Le biométhane est un gaz renouvelable obtenu à partir de la fermentation de matières organiques. Avec une composition très proche de celle du gaz naturel, il peut être utilisé de la même façon que ce dernier. Cela permet de limiter le recours aux énergies fossiles.
Serait-il une solution fiable pour verdir notre réseau de gaz, tout en réduisant notre dépendance aux importations ?
Qu’est-ce que le biométhane et comment est-il produit ?
Le biométhane est un gaz naturel issu de diverses matières organiques (déchets organiques, résidus agricoles, boues, etc.). Obtenu à partir de leur fermentation en l’absence d’oxygène. Ce procédé, appelé méthanisation, permet de développer des bactéries qui se transforment par la suite en biogaz.
Celui-ci peut être utilisé de manière brute ou transformé pour obtenir un gaz incolore et inflammable : le biométhane. Le gaz produit par méthanisation est essentiellement utilisé pour produire de l’électricité et de la chaleur. Cependant, après avoir subi un processus de purification, il peut également être injecté dans les réseaux gaziers.
Ou comment mettre à profit la célèbre maxime du chimiste Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…
Quelle est la différence entre le biométhane et le biogaz ? Le biométhane est issu de la purification du biogaz. Cette épuration vise à rapprocher le biogaz au maximum du gaz naturel, pour qu’il puisse être injecté dans le réseau de gaz ou utilisé comme carburant. |
Le biométhane apparaît comme une alternative fiable aux énergies fossiles. Son utilisation permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il a en plus l’avantage de valoriser les déchets organiques.
En 2011, le premier site d’injection de biométhane dans les réseaux de gaz voyait le jour en France. Depuis, du chemin a été parcouru. La France est en effet devenue le premier pays en Europe en termes de nombre d’unités de production du biométhane. Le pays se classe dans le top 5 Européens avec l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Danemark en termes de volume de biométhane produit.
La loi relative à la Transition Énergétique pour la Croissance Verte du 17 août 2015 fixe par ailleurs l’objectif de porter la part des énergies renouvelables à 32 % de la consommation énergétique finale d’énergie d’ici 2030. Cela incite naturellement au développement de cette filière.
Avec un léger bémol néanmoins. Le biométhane reste plus onéreux que les autres énergies renouvelables, en termes de coûts de production. En 2018, produire 1 MWh de biométhane coûtait 95€, contre 50 à 70€ pour l’énergie produite par une éolienne.
Mais le biométhane présente de pouvoir être produit en continu : il ne s’agit pas d’une énergie intermittente. Il peut également être stocké, contrairement à l’énergie solaire ou à l’énergie éolienne.
Un état des lieux actuel du biométhane
La flambée des prix des énergies fossiles et la guerre en Ukraine ont été l’occasion de constater notre dépendance aux importations de gaz naturel. En 2021, à titre d’exemple, environ 45% des importations de gaz de l’Union Européenne provenaient de la Russie. La situation économique et géopolitique actuelle incite à se tourner vers des alternatives souveraines, mais aussi plus vertueuses. Le biométhane permet de répondre à ces enjeux. Il est produit localement et n’est pas soumis à la volatilité des marchés financiers.
La loi de Transition Énergétique de 2015, la PPE de 2016 s’était déjà donné pour mission d’atteindre de 237 à 300 mégawatts (MW) de puissance électrique issue de la méthanisation d’ici 2023. À la fin du premier semestre 2020, cette puissance électrique atteignait 220 MW. Ces dernières années, de nombreuses régions de France ont vu se multiplier les unités de production de biométhane. En premier lieu, l’Île de France, les Hauts-de-France, la Bretagne et le Grand-Est.
Mais les objectifs de production et d’injection de biométhane dans les réseaux de gaz ont été revus à la baisse. Ainsi, la dernière Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fait porter la part du gaz renouvelable dans la consommation totale de gaz en France à 7% d’ici 2030. Alors même que la loi de Transition énergétique de 2015 prévoyait un objectif de 10% à ce même horizon.
Au 31 décembre 2020, la France comptait 1075 unités de production de biogaz. 20% d’entre elles (soit 214 unités) l’utilisent sous forme de biométhane injecté dans les réseaux de gaz, un nombre qui a presque doublé en un an.
Entre 2018 et 2019, une augmentation de 79% des injections de biométhane a été constatée, ce qui représente 2,2 milliards de kW. De quoi tout de même assurer un bel avenir à ce gaz décarboné ?
Quelles perspectives pour le biométhane ?
Selon la feuille de route méthanisation de l’ADEME, entre 500 et 1 400 sites injecteront du biométhane dans le réseau de gaz à l’horizon 2030. Cela devrait représenter 16 % de biométhane dans le réseau de distribution. D’ici 2050, 56% du gaz circulant dans le réseau sera du gaz vert (GRDF prévoit un pourcentage plus élevé, de l’ordre de 73%).
La loi Climat et Résilience de 2021 ont par ailleurs mis en place les Certificats de Production de Biogaz. C’est un dispositif qui consiste à imposer aux fournisseurs de gaz une obligation de fournir du gaz vert à l’Etat. Les fournisseurs peuvent s’acquitter de cette obligation en produisant du biogaz qui sera injecté dans un réseau de gaz naturel. Ils peuvent aussi acquérir des certificats auprès de producteurs de biogaz.
Si elle se poursuit, la dynamique de ces dernières années pourrait placer la France à la tête de l’Europe en matière de production de biométhane, d’ici la fin 2023. Pour quels résultats ? Ils sont aujourd’hui de deux ordres.
En premier lieu, une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et ce, avec une réduction moyenne de 200 tonnes de CO2 par gigawatt heure (GWh) injecté. À titre de comparaison, 1 tonne de CO2 correspond à 54 jours de chauffage au gaz, ou encore 5181 km en voiture.
En second lieu, le retour à une autonomie énergétique. Aujourd’hui, l’immense majorité du gaz que nous consommons est importée. Le biométhane permet d’accéder à une plus grande indépendance. En continuant sur notre lancée, nous pourrons faire en sorte que 2/3 de la consommation de gaz en France soit issu du biométhane et des autres gaz verts. À suivre…
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