Alors que le gouvernement veut interdire à la location les logements dits “passoires énergétiques”, que faut-il savoir sur les travaux de rénovation énergétique ?
En France, le secteur du bâtiment représente 44 % de la consommation totale d’énergie. Il produit également 23% des émissions de carbone du pays, derrière les transports et devant l’agriculture et l’industrie.
Afin de permettre à la France d’atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2050, il est essentiel d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments.
Quels sont les travaux de rénovation énergétique qui ont le plus d’impact ? Quelles sont les différentes aides à la rénovation énergétique ?
Quels travaux de rénovation énergétique effectuer ?
Évaluer les besoins de rénovation
Avant toute chose, commencez par réaliser un diagnostic de performance énergétique. Cet audit énergétique vous permet de faire un état des lieux de votre logement et d’évaluer l’ampleur des travaux à venir.
Dans un logement, c’est le chauffage qui représente la plus grosse part de consommation énergétique : 67 % en moyenne. (Source : ADEME).
Votre priorité doit être de diminuer la quantité d’énergie utilisée pour vous chauffer. C’est pourquoi avoir une bonne isolation est essentiel. Le deuxième plus gros poste de dépense énergétique est l’eau chaude sanitaire. Il s’agit donc d’un autre point à améliorer en priorité.
Réorganiser la disposition des pièces dans son logement
Si vous disposez d’une marge de manœuvre sur la disposition des pièces de votre logement, le plus simple peut être d’effectuer une réorganisation optimale des différents espaces. Ainsi, vous pouvez placer les pièces de vie avec une orientation vers le sud afin qu’elles soient chauffées naturellement par le soleil.
Dans la même logique, vous pouvez placer les pièces de service plutôt au nord car elles n’ont pas besoin de beaucoup de chaleur et elles serviront de zone tampon entre l’extérieur et les pièces de vie. Enfin, les chambres peuvent être situées plutôt entre ces deux espaces car leurs besoins en chauffage sont intermittents et modérés.
L’isolation
En termes de rénovation énergétique, l’isolation doit être votre plus grande priorité. En effet, selon l’ADEME, la déperdition moyenne d’énergie pour une maison construite avant 1975 et mal isolée est de 20 % à 25 % par le toit et les murs et de 10 % à 15 % par les fenêtres.
Il est donc important de bien isoler sa toiture. Pour les murs, il est désormais possible de choisir une isolation extérieure, moins contraignante au cours des travaux et permettant de ne pas perdre d’espace à l’intérieur du logement. Enfin, installer des fenêtres à double vitrage permet de mieux conserver la chaleur.
Et ça fonctionne : une isolation performante permet de réduire la consommation énergétique d’un logement de plus de 60 %.
La ventilation
Il est également essentiel d’éviter au maximum les problèmes d’humidité dans votre logement ainsi que les problèmes de renouvellement et de qualité de l’air. Ainsi, il est important de mener des travaux de ventilation.
Selon l’ADEME, la meilleure solution est d’installer un système de Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC), idéal en termes de performance.
Le système de chauffage
Enfin, la rénovation énergétique de votre système de chauffage est la dernière action à entreprendre. Il est alors essentiel de vous tourner vers des dispositifs performants, comme les chaudières à condensation.
Les chaudières “ventouse” sont également une bonne option. Elles utilisent environ 5 % de combustible en moins que les chaudières classiques. Idéalement, il vaut mieux toujours privilégier les énergies renouvelables en optant pour des systèmes comme le chauffage solaire.
Des dispositifs d’aide à la rénovation énergétique
De nombreuses aides publiques existent afin de soutenir les actions de rénovation énergétique et d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments.
Toutefois, les résultats sont pour l’instant décevants. Malgré une baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2020, les émissions de GES du secteur immobilier ont augmenté en 2021.
Cet impact insuffisant peut s’expliquer par le fait que de nombreuses personnes ne savent pas qu’elles sont éligibles à ces aides, comme exposé dans un rapport de l’Institut Montaigne de 2019.
D’autres freins existent. Par exemple, pour faire voter des travaux d’efficacité énergétique dans une copropriété, il faut réunir une majorité absolue et pas juste une majorité simple. Ceci complexifie grandement la réalisation de tels projets.
Les aides à la rénovation énergétique disponibles
Quelles sont les aides à la rénovation énergétique disponibles ?
MaPrimeRenov
Cette prime a été créée pour financer les travaux de rénovation énergétique et aider les bénéficiaires à réaliser des économies d’énergie. Elle est destinée aux propriétaires, occupants ou bailleurs. Le montant est calculé en fonction des revenus et du gain écologique des travaux réalisés.
Jusqu’au 31 décembre 2022, l’installation d’une chaudière à énergie renouvelable bénéficie d’une aide supplémentaire de 1000 €.
Les aides du programme Habiter mieux de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH)
Le programme national “Habiter mieux” de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) propose également des aides à la rénovation énergétique. Le but de ce dispositif est de diminuer de façon significative les déperditions d’énergie dans les logements.
