En termes d’autoconsommation, la France est à la traîne. En effet, on compte seulement 20 000 foyers en autoconsommation contre 1 500 000 en Allemagne et 750 000 au Royaume-Uni. Des décisions gouvernementales tentent d’améliorer le déploiement de ce mode de production et de consommation d’énergie. Par exemple, la loi Pacte en discussion devrait augmenter le périmètre de l’autoconsommation collective. Mais qu’est-ce que l’autoconsommation et comment fonctionne-t-elle ? Tour d’horizon.
Qu’est-ce que l’autoconsommation ?
L’autoconsommation est le fait de consommer soi-même l’énergie que l’on produit localement. Le but est ainsi d’être moins dépendant d’un fournisseur d’électricité et de produire de l’énergie propre pour subvenir à ses besoins en énergie, que ce soit en partie ou en totalité.
L’énergie produite peut venir de différentes sources comme le soleil, le vent ou l’eau. L’autoconsommation photovoltaïque, c’est à dire l’équipement de son domicile en panneaux solaires, est la plus répandue.
Dans le cas d’un logement individuel, il est rare que les périodes de production d’énergie correspondent aux périodes de consommation. En effet, vous produisez de l’énergie au cours de la journée, mais pas la nuit. Ainsi, sans système de stockage, il est très peu probable d’arriver à subvenir à l’intégralité de vos besoins en énergie. On parlera quand même toujours d’autoconsommation.
La part de l’autoconsommation dans la consommation d’énergie d’un foyer tourne généralement plutôt entre 20 % et 40 %. Un fournisseur d’électricité vous fournit alors l’énergie manquante.
L’autoconsommation : comment ça marche ?
Les dispositifs d’autoconsommation
Afin de vous lancer dans l’autoconsommation, vous devez installer des panneaux solaires sur une surface bien exposée au soleil, généralement votre toit ou votre jardin. Vous devez donc éviter une orientation Nord. Idéalement, l’inclinaison des panneaux doit être proche de 30 %. Les panneaux sont ensuite raccordés à des onduleurs qui transforment l’énergie produite en courant alternatif que vous pouvez utiliser.
Les onduleurs sont reliés à un compteur électrique. Il s’agit généralement d’un compteur intelligent Linky qui vous sert de compteur de consommation, tout en décomptant la quantité d’énergie produite. L’installation est ensuite raccordée au réseau national afin de vendre votre excédent de production, mais aussi de comptabiliser votre propre consommation sur le réseau national. Elle est éventuellement raccordée à une box énergie qui permet d’optimiser votre consommation en fonction de votre production.
L’autoconsommation individuelle
Dans le cas de l’autoconsommation individuelle, un producteur consomme lui-même l’énergie produite sur son propre terrain. Il la consomme directement ou en différé s’il possède un dispositif de stockage.
L’autoconsommation collective
Dans le cas de l’autoconsommation collective, un ou plusieurs producteurs produisent de l’électricité pour un ou plusieurs consommateurs. Ils sont tous regroupés au sein d’une personne morale. Ils partagent le même poste public de transformation d’électricité.
La revente de l’énergie produite
Lorsque vous produisez de l’énergie en autoconsommation, vous pouvez toujours choisir de revendre l’électricité produite. En effet, EDF a une obligation de rachat. Le tarif de ce rachat est fixé tous les trimestres par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). Vous concluez ensuite un contrat de rachat avec EDF pour 20 ans, au tarif en vigueur au moment de la signature du contrat.
Toutefois, le tarif de rachat est en baisse depuis 2011, ce qui rend cette opération un peu moins attractive qu’auparavant.
La différence entre autoconsommation et autoproduction
Les notions d’autoconsommation et d’autoproduction sont clés, mais chacune est différente. Votre taux d’autoconsommation est la part de la production électrique que vous consommez directement sur le lieu de production. Le taux d’autoproduction, quant à lui, est la part de la consommation électrique de votre logement qui est produite sur place. Deux notions à ne pas confondre !
Les systèmes de stockage
Lorsque vous choisissez l’autoconsommation, vous êtes confronté à un problème : vous avez souvent besoin de consommer de l’énergie dans des moments où vos panneaux solaires n’en produisent pas, lorsqu’il fait nuit par exemple. Une solution peut être de mettre en place un système de stockage en associant des batteries à votre infrastructure photovoltaïque. Vous êtes ainsi moins dépendant du réseau.
Les batteries au lithium sont le système de stockage le plus répandu. Elles sont performantes, avec une durée de vie supérieure aux autres options existantes, ne nécessitent pas d’entretien et sont recyclables à 70 %. Toutefois, leur coût est très élevé, généralement entre 3000 € et 6000 €. Leur installation est donc difficile à rentabiliser.
