En raison du confinement qui provoque une baisse de la demande et de la mésentente au sujet des quotas de production entre l’OPEP, emmenée par l’Arabie Saoudite, et la Russie, les prix du pétrole ont fortement baissé au cours des dernières semaines. Ils sont même devenus négatifs sur certains marchés. Néanmoins, cette situation pourrait ne pas durer et ne correspond pas à une tendance plus long terme. En effet, plusieurs experts prédisent un phénomène qui pourrait changer nos habitudes : le pic pétrolier. Prévu pour 2025 selon certains experts, il attire notamment beaucoup l’attention, impliquant des changements importants pour le monde. De quoi s’agit-il ? Quelles sont les différentes théories à ce sujet ?
Qu’est-ce que le pic pétrolier ?
Sur Terre, la quantité de pétrole est limitée. En effet, il faut plusieurs centaines de millions d’années pour que du pétrole se forme à partir de plancton, alors que nous avons commencé à exploiter ces réserves il y a moins de deux siècles. Ainsi, vu le rythme auquel nous exploitons le pétrole, nous allons venir à en manquer à un moment : les réserves seront épuisées.
Actuellement, la production de pétrole est en croissance chaque année. Mais, les ressources étant limitées, cette croissance va finir par cesser : on produira alors de moins en moins de pétrole chaque année, jusqu’à arriver à un épuisement des ressources. Le pic pétrolier est donc le point de croissance maximal de pétrole, précédant sa baisse.
Face à la diminution de la production de pétrole, des changements importants seront à prévoir, qu’ils soient contraints ou choisis, avec une baisse du recours à cet hydrocarbure.
Un pic pétrolier difficile à prévoir
Le pic pétrolier est étudié depuis longtemps, tant il aura un impact sur nos modes de vie. Dès 1956, Marion King Hubbert a fait découvrir à des experts de l’American Petroleum Institute le risque de pic pétrolier.
Bien des années plus tard, ce pic n’a pas encore eu lieu et il est difficile d’estimer précisément quand il surviendra. En effet, on découvre régulièrement de nouveaux gisements qui repoussent l’échéance du pic pétrolier et nous ne pouvons pas avoir la certitude que nous avons découvert l’intégralité des gisements d’hydrocarbures de la planète. Par exemple, on a récemment découvert un réservoir de pétrole au large du Bahrein. Il est considéré comme le plus gros gisement au monde, contenant environ 80 milliards de barils.
Aux États-Unis, le pic aurait déjà dû être atteint selon des études du siècle dernier. Mais l’exploitation de nouvelles formes de pétrole comme le gaz de schiste ont augmenté drastiquement les capacités de production du pays. Les forages en haute mer ont également repoussé ce pic.
Toutefois, ces nouvelles réserves ne font que repousser la survenue du pic pétrolier. En effet, même s’il est retardé, les experts s’accordent pour dire qu’il aura bien lieu.
Le pic pétrolier pourrait avoir lieu en 2025
Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), le resserrement de l’offre de pétrole devrait avoir lieu dès 2025. L’AIE se base sur de nombreux éléments. Parmi eux, elle note qu’il y a une forte diminution des investissements dans de nouvelles unités de production depuis 2014.
Toujours selon l’AIE, pour éviter que la production de pétrole ne décline à partir de 2025, il faudrait multiplier par 2 ou 3 les extractions de pétrole de schiste. Outre les problématiques environnementales, le pétrole de schiste est très coûteux à exploiter, ce qui limite la croissance de l’exploitation de cette ressource.
De façon moins précise, d’autres experts considèrent que le pic pétrolier aura lieu entre 2025 et 2040, voire en 2070. Ils affirment également que ce pic pourrait plutôt ressembler à un plateau, avant de chuter. Ainsi, la production de pétrole se stabiliserait pendant une certaine période avant de décroître. Ces scénarios fixant un horizon plus lointain se basent notamment sur une exploitation plus massive du pétrole non-conventionnel, comme l’huile de schiste.