Cette aide concerne les propriétaires occupants dont les revenus ne dépassent pas un certain seuil, ainsi que les propriétaires bailleurs dont les loyers ne dépassent pas un certain montant. Seuls les biens achevés il y a plus de 15 ans sont éligibles, et ils ne doivent pas avoir fait l’objet de financements publics de rénovation énergétique depuis au moins 5 ans.
L’éco-prêt à taux zéro
Grâce à l’éco-prêt à taux zéro, vous pouvez financer la rénovation énergétique de votre logement sans avancer les frais et sans payer d’intérêts, que vous soyez propriétaire occupant ou propriétaire bailleur.
Initialement, ce dispositif n’était disponible que pour les résidences principales achevées avant le 1er janvier 1990. Désormais, il concerne tous les logements achevés il y a plus de deux ans, s’il s’agit d’une résidence principale.
Combien pouvez-vous obtenir ? Le montant maximal de l’éco-prêt à taux zéro est de 50 000 €, à rembourser sur une période de 15 ans maximum.
La prime Coup de pouce économie d’énergie
Le dispositif est disponible jusqu’au 31 décembre 2021. Le but pour les ménages en situation de précarité énergétique est de bénéficier d’aides supplémentaires. Le montant des primes est lié au niveau de ressources de ces ménages.
Le chèque énergie
Le chèque énergie permet à des ménages modestes de payer leurs factures d’énergie ou des travaux de rénovation énergétique. Ce dispositif a été généralisé en 2018 afin de remplacer les tarifs sociaux de l’énergie.
Les aides des fournisseurs d’énergie (CEE)
Certaines entreprises peuvent également vous aider à entreprendre une rénovation énergétique de votre logement. En effet, les fournisseurs d’énergie (EDF, Engie, etc.) peuvent vous fournir des aides si vous réalisez des travaux de rénovation énergétique effectués par un professionnel reconnu garant de l’environnement (RGE).
En contrepartie, ces entreprises obtiennent des certificats d’économie d’énergie (CEE) afin d’attester auprès de l’État qu’elles ont bien rempli leurs obligations d’inciter les consommateurs à effectuer des travaux d’efficacité énergétique.
La TVA à 5,5 % pour les travaux d’amélioration de la qualité énergétique
Certains travaux de rénovation énergétique peuvent bénéficier d’une TVA réduite à 5,5 %. Pour ce faire, le logement doit avoir été achevé il y a plus de 2 ans, qu’il s’agisse d’une résidence principale ou secondaire. Cette aide est disponible pour les propriétaires occupants, les propriétaires bailleurs, les syndicats de copropriétaires, les locataires, les occupants à titre gratuit ainsi que les Sociétés Civiles Immobilières (SCI).
La réduction d’impôt Denormandie
Il s’agit d’une réduction d’impôt sur le revenu pour les propriétaires bailleurs achetant un logement à rénover dans certaines villes. Pour y être éligible, le coût des travaux doit représenter au moins 25 % du prix du bien. Le logement doit également être situé dans une des 222 villes qui bénéficient du programme “Action cœur de ville”.
L’exonération de la taxe foncière pour les travaux d’économie d’énergie
Certaines collectivités territoriales peuvent décider d’exonérer de taxe foncière les foyers qui effectuent des travaux de rénovation énergétique. Il peut s’agir d’une exonération totale ou partielle (entre 50 % et 100 %), sur une durée de 5 ans, selon les dispositifs en vigueur. Cette exonération ne concerne que les logements construits avant le 1er janvier 1989.
Les aides locales pour financer vos travaux de rénovation énergétique
Par ailleurs, il existe des aides locales visant à améliorer la performance énergétique des logements. L’Agence nationale pour l’information sur le logement (ANIL) propose un outil qui recense ces aides sur l’ensemble du territoire.
Les perspectives pour la rénovation énergétique
Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a annoncé continuer les investissements en faveur de la rénovation énergétique. Il veut revoir à la hausse le nombre de bénéficiaires du chèque énergie, par exemple.
De plus, 150 millions d’euros seront attribués à la rénovation énergétique des bâtiments publics en 2023. Un investissement important qui concerne environ 190 000 bâtiments, l’objectif étant de réduire la consommation d’énergie de ces bâtiments de 40 % d’ici 2030.
Malgré les efforts sur ce sujet de la rénovation énergétique, et dans le contexte économique et énergétique actuel, le ministre de l’économie a récemment déclaré : “Il y aura une augmentation pour tout le monde du prix du gaz et de l’électricité, qui sera la plus contenue possible, dans la mesure de ce que nous permettent nos finances publiques.”
Par ailleurs, le Gouvernement veut interdire à la location les logements catégorisés « passoires énergétiques » dès 2023. En effet, le projet de loi Climat et résilience , suggère d’interdire la location de toutes les passoires thermiques, et cela à partir de l’année 2028.