Une autre possibilité qui s’offre à vous est de stocker l’électricité sous forme de chaleur. En effet, vous pouvez chauffer votre eau avec l’excédent d’énergie si votre équipement vous le permet. L’installation d’un dispositif de ce type coûte environ 1000 €.
L’autoconsommation en France
En France, 20 000 foyers sont en autoconsommation. Parmi eux, 15 000 consomment leur propre électricité et 5000 revendent une partie de leur production au réseau national. Mais ces chiffres sont peu satisfaisants et les pouvoirs publics souhaitent accélérer ce développement.
L’appétence des Français pour l’autoconsommation est également forte, ce qui pourrait entraîner une importante progression. En effet, 87 % des Français se disent prêts à faire évoluer leurs habitudes de consommation pour les adapter à la production locale selon une étude IFOP de janvier 2017. Selon une autre étude, 2 Français sont 3 sont prêts à passer à l’électricité solaire pour subvenir à leurs besoins.
Les aides de l’Etat
Afin d’encourager l’autoconsommation, l’Etat a mis en place différentes aides. Tout d’abord, il existe une prime à l’autoconsommation pour les particuliers et les professionnels qui souhaitent consommer leur propre énergie. Son montant dépend de la puissance de l’installation photovoltaïque. Il peut atteindre 400 € par kWc installé. Afin de l’obtenir, il faut réunir différentes conditions. Vous devez notamment pouvoir vendre votre surplus de production et donc être raccordé au réseau.
Le crédit d’impôt pour le photovoltaïque, lui, n’existe plus depuis 2014. Il a été remplacé par le Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE). Il comprend notamment un crédit d’impôts pour l’installation de systèmes de gestion de la production et de la consommation. Ces systèmes vous permettent d’optimiser vos coûts liés à l’autoconsommation. Le crédit d’impôts peut atteindre 30 % du prix du dispositif.
D’autres aides sont également disponibles. Par exemple, pour les logements de particuliers, l’éco-prêt à taux zéro vous aide à financer vos travaux d’éco-rénovation à hauteur de 30 000 €, tout en bénéficiant d’une TVA réduite à 5,5 %.
Autre mesure : la TVA panneaux solaires. Lors de la pose de panneaux photovoltaïques pour votre logement, vous pouvez bénéficier d’une TVA réduite à 5,5 %.
Enfin, vous pouvez être éligible à des aides locales, proposées par certaines collectivités. Ces dispositifs peuvent vous aider à financer l’installation de vos panneaux solaires.
Toutes ces offres sont indépendantes de votre niveau de revenus. Si vous touchez des revenus modestes, vous pouvez également bénéficier d’une aide supplémentaire. Afin de lutter contre la précarité énergétique, l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) peut financer jusqu’à 90 % de vos projets de rénovation énergétique.
Les avantages de l’autoconsommation
Le premier bénéfice de l’autoconsommation est le fait que grâce à ce mode de production d’énergie, vous pouvez consommer une énergie propre, respectueuse de l’environnement. Vous bénéficiez d’une bonne traçabilité et vous savez donc avec certitude comment est produite l’électricité que vous consommez.
Les raisons financières sont également importantes. En effet, l’autoconsommation peut vous permettre de réduire le montant de votre facture d’électricité. L’investissement à effectuer initialement pour l’installation est important, mais le prix des panneaux solaires et des équipements est en baisse.
Ce coût peut être amorti tout au long de la durée de vie des panneaux photovoltaïques, c’est à dire pendant 30 ans en moyenne. Enfin, avec un dispositif d’autoconsommation, vous vous protégez contre les fluctuations des prix de l’électricité. Vous pouvez ainsi réduire le montant de vos factures de 20 % à 45 % par an.
Les inconvénients de l’autoconsommation
L’autoconsommation n’est pas forcément la meilleure solution pour tous. En effet, elle est surtout adaptée aux foyers disposant de dispositifs qui sont plutôt gourmands en énergie comme un chauffe-eau, un chauffage électrique ou une piscine. Vous pouvez ainsi réduire fortement votre facture. Mais si ce n’est pas le cas, vous ne serez pas forcément gagnant.
Dans tous les cas, l’autoconsommation implique un important changement de vos habitudes de consommation. Afin de ne pas utiliser d’énergie supplémentaire du réseau national, vous devez consommer au maximum en journée, aux heures où vos panneaux solaires produisent de l’électricité.
Si vous n’adaptez pas votre consommation, le coût peut être important. C’est notamment ce qui est décrié par des associations de consommateurs comme QueChoisir et par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Elles dénoncent notamment que le coût de stockage est trop important et que ces équipements ne sont rentables que si on arrive à bien déplacer sa consommation en pleine journée. Selon elles, l’autoconsommation conviendrait donc mieux à des immeubles de bureaux.
Face à ces critiques, comment évoluera l’autoconsommation en France ? Affaire à suivre !
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