
- 10,9 kg de CO2 pour 1 kg de viande de dinde
- 6,9 kg de CO2 pour 1 kg de viande de poulet
Ainsi, la viande de boeuf représente 41 % des émissions de gaz à effet de serre dues à l’élevage de bétail. Cette part monte même à 74 % si l’on comptabilise la production de lait. Pourtant, le boeuf ne représente que 22 % de la consommation totale de viande.
On voit aussi que même si le porc est la viande la plus consommée au monde (36,3 % de la consommation totale), son poids dans les émissions de carbone mondiales n’est “que” de 9 %. Il en va de même pour le poulet qui représente 8 % des émissions mondiales, mais 35,2 % de la consommation mondiale de viande.
L’élevage industriel et ses conséquences
Les différents types de viande posent d’autres problèmes d’un point de vue environnemental, notamment en raison de l’élevage industriel. En effet, les conséquences sont assez lourdes. Par exemple, ce type d’élevage entraîne une importante pollution des eaux.
Comment expliquer ce phénomène ? Les animaux d’élevage ont un régime très riche en nutriments, ce qui entraîne une augmentation forte du taux d’azote dans les eaux rejetées. Ceci a des conséquences en termes de santé publique mais aussi de prolifération d’algues indésirables et de population microbienne dans les eaux, ce qui peut perturber les écosystèmes marins.
L’élevage industriel entraîne aussi une augmentation significative de la population de ruminants. Or, ils génèrent du méthane lors de leur digestion, ce qui est un gaz à effet de serre important.
Enfin, les effluents d’élevage sont très chargés en matière organique. Ils entraînent alors une pollution des sols au nitrate s’ils ne sont pas bien traités. Ainsi, 60 % des nitrates en France sont d’origine agricole.
Une importante consommation d’eau et de céréales
La production de viande pour notre alimentation est également très gourmande en eau. En effet, dans un élevage industriel, produire 1 kg de boeuf exige 13 500 litres d’eau. Pour les autres types de viande, l’addition n’est pas aussi élevée mais elle n’est pas à négliger : 4600 litres d’eau pour 1 kg de porc et 4100 litres d’eau pour 1 kg de poulet. À titre de comparaison, produire 1 kg de riz exige 1 400 litres d’eau, produire 1 kg de blé en exige 1200 et produire 1 kg de maïs en exige 700.
L’élevage industriel est également très gourmand en céréales. Par exemple, en 2002, un tiers des céréales produites dans le monde a été utilisé pour nourrir le bétail. Ceci représentait 670 millions de tonnes de céréales, soit une quantité suffisante pour nourrir trois milliards d’êtres humains. Ici aussi, c’est le boeuf qui est le plus gourmand en ressources. En effet, pour 1 kg de viande de boeuf produite en élevage industriel, il faut 10 à 25 kg de céréales.
L’élevage de bétail utilise beaucoup de terres
L’élevage de bétail pour notre alimentation est également gourmand en termes de terres. Selon la FAO, 70 % de la surface agricole mondiale est utilisée soit pour le pâturage du bétail, soit pour la production de céréales destinées à leur alimentation. Ceci entraîne une pénurie de terres agricoles.
Ce phénomène a un impact important sur la déforestation. Par exemple, 91 % des terres déforestées en Amazonie sont utilisées pour l’élevage ou la production de céréales pour l’élevage. La culture du soja y est notamment importante. Avec la déforestation, on entre dans un cercle vicieux car l’élevage émet de plus en plus de carbone alors qu’il y a moins de surface de forêts pour en absorber.
Enfin, on note que le besoin en terres agricoles est beaucoup plus important lorsque l’on fait de l’élevage animal plutôt que de la production végétale. En effet, il faut entre 6 et 17 fois plus de surface pour produire de la viande que du soja. Ainsi, la production de viande mobilise 70 % des terres agricoles et 30 % de la surface émergée de la Terre.
La production végétale a également un impact
Si l’élevage animal est responsable d’une grande partie de l’impact environnemental de notre alimentation, la production végétale n’est pas totalement innocente non plus.
En effet, les méthodes de production utilisées peuvent avoir des conséquences importantes sur l’environnement. Les engrais et les pesticides utilisés dans les champs modifient la composition du sol et peuvent perturber la faune. Ils entraînent aussi une diminution du nombre d’insectes dans les sols. Pourtant, ceux-ci sont utiles pour maintenir une aération du sol et produire de la matière organique qui le fertilise.
La consommation d’énergie des tracteurs, des bâtiments d’élevage et des serres chauffées produisent également une quantité non négligeable de gaz à effet de serre. La consommation d’eau pour les cultures est aussi conséquente. En effet, l’irrigation représente 48 % de toute la consommation d’eau en France.
Transformer et acheminer les denrées alimentaires
La France produit la majeure partie des aliments consommés sur son territoire. On note aussi que 70 % de la production agricole française est transformée directement par des entreprises françaises. Pourtant, la transformation et l’acheminement des denrées alimentaires a un impact important sur l’environnement.
En effet, on compte de nombreuses étapes entre la ferme et le magasin. Il faut transformer les aliments, les conditionner, puis les transporter. Chacune de ces étapes utilise beaucoup d’énergie et entraîne des émissions de gaz à effet de serre.
À chaque étape, on assiste à du gaspillage de denrées alimentaires. En effet, certains fruits et légumes sont jetés car ils ont des imperfections et certains aliments emballés sont jetés car l’emballage est endommagé, par exemple. À la fin de la chaîne, le gaspillage alimentaire est assez important.
L’impact des grandes surfaces sur l’environnement
Lors de la commercialisation des produits en grande surface, l’environnement en prend aussi un coup. En effet, la réfrigération en magasin est gourmande en énergie. Il s’agit même du premier poste de dépense d’énergie des grandes surfaces. Pour limiter ce problème, elles installent de plus en plus des réfrigérateurs et des congélateurs fermés qui gardent mieux le froid et donc qui consomment moins d’énergie.
Comment améliorer l’impact de notre alimentation sur l’environnement ?
Pour améliorer l’impact de notre alimentation sur l’environnement, quelques gestes peuvent déjà avoir un effet intéressant. Par exemple, au vu des émissions générées par la production de viande, vous pouvez réduire votre consommation, notamment de boeuf et d’agneau.
Consommer des produits plus locaux est également une bonne pratique car cela permet de limiter le transport des aliments. Opter pour une alimentation “bio” est aussi recommandé afin de limiter la quantité de pesticides utilisée, notamment.
En termes d’agriculture, on voit également se développer certains courants qui visent à réduire l’impact de notre alimentation sur l’environnement. C’est notamment le cas de l’agroécologie. Elle repose sur ces principes :
- La rotation des cultures, ce qui permet d’utiliser moins d’engrais et d’enrichir le sol.
- L’utilisation d’engrais qui tiennent compte des besoins réels des plantes.
- L’utilisation d’effluents d’élevage pour nourrir les sols plutôt que l’utilisation d’engrais chimiques. Ces effluents peuvent également être utilisés pour fabriquer du biogaz dans une usine de méthanisation.
Selon l’agronome Marc Dufumier, l’agroécologie serait totalement capable de nourrir 10 milliards d’êtres humains. Il ajoute : “Ce qui est important, c’est, selon moi, d’accroître la valeur ajoutée à l’hectare, c’est-à-dire de prendre en compte ce qu’on produit, mais aussi ce qu’on détruit.”
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