Si, depuis 2016, la France s’est dotée d’une stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière (appelée EDUCFI), dans les faits, 77% des citoyens français estiment manquer de connaissances financières. Il faut dire que l’argent a longtemps été (et demeure dans certains cas) un sujet tabou.
Et si c’était l’occasion, pour les parents de jeunes enfants et d’adolescents, de dispenser à ces derniers l’éducation financière qu’ils n’ont pas eue ? Grâce à ce socle de connaissances, les jeunes générations pourront ainsi acquérir les connaissances nécessaires à la gestion de leur épargne et de leur patrimoine futurs.
L’éducation financière est en effet d’une grande importance, à l’heure où les flux financiers se complexifient et où la palette de placements disponibles n’a jamais été aussi large.
Qu’est-ce que l’éducation financière ?
Selon la définition qu’en donne l’OCDE, l’éducation financière est une « combinaison de conscience financière, de connaissance, d’habileté, d’attitudes et comportements nécessaires pour prendre les bonnes décisions financières et finalement arriver à un bien-être financier individuel apprécié par la personne elle-même ».
De manière plus schématique, on peut donc définir l’éducation financière comme un ensemble de connaissances et de comportements (par exemple : la confiance en soi) qui permettent de prendre des décisions éclairées.
Appliquée aux enfants et aux adolescents, il s’agit de transmettre des notions financières pour les aider à gérer au mieux leur argent en fonction de leurs revenus et objectifs futurs.
Les Français manquent-ils d’éducation financière ?
Selon l’étude La culture financière des Français réalisée en 2011 en partenariat avec l’AMF, les Français savent gérer un budget (3 personnes sur 4 savent combien elles dépensent chaque mois, et 92% consultent souvent leur compte bancaire).
Ne dit-on pas, après tout, que la France est un pays d’épargnants ? Cependant, en matière de connaissances sur les placements financiers, les résultats ne sont pas bons. En effet, à peine une personne sur deux connaît la définition de dividende, tandis que moins d’une sur quatre sait à quoi correspond une obligation.
Plus d’une décennie s’est écoulée depuis cette étude, et les placements boursiers se sont depuis démocratisés. Il n’en reste pas moins que les Français manquent globalement d’éducation financière, ce qui explique en partie pourquoi ils préfèrent épargner massivement qu’investir. Or, cela n’est pas le bon réflexe à adopter sur le long terme, encore moins en temps d’inflation.
Quelques autres statistiques
- 41% des Français ont le sentiment de ne pas disposer d’informations suffisamment fiables et impartiales pour gérer efficacement leur budget.
- 69% jugent leurs connaissances financières moyennes ou faibles.
- 80% considèrent qu’une éducation financière est essentielle à l’école.
Quel est le rapport des enfants à l’argent ?
La dernière étude sur l’éducation financière et budgétaire des enfants, réalisée par la Fédération bancaire française (FBF) en février 2023, montre que l’argent est un sujet familier pour les enfants. Il est évoqué régulièrement dans la sphère familiale (pour 93 % d’entre eux) et amicale (69 %). Les 13-14 ans sont ceux qui sont le plus sensibilisés au contexte inflationniste. 71 % d’entre eux disent avoir conscience que les prix ont augmenté quand ils réalisent un achat.
Depuis la dernière étude réalisée en 2019, des évolutions sont à noter :
- Les notions bancaires sont mieux assimilées, avec 48% des enfants qui ont aujourd’hui besoin qu’on leur explique comment fonctionne un compte bancaire (57% en 2019) et 37% comment fonctionne une carte bancaire (42% en 2019).
- L’achat de biens d’occasion est en hausse (69% des enfants envisagent d’acheter d’occasion cette année contre 60% en 2019), signe que ce marché s’est largement démocratisé et que les enfants ont conscience de la valeur des choses. 78% d’entre eux disent également attendre les soldes pour faire des achats.
- Les enfants sont aujourd’hui 12% à faire des achats sur Internet sans l’autorisation d’un adulte, contre 6% en 2019.
À partir de quel âge faut-il commencer à parler d’argent à son enfant ?
Il n’existe pas vraiment de consensus sur la question. Cependant, les psychologues estiment que les enfants n’intègrent la notion de conversion (ex : la valeur d’une pièce ne dépend pas de sa taille) et d’équivalence (les biens s’échangent contre de l’argent) qu’à partir de 6-7 ans.
Cette fourchette d’âge est donc idéale pour commencer à aborder les questions financières. Nul besoin de se lancer dans de grands discours : on peut simplement commencer à aborder certains sujets (voir ci-dessous), et à donner de l’argent de poche chaque semaine pour apprendre à gérer un budget.
Éducation financière : que faut-il transmettre à ses enfants ?
Voici quelques notions de base à aborder.
La notion de valeur et de prix
Il est important de transmettre aux enfants la différence entre la valeur et le prix. Ainsi, chaque chose a un prix, qui n’est pas forcément corrélé à sa valeur.
Cela peut être un bon point de départ pour aborder la question de la valeur sentimentale. Par exemple : sur le marché, une voiture coûte plus cher qu’un jouet. Pourtant, la valeur qu’on accorde à ce dernier peut être supérieure.
Les pièces et les billets
Dès l’âge de 6 ans, un enfant peut se familiariser avec la monnaie, notamment en participant aux courses. C’est l’occasion d’apprendre la notion de valeur. Un enfant plus grand pourra également comprendre les notions suivantes :
- Le fait que la monnaie est un instrument d’échange, mais qu’il n’en a pas toujours été ainsi (autrefois, c’est le troc qui était utilisé, etc.) ;
- Le fait que la monnaie commune aux pays de l’Union européenne est l’euro ;
- Le fait que les pays hors de l’Union européenne ont chacun des monnaies différentes, qui n’ont pas la même valeur.
Les revenus et les dépenses
On peut apprendre à un enfant que dans notre société, nous devons dépenser de l’argent pour répondre à nos besoins (alimentation, hébergement, loisirs, etc.). Pour cela, il est nécessaire d’avoir des revenus. Le travail est généralement la source principale de revenus, mais il en existe d’autres : les loyers, les dividendes, les intérêts, les héritages, etc.
C’est aussi l’occasion d’aborder le sujet de la gestion de budget. Pour bien gérer son budget, il est nécessaire de ne pas dépenser plus d’argent que ce qu’on gagne. Cela nécessite de prioriser et de surveiller ses dépenses. Ainsi, certains postes sont prioritaires sur d’autres, comme l’hébergement ou l’alimentation.
Plus tard : l’épargne et l’investissement
Avec des enfants plus grands, on peut aborder la question de la différence entre l’épargne et l’investissement.
En premier lieu, on peut leur apprendre que quand un bien est trop cher, il est possible :
- D’attendre et d’économiser jusqu’à réunir la somme nécessaire (c’est l’épargne) ;
- D’emprunter de l’argent pour effectuer l’achat immédiatement (c’est le crédit).
En second lieu, on peut aborder la notion d’investissement, qui consiste à placer son argent pour le faire fructifier, en prenant le risque de le perdre. Avec des adolescents, pourquoi ne pas passer en revue les différentes enveloppes de placement ?
On peut ainsi commencer par l’assurance-vie et le PEA, dont le fonctionnement est relativement simple à comprendre. Enfin, on peut également ouvrir un Livret A ou une assurance-vie au nom de son enfant, une bonne occasion de lui apprendre comment et pourquoi mettre de l’argent de côté.