Des gisements qui deviendraient trop chers à exploiter
La durée de vie d’un gisement de pétrole est généralement d’entre 15 et 30 ans. Une fois qu’un gisement est découvert, il faut quelques années pour commencer à produire. Initialement, le pétrole jaillit spontanément, puis il faut le forcer à jaillir en utilisant de l’eau ou du gaz. La deuxième phase où il faut utiliser des moyens plus lourds pour collecter le pétrole représente environ 60 % du temps d’exploitation.
Ainsi, exploiter un gisement de pétrole coûte donc de plus en plus cher. On collecte donc le pétrole jusqu’à ce que le coût d’exploitation du gisement devienne trop élevé par rapport au prix de revente du baril. C’est donc pourquoi les gisements d’hydrocarbures ne sont pas nécessairement exploités dans leur totalité.
Si tous les gisements de pétrole deviennent trop chers à exploiter, l’offre va mécaniquement diminuer, même si les ressources de pétrole ne sont pas épuisées sur Terre. Ceci pourrait donc précipiter le pic pétrolier, même s’il reste des gisements. D’autres raisons pourraient également provoquer la baisse de production de pétrole dans le monde comme des politiques volontaires de limitation de l’offre, notamment pour que le cours du pétrole reste élevé, ou encore des évènements géopolitiques.
Le pic de demande mondiale
En réalité, la demande a un effet très important sur la survenue du pic pétrolier. En effet, tant qu’elle augmente (même faiblement), les prix augmentent. Ainsi, les compagnies pétrolières peuvent se permettre d’exploiter des gisements de pétrole plus complexes car les prix pratiqués leur permettent de rentabiliser ces opérations plus coûteuses. La survenue du pic pétrolier dépend donc fortement des variations de la demande.
Les experts ne parlent pas seulement de pic de production de pétrole. En effet, le pic de demande mondiale est également étudié et il pourrait survenir avant le pic de production. De quoi s’agit-il ? La demande de pétrole pourrait décroître d’elle-même.
Quelles en seraient les causes ? Tout d’abord, les prix. Si le prix du baril de pétrole devient trop élevé, la population mondiale risque de chercher de plus en plus de moyens de s’en détourner, voire de ne plus pouvoir s’en procurer. D’autres causes pourraient également provoquer ce phénomène comme la taxation carbone ou les objectifs de neutralité carbone de nombreux États.
Toutefois, la demande de pétrole est plutôt stagnante depuis 20 ans et ne connaît pas de baisse significative pour le moment.
La voiture électrique et la demande de pétrole
Certains experts affirment que l’adoption massive des voitures électriques devrait à terme faire fortement chuter la demande de pétrole. Mais ce phénomène ne semble pas être imminent. En effet, le moment où les ventes de voitures électriques dépassera les ventes de voitures à combustion ne devrait être atteint qu’aux alentours de 2030. Il y aurait alors entre 125 et 220 millions de voitures électriques en circulation.
Mais, en réalité, la baisse de consommation de pétrole suite à cette évolution ne devrait être qu’assez faible à l’échelle globale. En effet, elle ne devrait représenter que de 825 millions à 1,5 milliards de barils en moins par an alors que la production mondiale annuelle de pétrole est de 35,8 milliards de barils. L’essor de la voiture électrique ne pourra donc pas être responsable à lui seul de l’effondrement de la demande de pétrole.
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Le pic pétrolier : qu’est-ce que ça va changer ?
Face au pic pétrolier, une seule certitude : il va entraîner des changements dans nos modes de vie. Il faudra alors soit trouver des substituts au pétrole, soit se résoudre à consommer moins d’énergie. Des secteurs entiers vont notamment être fortement impactés par ce pic pétrolier. Parmi eux, on note le transport aérien. En effet, les recherches sur les avions solaires restent encore assez embryonnaires et sont loin de la commercialisation à grande échelle.
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