La France a connu en 2022 une sécheresse sans précédent. Ailleurs dans le monde, le même phénomène peut s’observer, en raison notamment du réchauffement climatique.
Alors qu’en France, le manque de pluie empêche les nappes phréatiques de se recharger, que faut-il comprendre de ce mécanisme ?
Qu’est-ce que la sécheresse et comment se forme-t-elle ?
La sécheresse désigne un phénomène climatique qui se caractérise par un manque de précipitations prolongé. Il peut être aggravé par plusieurs facteurs : hautes températures, artificialisation des sols, faible humidité…
La sécheresse entraîne des niveaux d’eau anormalement bas. Que ce soit dans les sols, les nappes phréatiques ou encore les cours d’eau.
Ce phénomène, lorsqu’il perdure, peut avoir des conséquences dramatiques, comme la perturbation de la biodiversité ou la diminution des rendements agricoles.
On distingue plusieurs types de sécheresse :
- La sécheresse météorologique : elle correspond à une faible pluviométrie sur une durée prolongée.
- La sécheresse hydrologique : elle correspond à une baisse significative du niveau des cours d’eau (nappes phréatiques, lacs, fleuves et rivières).
- La sécheresse agricole : elle se manifeste lorsque le taux d’humidité dans les sols est trop faible pour assurer de bons rendements agricoles.
Aujourd’hui, la sécheresse dans le monde a déjà affecté plus de 1 milliard de personnes depuis 1998. Les régions les plus impactées sont la corne de l’Afrique, l’Amérique du Nord et du Sud.
Avec le réchauffement climatique, d’autres régions commencent à être touchées. C’est le cas de la Russie, de l’Inde, de l’Australie, et de certains pays d’Europe.
Quelles sont les causes de la sécheresse ?
Les causes de la sécheresse sont multiples.
A l’origine, le phénomène est souvent causé par des conditions météorologiques particulières. C’est-à-dire une pluviométrie insuffisante qui engendre un déficit d’eau dans les sols et les cours d’eau.
Le réchauffement climatique, qui modifie la pluviométrie et provoque des hausses de température, augmente les risques de sécheresse.
Il existe par ailleurs des facteurs aggravants. Par exemple, les canicules (ou de manière générale les épisodes de forte chaleur) favorisent l’évaporation de l’eau.
La déforestation, qui augmente également l’évaporation, peut aussi accentuer la sécheresse.
Enfin, l’artificialisation des sols, qui empêche les eaux de pénétrer en profondeur, aggrave aussi le phénomène.
Mais la sécheresse peut également être causée, ou à tout le moins aggravée par la surexploitation des ressources en eau (pour l’agriculture, l’industrie, et dans une moindre mesure les usages domestiques).
De manière générale, c’est la réunion de tous ces facteurs qui conduit aux phénomènes de sécheresse.
Quels sont les effets de la sécheresse ?
Les épisodes de sécheresse ont de multiples causes, mais aussi de multiples effets. En voici une liste non exhaustive :
L’altération de la qualité de l’eau
La diminution du débit de l’eau favorise l’augmentation de sa température. Cela a pour conséquence d’altérer la qualité de l’eau.
On constate également une moindre évacuation des substances rejetées, ce qui augmente leur concentration dans certains cours d’eau. Dans certaines zones, l’eau peut être rationnée voire coupée.
La biodiversité est aussi impactée par la dégradation de la qualité de l’eau : développement des algues, asphyxie des poissons, modification de la végétation, disparition de certaines espèces, etc.
La perturbation de la biodiversité
La sécheresse a un effet direct sur la faune (c’est-à-dire les animaux qui vivent dans l’eau, mais aussi ceux qui s’abreuvent dans les points d’eau) et la flore.
Par exemple, dans les forêts, les arbres risquent la déshydratation, et la végétation devenue très sèche peut augmenter les risques de départs de feux.
Quant aux abeilles, sur lesquelles repose une partie de la production agricole mondiale, elles souffrent aussi de la sécheresse car elles trouvent moins de fleurs à butiner… et de nectar pour se nourrir.
Les baisses de rendement agricoles
La sécheresse a un impact direct sur la production agricole. En effet, les cultures (blé, maïs…) ont besoin d’eau pour se développer. Cela crée aussi des effets en cascade : moins de maïs, par exemple, c’est de la nourriture en moins pour les animaux d’élevage.
L’absence de recharge des nappes phréatiques
Les sols ont besoin de se recharger régulièrement en eau. Or, lorsqu’ils sont asséchés, ils absorbent moins bien les précipitations (lorsqu’il y en a !).
Des nappes phréatiques asséchées peuvent également engendrer des inondations et des glissements de terrain.
Qu’en est-il de la sécheresse en France et en Europe ?
En France, la sécheresse est un problème récurrent dans certaines régions, notamment dans le Sud où les volumes de pluie sont plus faibles et les températures plus élevées.
Mais le réchauffement climatique pourrait mettre à risque, dans les années à venir, un nombre plus élevé de régions. 2022 a d’ailleurs été l’une des années les plus sèches pour la France, avec des conséquences multiples : mégafeux, altération des rendements agricoles, interdictions d’irrigation dans certaines zones.
Par ailleurs, des études montrent que l’Europe est l’une des zones les plus menacées par les risques de désertification (c’est-à-dire de sécheresse permanente). Les zones à risque sont les régions du pourtour méditerranéen, mais aussi l’Allemagne du Nord, la Pologne, ou encore certaines zones du Royaume-Uni.
Comment lutter contre la sécheresse ?
Tout d’abord, la sécheresse est un phénomène naturel sur lequel nous avons peu de prise, d’autant que le réchauffement climatique s’accentue.
Lutter contre la sécheresse revient en réalité à lutter contre les changements climatiques, et nous pouvons tous faire notre part. Pour autant, il existe des solutions globales, qui se basent principalement sur l’anticipation et l’adaptation.
Le principal levier est l’encadrement de la gestion de l’eau. À ce titre, le plan “eau” du gouvernement, présenté en mars dernier, comprend une cinquantaine de mesures pour accélérer la sobriété en la matière.
On peut aussi s’appuyer sur un suivi hydrologique, qui consiste à analyser les risques de sécheresse à venir et à cartographier les territoires les plus exposés. Planter des arbres peut également permettre de lutter contre l’érosion des sols et améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol.
Enfin, le remplacement de l’eau potable par d’autres types d’eau pour certaines applications est une autre piste à explorer. Ainsi, dans certains cas (nettoyage urbain, arrosage des espaces verts…), l’eau de pluie ou les eaux usées traitées peuvent être utilisées à la place de l’eau potable. L’objectif : économiser la ressource en eau, qui devient de plus en plus précieuse.
A savoir : Météo France vient de lancer la plateforme DRIAS-Eau, qui permet de visualiser, sous forme de cartes, l’évolution et la disponibilité de la ressource en eau.