Le paysage de l’investissement serait-il en train de changer ? Plus jeune, plus féminin, moins professionnel… Depuis quelques années, le portrait-robot des investisseurs en France tend en effet à se modifier. Et c’est indéniablement une bonne nouvelle.
Découvrons ici à quoi ressemble l’investisseur français type. Quelle relation entretiennent les Français avec leur argent ?
Épargne ou investissement : quelles tendances pour les Français ?
On a coutume de dire que la France est un pays d’épargnants. Il faut dire que les Français mettent de côté 15% de leur revenu disponible brut en moyenne.
Pendant la crise du Covid-19, le taux d’épargne a même grimpé jusqu’à 25% !
En 2022, 7 Français sur 10 ont déclaré mettre de l’argent de côté tous les mois. Les femmes déclarent épargner un montant de 210 euros par mois en moyenne, contre 280 euros pour les hommes.
Les supports préférés des Français restent les livrets réglementés, liquides et simples d’utilisation.
En janvier 2023, la collecte concernant le Livret A s’est élevée à 9,27 milliards d’euros, un record historique. À la fin du mois de février, le montant total des encours sur le Livret A et le LDDS était de 529,1 milliards d’euros.
L’AMF estime que 80% des Français ne sont pas exposés aux marchés boursiers. Contrairement aux Anglo-saxons qui sont encouragés très tôt à entretenir leur culture financière et à réaliser des investissements.
Les raisons pourraient être multiples : une aversion pour le risque culturellement entretenue, une fiscalité des revenus du capital qui a longtemps été pénalisante, et enfin un système social protecteur, dans lequel il n’est pas nécessaire d’investir pour protéger sa santé ou sa retraite future.
À quoi ressemblent les investisseurs en France ?
En mars 2023, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a analysé le profil des investisseurs français, définis comme les personnes ayant effectué au moins une opération en Bourse à l’achat ou à la vente sur l’année. Le résultat est le suivant :
Une population d’investisseurs rajeunie
Entre 2019 et 2022, la population d’investisseurs actifs (qui ont acheté ou vendu au moins un titre financier sur l’année) s’est fortement rajeunie, en raison de l’activité croissante des moins de 35 ans.
Serait-ce dû à la démocratisation des contenus sur l’investissement, que ce soit sur Internet ou sur les réseaux sociaux ? Les investisseurs actifs ayant entre 35 et 45 ans sont également en légère hausse, tandis que la proportion des investisseurs de plus de 45 ans reste stable.
Au global, les investisseurs actifs représentent 2,1% de la population française en 2022.
Un différentiel genré
30 % des investisseurs sont des femmes. Une proportion qui augmente, mais l’on constate un comportement différencié entre les hommes et les femmes.
Ainsi, les investisseurs masculins sont représentés dès les premières tranches d’âge (25-29 ans et 30-34 ans). Les femmes qui investissent tendent à être plus âgées.
L’étude de l’AMF montre également que les hommes réalisent un nombre de transactions 1,5 à 2 fois plus élevé que les femmes. Et ce quelle que soit la tranche d’âge.
Enfin, les femmes craignent davantage le risque que les hommes, et ont le sentiment d’avoir moins de connaissances (29 % contre 42 %). Cela ne reflète pourtant pas la réalité.
Une préférence nette pour les actions
78 % des investisseurs ont privilégié les actions lors de leurs transactions. Loin derrière, on retrouve les ETF (trackers), les instruments plus complexes comme les warrants, et enfin les obligations. Manque d’intérêt pour ces actifs ou manque de connaissances financières ?
Quels sont les comportements des investisseurs ?
Au premier trimestre 2021, à la sortie de la crise du Covid, les investisseurs se sont rués sur les actions, constituant une année record en la matière. Les actions restent l’actif préféré des Français, sans doute pour son aspect concret.
Les valeurs dites “sûres” sont privilégiées par les investisseurs. Ainsi, l’action Total Énergies a été l’action la plus échangée en montant en 2022. L’action LVMH compte parmi les trois actions les plus échangées par les femmes. Tandis que l’action Société Générale se classe parmi les trois actions les plus négociées par les hommes.
De manière générale, les jeunes investisseurs réalisent un montant global de transactions à l’achat plus élevé qu’à la vente. Tandis que les investisseurs plus âgés effectuent un montant global de transactions à la vente plus élevé qu’à l’achat.
Enfin, on constate que l’émergence de plateformes de courtage en ligne a permis d’attirer de nombreux jeunes investisseurs, qui n’avaient au préalable aucunes connaissances financières. Le risque pour ces investisseurs amateurs ? Paniquer au moindre soubresaut de la Bourse et réagir de manière trop vive à la volatilité des marchés. Car, on le rappelle : l’investissement doit s’envisager uniquement sur une perspective moyen-long terme.
Il existe pour autant d’autres moyens d’investir que l’achat d’actions ou d’obligations : acquisition de parts de SCPI, financement participatif, investissement en capital-risque… Pour ceux qui sont sensibles à l’aspect éthique, ces alternatives peuvent également être le moyen de verdir ses investissements, en se tournant vers des projets plus vertueux.
Quels changements peut-on constater avec l’inflation ?
Avec une inflation à 5,2% en moyenne en 2022, il est de plus en plus difficile pour les Français de trouver des placements adaptés. Selon l’enquête IFOP Les Français et leur rapport à l’épargne (mars 2023), 57% des Français affirment que le contexte économique actuel est susceptible de modifier leur manière d’épargner.
Ainsi, 32% disent se sentir incités à épargner davantage, tandis que 25% disent épargner moins que d’habitude. Ce sont notamment les moins de 35 ans et les locataires qui sont les plus nombreux à éprouver des difficultés à placer leur argent dans un contexte inflationniste.
Il est vrai, que même si les taux d’intérêt du Livret A et du LDDS ont augmenté (ils sont passés à 3% en février 2023), ils ne permettent pas de protéger les épargnants de l’inflation. La clé reste donc l’investissement, en choisissant le ou les supports les plus adaptés à ses besoins, à son rapport au risque et à ses finances.
Le baromètre Ipsos 2023 – le Cercle des Épargnants sur « Les Français, l’épargne et la retraite » montre enfin que, désormais, un Français sur deux se dit intéressé par les sujets sur l’épargne et les produits financiers, alors qu’ils n’étaient que deux sur cinq il y a trois ans.