En 2018, les émissions de gaz à effet de serre de l’Europe ont diminué de 2,5 % par rapport à 2017. À première vue, il s’agit d’un constat fortement encourageant. Pourtant, la situation n’est pas si simple. En effet, ces chiffres ne prennent en compte que les gaz à effet de serre émis sur le territoire Européen, mais pas celles émises sur d’autres continents, pour la fabrication de produits importés consommés en Europe. C’est ce qu’on appelle les émissions importées. De quoi s’agit-il exactement ? Et quel est vraiment leur poids ? Découvrez le dès maintenant.
Des émissions de gaz à effet de serre vraiment en baisse ?
La tendance est à la baisse pour les émissions de gaz à effet de serre en Europe, avec une diminution de 2,5 % entre 2018 et 2017. Cette baisse s’explique notamment grâce à la mise en place de politiques publiques dédiées à la limitation du réchauffement climatique.
Pourtant, ces chiffres semblent paradoxaux. En effet, à l’échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre sont en nette hausse. Comment s’explique ce décalage ? Les émissions importées ont clairement un rôle clé dans ce phénomène.
Les émissions importées : qu’est-ce que c’est ?
En réalité, lorsque l’on parle d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre en Europe, on ne prend en compte qu’une partie du problème. En effet, dans un contexte de mondialisation, une partie non négligeable des biens que nous consommons sont produits dans des pays autres que ceux où nous résidons. Cette production peut générer des gaz à effet de serre dans les pays producteurs, mais elles ne sont pas prises en compte dans le bilan carbone du pays où nous résidons : le bilan carbone classique des États ne prend en compte que les émissions produites à l’intérieur des frontières du pays.
Ces émissions de gaz à effet de serre non comptabilisées sont ce qu’on appelle les émissions importées. Ces flux d’émissions importées sont notamment dûs à la forte croissance du commerce international.
Le périmètre des émissions importées
Ainsi, si j’achète un téléphone dont les composants électroniques ont été produits en Chine, toutes les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de ces éléments ne sont pas imputées au bilan carbone de la France, mais à celui de la Chine. Ceci explique notamment le bilan carbone lourd de la Chine, produisant de nombreux biens destinés à l’exportation.
Le bilan carbone repose donc actuellement sur le territoire où elles sont générées mais pas sur le territoire de consommation de produit. C’est notamment ce qui explique qu’on assiste à présent à un ralentissement des émissions territoriales chez les pays industrialisés tout en observant une augmentation des émissions chez les pays émergents. En effet, ce sont ces derniers qui produisent une grande partie des biens consommés dans les pays industrialisés.
Point important à noter : les émissions importées comprennent notamment celles qui sont liées aux transports internationaux, comme le transport aérien et le transport maritime. Comme expliqué dans notre précédent article sur l’impact environnemental de l’aéronautique, ce secteur compte pour beaucoup dans le réchauffement climatique. Ne pas comptabiliser son impact fausse donc les calculs.
En réalité, cette non-comptabilisation des émissions importées masque un déséquilibre. En effet, certains pays sont exportateurs nets d’émissions de gaz à effet de serre et d’autres sont importateurs nets.
Quelques chiffres au sujet des émissions importées
Selon les derniers chiffres d’Alternatives Économiques, un Français émet 11 tonnes de carbone par an en moyenne. Si l’on ne prend en compte que les émissions territoriales, ce chiffre descend à 6,6 tonnes. On voit donc que le poids des émissions importées est très conséquent, représentant près de la moitié du total des émissions de gaz à effet de serre du pays.
En 2017, les émissions importées représentaient environ 16 % de l’empreinte carbone totale de l’Europe selon les calculs d’Eurostat. Et cette part est en croissance d’année en année. Un phénomène à ne pas négliger, donc.
Comment réduire les émissions importées ?
Ainsi, vu que les émissions importées ne sont pas comptabilisées dans le bilan carbone de chaque pays, elles ne sont pas ou peu considérées au moment de mettre en place des politiques de lutte contre le réchauffement climatique. Actuellement, il n’y a donc pas vraiment de recherche de solutions efficaces pour réduire les émissions importées car le problème n’est pas forcément pris en compte.
Comment réduire les émissions importées ? En produisant plus localement, notamment, ce qui permet de diminuer les importations. Mais l’essentiel est avant tout de produire “mieux” : plus responsablement, en émettant moins de gaz à effet de serre. Consommer moins est également une solution.
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