Loin d’une finance débridée, les placements solidaires permettent d’investir dans des activités de développement durable, de lutte contre l’exclusion et de cohésion sociale. Ancrés dans l’économie réelle, ils génèrent des activités utiles à la société. Leur succès ne se dément pas. Ainsi, en 2020, l’encours de l’épargne solidaire a franchi le cap des 20 milliards d’euros en France.
Alors, par où commencer quand on veut investir solidaire et utile ? Découvrez ici tous nos conseils.
Investir dans les vaches laitières
Investir dans une ou plusieurs vaches peut paraître pour le moins atypique, et pourtant : ce placement connaît un succès grandissant.
Il s’agit d’acquérir des vaches destinées aux activités agricoles. Plus particulièrement, il s’agit de vaches laitières qui sont à l’origine d’une grande variété de produits. Vous aidez ainsi les éleveurs dans la composition de leur cheptel.
Il faut passer par l’Association Française Investissement heptel (AFIC), seule habilitée à servir d’intermédiaire entre les éleveurs et les investisseurs. Coût moyen de l’investissement : 1 500 euros pour l’achat d’une vache.
En tant qu’investisseur, vous êtes propriétaire des mâles nés au cours de l’exploitation de votre troupeau. C’est un peu différent pour les vaches femelles, puisque vous n’êtes propriétaire qu’à 50 % du troupeau, la seconde moitié revenant à l’exploitant. La rentabilité de l’activité est assurée par la vente des nouveaux animaux, avec un taux estimé à 4 % environ.
Les investisseurs sont libres de récupérer l’argent issu de la vente d’animaux ou d’acheter de nouvelles vaches pour agrandir leur cheptel. Au bout de 3 à 5 ans, un troupeau d’une vingtaine d’animaux permet de vendre une vache tous les ans. Il s’agit donc d’un placement à horizon long terme, dont il ne faut pas attendre des miracles.
À noter : si vous souhaitez investir dans les vaches laitières, faites preuve de prudence et renseignez-vous en amont. Les arnaques à l’investissement dans les vaches laitières sont en effet courantes.
Investir dans les terres agricoles
Avec 94 450 transactions, 424 100 hectares échangés et 5,4 milliards d’euros en valeur (chiffres 2019) l’investissement dans les terres agricoles se porte bien.
Vous souhaitez investir dans ce secteur ? Le plus simple est de rejoindre un groupement foncier agricole (GFA)? C’est une société civile du secteur agricole dont l’objet est la création ou la conservation d’exploitations agricoles.
Son objectif est de détenir des terres agricoles cultivables, pour les louer ensuite à un exploitant en contrepartie d’une rémunération. Les montants des loyers versés aux investisseurs varient annuellement. De manière générale, la rentabilité se situe entre 1 et 3%, auxquels il convient d’inclure les plus-values de revente.
Les prix des terres agricoles diffèrent en fonction des régions. Les Hauts de France et l’Île-de-France figurent parmi les plus chères. Pour ces régions, il faut compter entre 6 500 et 9 500 € par hectare.
Cependant, l’investissement dans les terres agricoles est particulièrement intéressant. Il permet aux investisseurs de bénéficier d’avantages fiscaux et successoraux. Si le propriétaire s’engage à détenir ses parts au moins cinq ans, il bénéficie d’un abattement de 75 % de la valeur des terres dans la limite de 300 000 euros d’investissement.
Si vous êtes intéressé, prenez le temps d’étudier le marché et orientez-vous vers les zones qui offrent les meilleures opportunités. En effet, l’emplacement constitue un élément clé dans la réussite d’un investissement dans des actifs “tangibles”.
Investir dans les forêts
75% des forêts françaises sont privées. En tant que particulier, il est donc tout à fait possible d’investir dans les bois et forêts, en profitant d’un placement socialement responsable qui permet d’œuvrer à la préservation de la biodiversité. Il s’agit aussi une manière efficace de diversifier son portefeuille : les arbres, qui sont un actif tangible, ont en effet une croissance régulière qui ne dépend pas des aléas de la Bourse.
Une parcelle de forêt peut ainsi rapporter entre 2 et 4 % par an. Mais attention, les revenus des coupes sont espacés dans le temps. Par ailleurs, la valeur d’une parcelle dépend de nombreux paramètres : prix du sol, densité, localisation du boisement… Et toutes les essences ne se valent pas.
Reste que l’investissement dans la forêt possède de nombreux avantages, y compris fiscaux : neutralité fiscale des revenus de coupe de bois, faible taxe foncière, et abattement de 75% sur l’assiette des droits de succession.
Si ce type d’investissement vous intéresse, le plus simple est d’investir dans un groupement forestier. Il en existe deux formes : le Groupement Foncier Forestier (GFF) et le Groupement Forestier d’Investissement (GFI).
Le premier est une société civile particulière, dans laquelle chaque investisseur achète des parts auprès d’un groupement forestier qui reste seul propriétaire de la forêt. Le montant d’une part varie entre 10 000 et plusieurs centaines de milliers d’euros. Le second fonctionne sur le modèle des SCPI. Il propose un ticket d’entrée moins élevé, de 5000 euros en moyenne.
Investir dans les fonds solidaires
En 2020, l’encours des produits solidaires a atteint 20,3 milliards d’euros, soit une hausse de 33% en un an. La majeure partie de cet encours est constituée par les fonds solidaires, dont le nom provient du fait qu’ils investissent jusqu’à 10 % de leurs encours dans des entreprises solidaires.
Concrètement, une petite partie de leur portefeuille est investie dans des titres et des parts sociales d’entreprises non cotées à utilité sociale ou environnementale. Ce sont par exemple les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) ou les entreprises agréées ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale). Généralement, le solde est placé sur les marchés en actions ou en obligations, parfois en utilisant une approche d’investissement socialement responsable.
La loi Pacte, entrée en vigueur en 2019, devrait contribuer à faire grandir cet engouement pour la finance solidaire. En effet, elle oblige les plans épargne entreprise (PEE), les plans épargne retraite (PER) et les contrats d’assurance vie (depuis 2022) à intégrer au moins un fonds solidaire.
En finançant des secteurs comme le logement social ou l’insertion des populations vulnérables, les fonds solidaires permettent de donner du sens à ses placements. Le label de l’association Finansol, créé en 1997, permet d’identifier les fonds solidaires. Plus d’une soixantaine de fonds disposent aujourd’hui de ce label.
À noter : si le label Finansol est un gage de qualité et de transparence, il n’est cependant pas exigé par la loi Pacte pour référencer un fonds solidaire dans un contrat d’assurance-vie.