Le 9 août 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu la première partie de son nouveau rapport. Rédigé par 234 scientifiques issus de 66 pays différents, ce rapport fait la synthèse de milliers d’études scientifiques.
Pour rappel, le GIEC a été créé en 1988 dans l’objectif de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques sur les changements climatiques (causes, répercussions potentielles, stratégies d’endiguement…). Il s’agit d’une association de pays, dont les membres sont des nations et non des personnes physiques. De fait, les scientifiques qui siègent aux assemblées représentent les pays membres du GIEC (195, soit la quasi-totalité des pays du monde). Précision importante : le GIEC n’est pas un laboratoire de recherche, mais un organisme dont l’objectif est de synthétiser les travaux scientifiques menés dans les laboratoires du monde entier.
Ces précisions faites, penchons-nous maintenant sur le contenu du dernier rapport rendu par le GIEC en août dernier. Que faut-il en retenir ?
L’état du climat
Le dernier rapport du GIEC confirme les découvertes scientifiques déjà mentionnées dans les précédents rapports. Ce sont bien les activités humaines qui sont à l’origine d’un réchauffement de l’atmosphère, des océans et des terres. Grâce à des méthodes d’analyse plus précises, les scientifiques ont pu établir un lien direct entre certains évènements (comme les vagues de chaleur en Sibérie en 2020 et 2021) et le réchauffement climatique. C’est désormais un fait établi : l’ampleur des changements du système climatique est sans précédent. Depuis la publication du 1er rapport du GIEC en 1990, 1000 milliards de tonnes de CO2 ont été émises. Soit presque la moitié des émissions de CO2 émises depuis le début de l’ère industrielle.
Depuis le rapport d’évaluation du GIEC en 2014, la planète a connu un réchauffement sans précédent. Ainsi, les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis 1850. Par ailleurs, la hausse du niveau de la mer s’est accélérée, tout comme la fonte des calottes glaciaires (à titre d’exemple, celle du Groënland a fondu six fois plus vite entre 2010 et 2019 que pendant la décennie précédente). L’ampleur de ces changements et la rapidité à laquelle ils interviennent dépendent directement des émissions de CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère.
C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle, car l’objectif de maintenir la hausse des températures sous 1,5°C reste atteignable. Une mauvaise nouvelle, car les scientifiques sont formels : faute d’action rapide des gouvernements, cet objectif ne pourra pas être atteint. Or, selon le rapport du GIEC, les différences entre un changement climatique à + 1,1°C (un seuil désormais atteint par rapport à la période préindustrielle), + 1,5°C ou + 2°C sont immenses.
Les futurs possibles
Dans son rapport, le GIEC explore les futurs possibles. Il établit ainsi plusieurs scénarios de transition pour l’avenir. Ceux-ci sont évalués en fonction de niveaux de probabilité différents : quasiment certain, très probable, improbable, très improbable, etc. Il établit également le scénario d’événements « à faible probabilité et à haut risque ». Ils constituent des points de basculement pour la planète : dépérissement mondial des forêts, fonte des calottes glaciaires en Antarctique… S’ils survenaient, ces évènements auraient des conséquences dramatiques.
Le GIEC décrit l’évolution des températures futures selon 5 trajectoires socio-économiques différentes. Ces cinq scénarios couvrent un large éventail de futurs possibles, allant d’un scénario dans lequel les émissions de CO2 diminuent de manière drastique, à un scénario dans lequel ces émissions continuent d’augmenter jusqu’à atteindre en 2050 un niveau deux fois supérieur au niveau actuel.
Dans l’ensemble des scénarios établis par le GIEC (à l’exception du plus bas), le seuil de réchauffement mondial de + 1,5°C sera dépassé dans un avenir proche, entre 2021 et 2040. Le GIEC prédit également une fonte irréversible des glaciers sur plusieurs siècles, ainsi qu’une libération progressive par dégel du carbone contenu dans le permafrost (sous-sol gelé dont la température ne dépasse pas 0°C pendant au moins deux années consécutives) des régions arctiques.
Des points de bascule, c’est-à-dire des seuils à partir desquels un changement, même minime, peut faire entièrement basculer un système, sont inclus dans le rapport. Bien qu’ayant une faible chance de se produire, leur survenue pourrait avoir des conséquences préoccupantes. La modification des courants marins ou la mort des récifs coralliens pourraient entraîner un réchauffement climatique plus important que prévu.
Comment être acteur du changement
À la lecture de ce rapport, il est facile d’abandonner tout optimisme. Pourtant, le GIEC l’affirme : il est encore possible de faire changer les choses. Des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2, de méthane et des autres gaz à effet de serre sont nécessaires. Cette réduction permettrait d’inverser les scénarios possibles du changement climatique futur, et améliorerait également la qualité de l’air.
Pour le GIEC, une baisse immédiate et à large échelle des émissions de gaz à effet de serre est nécessaire pour limiter le réchauffement mondial à + 1.5°C. En atteignant la neutralité carbone, nous pourrions ainsi freiner l’évolution du réchauffement climatique.
Les Etats ont un rôle majeur à jouer dans la réduction des émissions de CO2. Mais chaque individu, à son échelle, peut devenir un acteur du changement. Certaines actions écocitoyennes sont ainsi faciles à mettre en place au quotidien : limiter l’utilisation du plastique, privilégier les transports en commun plutôt que la voiture, et le train plutôt que l’avion (quand c’est possible), laver son linge à 30 degrés et limiter l’utilisation du sèche-linge, régler le chauffage à 20 degrés maximum, privilégier le vrac pendant ses courses…
Mais aussi, et c’est peut-être l’une des actions les plus importantes qu’il soit possible d’engager, investir son argent dans des projets éthiques, qui contribuent à la transition écologique. Par exemple, le crowdlending permet d’investir directement dans des actifs d’énergies renouvelables. Avec Lendopolis, il est ainsi possible d’investir dans des projets de centrales solaires ou de parcs éoliens, et de devenir partie prenante d’un nécessaire changement de paradigme.