Vous le savez certainement : l’immobilier a un impact non négligeable sur l’environnement. Il serait même responsable de plus de 25 % des émissions de gaz à effet de serre dans les pays développés !
Face à cette réalité, il apparaît nécessaire de verdir ce secteur. L’émergence des écoquartiers (en France, on en compte actuellement 500) s’inscrit dans cette démarche de prise en compte des enjeux climatiques.
Qu’est-ce qu’un écoquartier ? À quoi correspond-il exactement ? Quels sont ses avantages, et ses perspectives ?
Qu’est-ce qu’un écoquartier ?
Un écoquartier est une zone urbaine qui s’inscrit dans une démarche de développement durable. C’est aussi le nom d’un label porté par le Ministère de la transition écologique, qui vise à promouvoir de nouvelles façons de construire et de gérer la ville.
Les projets d’écoquartier doivent respecter 20 engagements, qui se déclinent en quatre catégories : démarche et processus, cadre de vie et usages, développement territorial, environnement et climat.
En France, le tout premier écoquartier français a vu le jour à Grenoble dans les années 2000, sur les vestiges d’une caserne militaire. L’écoquartier de la ZAC de Bonne accueille notamment une école primaire, une piscine municipale, un hôtel, un cinéma d’art et d’essai et 5 hectares de parc urbain, dans le strict respect des principes de la certification HQE (Haute Qualité Environnementale).
Plus concrètement, un écoquartier doit répondre à une série d’objectifs économiques, sociaux et environnementaux, parmi lesquels :
- Le traitement des eaux de pluie ;
- La valorisation des déchets ;
- La prise en compte de la biodiversité ;
- Une politique de mixité sociale, notamment grâce à des logements accessibles ;
- Le développement des énergies renouvelables (comme l’énergie solaire) ;
- Le développement des mobilités durables (pistes cyclables, voies piétonnes, etc.) ;
- L’utilisation de matériaux écologiques ;
- La prise en compte des dernières normes environnementales de construction.
Quels sont les critères d’un écoquartier ?
La démarche Ecoquartier, lancée en 2009 dans le cadre du plan Ville durable, s’adresse à la fois aux collectivités locales, aux entreprises privées et aux collectifs citoyens. Son référentiel se structure en 20 engagements.
Parmi ces principaux engagements, on peut citer :
- La préservation de la ressource en eau ;
- La réduction des déchets et le développement de filières de recyclage ;
- La baisse des émissions de CO2 et le développement de la sobriété énergétique ;
- La préservation, la restauration et la valorisation de la biodiversité et des sols ;
- La valorisation du patrimoine naturel et de l’identité du site ;
- L’optimisation de l’utilisation des ressources, assortie du développement des filières locales et des circuits courts ;
- La création d’infrastructures accessibles à tous ;
- La mise en place d’un urbanisme qui permet d’anticiper et de s’adapter au changement climatique.
Plus globalement, l’écoquartier doit proposer un cadre de vie “sûr et sain” pour ses habitants, tout en respectant la biodiversité. Autrement dit, il s’agit de proposer des constructions qui s’adaptent pleinement à leur environnement. On peut donc parler de changement de paradigme, tant l’aménagement urbain suit habituellement le modèle inverse.
Quels sont les avantages des écoquartiers ?
Un cadre de vie agréable, constitué d’espaces verts et protégés, des îlots de fraîcheur en cas de fortes chaleurs, des équipements nombreux et accessibles (commerces, loisirs, etc.), la proximité des transports en commun (dans certains écoquartiers, la voiture est même proscrite), une consommation énergétique réduite… Les écoquartiers ne manquent pas d’avantages.
Les habitants bénéficient ainsi de bâtiments énergétiquement performants (et donc de factures d’énergie réduites), d’une vie collective de qualité et de facilités de déplacement.
Outre leur plus faible impact environnemental, les écoquartiers ont une influence positive sur les personnes qui y vivent. Il s’agit donc d’un véritable cercle vertueux, qui permet de vivre en ville… Sans ressentir le stress des milieux urbains.
Un petit tour de France des écoquartiers
Il existe plusieurs centaines d’écoquartiers sur le territoire français. S’il est impossible de les citer tous, on peut notamment mentionner :
- Darwin, à Bordeaux : ce lieu alternatif et éco-réhabilité est situé dans une ancienne caserne. Il compte un lycée, des restaurants, un espace de coworking et plusieurs commerces.
- Les Rives de Seine, à Boulogne-Billancourt : ce quartier, construit autour de l’île Seguin, comprend 25% d’espaces verts. Il favorise les modes de déplacement doux.
- Clichy-Batignolles, à Paris : situé dans le 17e arrondissement de Paris, ce quartier regroupe des logements et des commerces situés dans des bâtiments éco-conçus. Les 10 hectares du parc Martin Luther King, situé au cœur du quartier, favorisent par ailleurs la biodiversité.
- Confluence, à Lyon : premier quartier durable labellisé par le WWF en France, Confluence a pour particularité de produire plus d’électricité qu’il n’en consomme. À horizon 2030, l’écoquartier ambitionne même de devenir un territoire zéro carbone.
- Danube, à Strasbourg : ce quartier central fait la part belle aux mobilités durables, notamment la marche à pied et le vélo. L’eau est au cœur de l’identité du site, qui compte un jardin fluvial et une promenade sur les berges du bassin Dusuzeau.
Le futur des écoquartiers en question
L’énergie mondiale est consommée à 75% dans les villes. Ce chiffre plaide pour le développement de plus de quartiers éco-conçus, à la fois respectueux de l’environnement et des résidents. Mais cela suffira-t-il ?
À l’heure où le dérèglement climatique risque de rendre invivables certaines villes, l’essor des écoquartiers, plus de 15 ans après leur création, est indéniablement une bonne nouvelle. D’ici 2030, la France poursuit l’objectif de labelliser entre 10 et 15 projets par an, mais aussi de former plusieurs centaines d’élus et de partenaires.
Pour autant ces quartiers, aussi vertueux soient-ils, ne peuvent remplacer une politique urbaine globale, qui prend en compte l’ensemble des enjeux environnementaux. Par ailleurs, peut-on continuer à étendre les villes, artificialiser les sols et détruire certains sites naturels tout en construisant des écoquartiers ?
Face à cette apparente contradiction, il est important de garder en tête la dimension politique des écoquartiers, qui ne doivent pas se limiter à un simple outil marketing pour les collectivités territoriales. Ils doivent, au contraire, s’imposer comme un nouveau mode d’aménagement du territoire, mais aussi comme un moyen de sensibiliser à l’importance du développement durable.