Ces dernières années, l’intelligence artificielle (IA) a révolutionné de nombreux secteurs, et la finance n’est pas en reste.
Désormais, les banques et les institutions financières utilisent l’IA pour améliorer leur efficacité opérationnelle et faciliter l’analyse de données. Mais les investisseurs, qu’ils soient professionnels ou particuliers, peuvent également l’utiliser pour gérer leurs portefeuilles.
La question se pose donc : l’intelligence artificielle va-t-elle vraiment modifier l’investissement tel que nous le connaissons aujourd’hui ?
Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée dans l’investissement et la finance ?
L’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée dans le secteur financier. Voici quelques exemples.
Dans les sociétés de gestion
Les sociétés de gestion se basent sur les nouvelles technologies. Et notamment l’IA, pour améliorer leur stratégie de gestion des actifs. Par exemple, certaines banques utilisent le machine learning (technique qui permet à un ordinateur d’apprendre à exploiter des quantités massives données, sans avoir été programmé pour cela) pour optimiser leurs produits financiers. L’objectif est de créer des portefeuilles d’actions correspondant à un ratio rendement/risque.
En banque et assurance
Le cas d’usage le plus répandu est celui du chatbot. Ainsi, les banques utilisent de plus en plus ces agents conversationnels pour répondre aux questions des clients, fixer des rendez-vous, fournir des informations précises en temps réel, mais aussi collecter des données.
Les entreprises du secteur banque et assurance utilisent également l’intelligence artificielle pour lutter contre la fraude. Par exemple, en 2019, la fraude aux chèques a augmenté de 20%. Pour contrer ce phénomène, les établissements bancaires ont mis en place des algorithmes permettant de bloquer les chèques considérés comme suspects.
Enfin, les robo-advisors (voir plus bas) sont de plus en plus utilisés par les banques en ligne. Le but est de proposer aux particuliers des services d’investissement qui se passent pour partie de conseillers humains. Conçus avec des algorithmes précis, ces robots suggèrent aux clients des allocations d’actifs adaptées à leur profil.
Et ce n’est pas tout ! Récemment, des chercheurs de l’université d’Oxford ont mis au point en partenariat avec l’entreprise Man Group PLC. Ils ont collaboré pour un programme d’apprentissage automatique capable de prédire le cours des actions. Les chercheurs ont réussi à obtenir un taux de réussite de 80 % sur une période de 30 secondes de trading. Cela ouvre un nouvel horizon aux algorithmes prédictifs. Ils pourraient à l’avenir anticiper les fluctuations des marchés, ou des actifs alternatifs comme les cryptomonnaies.
Puis-je utiliser l’intelligence artificielle pour gérer mon portefeuille d’investissement ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle peut être utilisée pour gérer les portefeuilles des particuliers. On parle de robo-advisors (robots conseillers en français). Ce sont des systèmes de gestion de portefeuille automatisés. Ils se basent sur des algorithmes pour gérer des placements financiers et faire des recommandations d’investissement personnalisées. Ils peuvent être intégrés à un contrat d’assurance vie, un PEA ou encore un compte titres. Les robo-advisors présentent l’avantage d’être peu coûteux et accessibles à tous pour épargner.
Les robots conseillers représentent une solution intéressante pour les investisseurs débutants. Notamment ceux qui cherchent à placer de petits montants. Les investisseurs plus chevronnés et/ou plus aisés, dont les besoins sont plus complexes, se tourneront plutôt vers des conseillers en gestion de patrimoine (CGP).
S’il est pour l’instant impossible de savoir si les robo-advisors font mieux que les humains sur le long terme, une chose est sûre. Ils permettent aux investisseurs novices de se lancer sans crainte.
À ce sujet, une étude publiée dans la Harvard Business Review montre que les algorithmes peuvent aider les investisseurs novices à prendre des décisions d’investissement. Et donc à obtenir des rendements plus élevés. Pourquoi ? Parce que les investisseurs n’échappent pas aux biais cognitifs, et ce d’autant plus qu’ils sont inexpérimentés. Or, ces biais peuvent altérer la qualité de leurs décisions.
Par exemple, ils peuvent réaliser des investissements sur la base de leurs émotions ou de leurs impressions personnelles, au lieu de s’appuyer sur des données objectives.
En revanche, toujours selon l’étude, les investisseurs plus expérimentés (donc plus familiers des fluctuations des marchés et plus rompus à la prise de risque) obtiennent de meilleures performances que les algorithmes.
Comment l’intelligence artificielle peut-elle aider les investisseurs à prendre des décisions éclairées ?
Dans de nombreuses sociétés financières, l’intelligence artificielle est utilisée pour automatiser certaines tâches de routine et rendre les processus plus efficaces. Elle peut également aider les investisseurs institutionnels à prendre de meilleures décisions, grâce à :
L’analyse de données
Les systèmes d’IA sont capables d’analyser de grandes quantités de données. Rapports financiers, tendances, historiques du marché, articles de presse spécialisée, etc. Cela leur permet d’identifier des modèles et des tendances, et de prendre des décisions d’investissement en conséquence. Par exemple : éviter tout placement dans des entreprises susceptibles de connaître des difficultés financières.
L’optimisation de portefeuille
L’IA peut aider les investisseurs à optimiser leurs portefeuilles en identifiant les meilleures combinaisons d’investissements, tout en minimisant leur exposition aux risques.
L’évaluation des risques
Les algorithmes sont aujourd’hui capables d’évaluer les risques associés à chaque investissement. En analysant un large éventail de facteurs, tels que la volatilité des marchés, les risques géopolitiques ou les données financières, les systèmes d’IA peuvent ainsi fournir aux investisseurs une image plus précise des risques auxquels ils sont confrontés.
L’intelligence artificielle générative
Les intelligences artificielles génératives sont des types d’IA qui permettent de générer des contenus originaux. L’une des plus connues du grand public est ChatGPT, qui peut créer du texte à la demande, ou encore Midjourney, capable de générer des images à partir d’une simple requête.
Appliquée à la finance, cela donne par exemple BloombergGPT, une IA spécialisée lancée par le groupe américain Bloomberg. Encore en phase de test, cette intelligence artificielle se base sur des centaines de milliards de données pour générer du contenu financier.
À terme, elle pourrait ainsi faciliter l’exécution de tâches chronophages et fastidieuses dans les sociétés financières (analyse de données, recherche d’informations…). Elle pourrait également isoler les passages les plus pertinents d’articles et de documents financiers, répondre à des questions, mais aussi générer du contenu textuel pour la presse spécialisée.
L’intelligence artificielle va-t-elle, à terme, remplacer les gestionnaires de portefeuille ?
Oui… Et non. En effet, si l’intelligence artificielle peut remplacer un être humain dans la gestion d’un portefeuille, elle ne peut le faire que de manière partielle.
Certes, recourir aux algorithmes permet d’éviter de prendre des décisions irrationnelles et/ou biaisées (par la peur, par l’aversion au risque, par le manque ou l’excès de confiance en soi…). Et une intelligence artificielle peut tout à fait obtenir de meilleures performances qu’un professionnel.
Cependant, les algorithmes éprouvent des difficultés dans la prédiction d’événements, car ils sont entraînés sur la base de données passée. Pour l’instant, donc, rien ne vaut la connaissance humaine, plus apte à prendre en compte une multitude de critères (y compris les potentialités futures) pour réaliser des investissements.
L’humain et l’intelligence artificielle doivent donc être envisagés comme complémentaires : tandis qu’un être humain peut affiner et améliorer un algorithme, l’algorithme peut aider l’être humain à automatiser et rationaliser ses prises de décisions.