Le financement participatif (ou crowdfunding) permet à des porteurs de projets entrepreneuriaux, innovants, culturels, solidaires ou personnels de faire appel aux internautes pour les concrétiser, via des plateformes dédiées.
Dans cet article, nous répondrons aux questions suivantes : d’où vient ce mode de financement ? Comment se décline-t-il ? Et comment est-il réglementé ?
L’économie collaborative et le financement participatif ne datent pas d’hier. Déjà au XIXe siècle, sont mises en places des formes de coopératives pour permettre à des entrepreneurs de se lancer dans des secteurs comme celui de l’agriculture ou de la viticulture en France. Des citoyens avec des salaires stables soutenaient à travers ces coopératives ceux qui souhaitaient lancer leur projet.
C’est au cours du même siècle que le célèbre symbole américain, la Statue de la Liberté a vu le jour. Un monument qui pourrait très bien être rebaptisé… la Statue du Crowdfunding. Plus de 100 000 Français ont participé à son financement en signe d’amitié aux États-Unis.
Même Obama fait du crowdfunding
Le principe du financement participatif est simple. Des citoyens donnent, prêtent ou investissent de l’argent dans des projets et leur permettent ainsi de voir le jour. À la fin des années 2000, le système s’est popularisé dans le monde et en France. Ce succès est du grâce à Internet et aux plateformes qui mettent en relation porteurs de projet et internautes. Barack Obama a cru en la richesse du modèle. En 2012, il a utilisé le crowdfunding pour financer une partie de sa campagne électorale.
1 milliard collecté en 2020
Le crowdfunding a permis à des entrepreneurs ou créateurs de financer leurs projets auprès des particuliers. Et ce sans les intermédiaires classiques. Véritable levier de création et de développement, il permet au grand public de soutenir financièrement et collectivement les projets qui le séduisent.
En 2015, ce sont presque 300 millions d’euros qui ont été collectés en France par ce moyen. En 2020, le milliard d’euros collecté a été atteint, montrant la croissance et la puissance de ce mode de financement.
Trois types de plateforme pour trois modes de financement
Le crowdfunding : donner en échange ou non de contrepartie
Le crowdfunding sous forme de don, comme KissKissBankBank, reste la formule la plus connue. Le principe est le suivant : un porteur de projet propose son idée sur une plateforme en ligne et les citoyens peuvent le soutenir avec un don. En échange, le créateur peut remercier ses micromécènes avec une récompense qu’il adapte par rapport aux sommes données.
Un exemple ? Prenons celui d’un cuisinier qui lancerait une collecte pour ouvrir son restaurant de hot-dogs miniatures vegan. Il pourrait proposer, pour 5 € donnés, un porte-clefs à l’effigie de son restaurant et pour 500 € cédés, de rebaptiser un de ses hot-dogs à votre nom !
Ce type de financement participatif s’adresse particulièrement aux projets culturels, créatifs et solidaires. Légalement, aucun plafond n’existe : les porteurs de projet et contributeurs peuvent demander et donner autant qu’ils le souhaitent.
Le crowdlending : prêt solidaire ou rémunéré
Les prêts participatifs permettent aux particuliers et aux entreprises d’emprunter de l’argent via des plateformes de crowdlending :
- Les prêts solidaires, à taux zéro. Plus particulièrement dédié aux projets personnels, il peut s’agir d’un étudiant qui a besoin d’argent pour poursuivre ses études ou d’un couple pour se marier. Les emprunteurs rembourseront alors la somme exacte empruntée sans toutefois verser d’intérêts.
- Les prêts rémunérés : Des particuliers prêtent leur épargne à des entreprises qui souhaitent développer leur activité. En échange, ils perçoivent un rendement qui dépendra du risque associé au projet, de la durée de l’emprunt etc. Les porteurs de projets peuvent emprunter jusqu’à 2,5 millions d’euros. Les particuliers peuvent faire des prêts sous plusieurs formes, comme les minibons ou les obligations.
Un exemple ? Un boulanger souhaite engager un apprenti pour développer une nouvelle gamme de viennoiseries.
En fonction de la santé de l’entreprise, les analystes évalueront le niveau de risque et déterminer un taux et une durée d’emprunt. Disons ici 7,5 % durant 36 mois. Les prêteurs seront alors remboursés chaque mois d’une partie du capital investi et recevront des intérêts.
L’equity, crowdequity ou investissement participatif
Le principe de l’investissement en capital (ou crowdequity) est le suivant : les particuliers investissent dans l’entreprise contre des parts de celle-ci et en deviennent donc actionnaires. Les fonds propres investis par les nouveaux actionnaires permettront à la société de se lancer et/ou de se développer.
Leur rémunération dépend soit des bénéfices réalisés par l’entreprise et des dividendes qui en découlent, soit des éventuelles plus-values de cession des parts. Selon la réglementation, les entreprises peuvent lever jusqu’à 2,5 millions d’euros.
Par exemple, à sa sortie d’école, un groupe d’amis décide de lancer son entreprise de chaussons lampe de poche. Vous croyez terriblement à ce projet ? Via une plateforme de crowdequity, ils vous invitent à prendre part au capital de cette société et de devenir ainsi actionnaires. Dès que l’entreprise connaîtra un succès, les investisseurs commenceront alors à recevoir des dividendes.
Des organismes de régulation en fonction du mode de financement
Les plateformes de crowdfunding sont réglementées. Ces plateformes qui proposent ce type de financement peuvent être labellisées, en s’immatriculant auprès de l’ORIAS (Registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance) et demander le statut d’IFP (Intermédiaire en Financement Participatif).
Depuis la fin du monopole bancaire sur les prêts rémunérés en 2014, les plateformes d’emprunt doivent impérativement s’immatriculer auprès de l’ORIAS et obtenir le statut d’Intermédiaire en Financement Participatif, pour les investissements sous forme de contrats de prêt, et/ou de Conseiller en Investissements Participatifs, pour les investissements sous forme d’obligations et de minibons.
Les plateformes IFP sont régulées par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), l’organe français de supervision de la banque et de l’assurance.
De plus, les plateformes CIP sont régulées par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), autorité publique indépendante qui régule les acteurs et produits des marchés financiers.
Enfin, les plateformes de prise en capital doivent également être enregistrées, peuvent choisir entre deux statuts : CIP (Conseiller en Investissement Participatif), régulé par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) ou PSI (Prestataire en Services d’Investissement), régulé à la fois par l’AMF et l’ACPR.