Le taux d’intérêt du livret A est historiquement bas : il n’est que de 0,75 % par an. C’est son niveau le plus bas depuis sa création, en 1818. Ainsi, le rendement réel du livret A est négatif : les intérêts ne suffisent pas à compenser l’inflation. Mais comment ce taux d’intérêt est-il défini ? Découvrez la méthode de calcul utilisée et pourquoi celle-ci est contestée.
Le taux d’intérêt du livret A historiquement bas
Le livret A est le produit d’épargne le plus populaire chez les Français, avec le Livret Développement Durable et Solidaire (LDDS). Les intérêts perçus sont pourtant faibles. En moyenne, les Français ont touché 34 € d’intérêts en 2018, avec 4574 € déposés sur ce livret. Pour 60 % des titulaires d’un livret A, les intérêts perçus n’ont pas dépassé 11 €.
Le faible taux d’intérêt, gelé à 0,75 %, ne suffit pas à compenser l’inflation. En effet, celle-ci était de 1,8 % en 2018. Cet écart provoque un mécontentement global, ainsi qu’une contestation de la méthode de calcul du taux d’intérêt. Historiquement, il était censé atteindre un seuil permettant au minimum de compenser l’inflation. Ainsi, le rendement réel de ce placement était forcément positif ou nul.
En 2017, le gouvernement a annoncé la mise en place d’une nouvelle méthode de calcul du taux d’intérêt du livret A à partir de 2020. En attendant ce changement, le taux d’intérêt a été gelé à 0,75 %, ce qui était le taux en vigueur au moment de cette annonce. On était alors dans un contexte de faible inflation, ce taux semblait donc pouvoir la compenser. Mais elle a repris à la hausse dès août 2017.
Comment est calculé le taux d’intérêt du livret A ?
Le taux d’intérêt du livret A est déterminé par le ministère de l’économie et le gouverneur de la Banque de France.
À partir de 2008, il a été calculé en faisant une moyenne entre l’inflation et les taux d’intérêt à court terme, avec un plancher égal à l’inflation majorée de 0,25 point afin que le rendement réel soit toujours positif. Cette méthode était critiquée, ce qui a entraîné la proposition d’une nouvelle méthode de calcul en 2016, jamais appliquée.
À partir de 2020, le taux d’intérêt du livret A sera calculé en effectuant une moyenne entre l’inflation et les taux interbancaires, avec un plancher à 0,5 %.
Pourquoi la nouvelle méthode de calcul est-elle contestée ?
Avec cette nouvelle méthode de calcul, le taux d’intérêt plancher (c’est-à-dire le taux d’intérêt minimum) ne correspond plus à l’inflation majorée : il est désormais fixe. Ainsi, le taux d’intérêt du livret A ne sera pas nécessairement supérieur à l’inflation. Son rendement réel pourra donc être négatif.
C’est pour cette raison qu’une association nationale de défense des consommateurs, CLCV, demande le retour à la méthode de calcul d’avant 2016 pour protéger les épargnants.
Quels sont les freins à une hausse du taux d’intérêt du livret A ?
Plusieurs facteurs freinent la hausse du taux d’intérêt du livret A. Tout d’abord, les fonds présents sur ces livrets sont en partie alloués au financement de logements sociaux et à des projets de politique de la ville, sous forme de crédits auprès des porteurs de projets. Ainsi, si le taux d’intérêt du livret A est plus élevé, les bailleurs sociaux doivent emprunter avec des taux d’intérêt plus importants pour leurs crédits, ce qui tend à handicaper le secteur du logement social.
Les banques, elles aussi, sont réticentes à une augmentation du taux d’intérêt du livret A. En effet, au vu des taux d’intérêt globalement bas sur le marché, elles ont davantage intérêt à orienter les consommateurs vers des placements financiers à long terme, plus rémunérateurs.
C’est surtout ce point qui est fortement contesté par les associations de consommateurs : selon eux, cette nouvelle méthode de calcul aurait surtout été adoptée pour satisfaire les acteurs du secteur bancaire.
La nouvelle méthode de calcul du taux d’intérêt du livret A sera-t-elle finalement adoptée ou les associations de consommateurs obtiendront-elles gain de cause ? Quelle que soit l’issue, vous pouvez également opter pour des placements avec de meilleurs rendements, comme les assurances-vie ou le financement participatif, en mesurant toujours bien sûr les risques pris et en tenant compte de la fiscalité. Pour en savoir plus, découvrez notre guide des meilleurs placements financiers de 2019.