Près de 9 agriculteurs sur 10 estiment que le changement climatique a un impact direct sur leur activité. A l’occasion du Salon de l’agriculture, nous avons décidé de faire un focus sur la transition énergétique dans ce secteur. En effet, le monde agricole est en forte recherche de nouveaux modèles énergétiques afin d’atteindre des objectifs ambitieux.
Les exploitations agricoles ont notamment besoin de réduire leurs coûts de revient grâce à des économies d’énergie. L’objectif est de réduire leur consommation de 25 % d’ici 2050. Elles représentent également un grand potentiel de production d’énergies renouvelables, ce qui peut leur apporter une source complémentaire de revenus. Tour d’horizon.
La consommation énergétique des exploitations agricoles
Selon un rapport de l’Ademe, daté de novembre 2018, la consommation d’énergie finale des exploitations agricoles françaises représente 4,5 Mtep (Millions de tonnes équivalent pétrole). Leur mix énergétique est surtout dominé par les produits pétroliers, diesel et fioul en tête. En effet, ils représentent 75 % de la consommation énergétique agricole. Viennent ensuite l’électricité (16 %) et le gaz (6 %).
Comment est consommée cette quantité d’énergie ? Une part de 53 % est utilisée pour les tracteurs et les engins automoteurs. Ensuite, 11 % servent à alimenter les bâtiments d’élevage et 10 % sont consommés pour les serres et les abris hauts.
Au global, cette consommation représente 3 % du total de la consommation énergétique française. Pourtant, le secteur agricole est le deuxième en termes d’émissions de gaz à effet de serre, représentant 17 % des émissions du pays, derrière le secteur des transports.
Ce poids important est notamment dû aux émissions de méthane produites par les animaux d’élevage et les dégagements de protoxyde d’azote provoqués par les apports azotés utilisés pour fertiliser les sols. Ces émissions sont diffuses, il est donc difficile de les évaluer et de les contrôler.
Le secteur de l’agriculture et la production d’énergies renouvelables
Les énergies renouvelables font déjà partie du quotidien de plus de 50 000 exploitations agricoles en France, soit 15 % d’entre elles. Une importante part des agriculteurs décide de prendre part à la transition énergétique en intégrant divers types d’installations productrices d’énergies renouvelables.
Le secteur génère 20 % de la production nationale d’EnR, ce qui est très encourageant. D’ici 2050, la quantité d’énergie renouvelable produite par la filière agricole devrait tripler. On compte notamment sur une forte croissance de l’éolien, du solaire et du biogaz.
Toutes les filières agricoles contribuent à cet effort, avec les grandes cultures en tête, grâce à la production de biocarburants. Ce segment prospère devrait également continuer à croître. En effet, d’ici 2030, les véhicules devront rouler avec au moins 14 % de biocarburant, contre 10 % en 2020.
Pour certains agriculteurs, le complément de revenus générés par des installations de production d’énergies renouvelables peut atteindre 15 000 euros par an, via notamment la mise à disposition de surface pour des installations éoliennes ou solaires, l’autoconsommation, ou encore la revente de biomasse pour produire de l’énergie.
La production de biocarburant
Le biocarburant est un carburant produit à base de matériaux organiques non fossiles, provenant de la biomasse. Il remplace ou complète le combustible fossile. Le biocarburant est notamment produit à base d’huiles ou d’alcool. Différentes matières premières peuvent être utilisées, comme le blé, le maïs et surtout les betteraves et le colza.
La filière biocarburant a actuellement une place prépondérante dans la production d’énergies renouvelables du secteur de l’agriculture. En 2015, sa production représentait 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires pour les agriculteurs, soit près de 2 % du chiffre d’affaires total de l’agriculture française.
On estime que la production de biocarburant de première génération va décroître petit à petit pour laisser place au biocarburant de seconde génération, utilisant davantage de biomasse forestière et de déchets.
Les centrales solaires sur toiture
Valoriser les toitures des bâtiments agricoles est un excellent moyen de produire de l’énergie, en y installant des panneaux solaires. Les agriculteurs peuvent alors choisir de louer leur toiture à des sociétés qui installent leurs propres panneaux pour produire de l’électricité. Ils bénéficient ainsi d’un complément de revenus.
Les exploitations agricoles peuvent également choisir de s’équiper en panneaux photovoltaïques pour subvenir à leurs besoins en termes d’énergie ou pour revendre l’électricité produite. Il s’agit d’un bon moyen d’améliorer leur efficacité énergétique.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, découvrez notre article sur les centrales solaires.
La méthanisation pour produire du biogaz
Le biogaz est un gaz produit par la fermentation de matières organiques. Il s’agit d’un gaz combustible, composé principalement de méthane et de dioxyde de carbone.
La méthanisation est la technique la plus utilisée pour en produire. Des déchets fermentent, sans oxygène, ce qui crée naturellement du biogaz. Elle est notamment très utilisée dans le monde agricole. Son grand point fort est qu’elle permet de valoriser les déchets.
La production de biogaz s’accompagne également de la production d’un coproduit appelé digestat. Cet engrais organique et naturel peut être répandu sur les terres agricoles. Par retour au sol, il se substitue ainsi aux engrais minéraux d’origine fossile.
L’utilisation de la méthanisation pour produire du biogaz est en forte croissance. En 2015, 51 ktep ont été produits. En 2050, l’Ademe estime que ce chiffre montera à 4,1 Mtep.
La mise à disposition d’espace pour les éoliennes
Dans une exploitation agricole, il est également possible d’utiliser l’espace disponible dans les champs. On peut alors y installer des éoliennes, en louant l’espace à des compagnies spécialisées. Il s’agit encore une fois d’une source de revenus complémentaires pour les agriculteurs.
L’Ademe prévoit une forte croissance de la filière. En 2015, elle a produit 1,3 Mtep. En 2050, ce chiffre pourrait monter à 6,4 Mtep.
L’enjeu de l’acceptabilité locale
Face à ces différents modes de production d’énergie renouvelable, il y a un défi notoire : celui de l’acceptabilité locale des projets. En effet, certains riverains peuvent se montrer réticents vis à vis de l’installation d’éoliennes à proximité de leur domicile, par exemple. La méthanisation peut également se heurter à un peu de méfiance.
Ainsi, inclure les citoyens dans ces différents projets est un bon moyen de les convaincre. Des mesures publiques tendent aussi à faire avancer la transition énergétique, en accord avec la population locale.
Le rôle du financement participatif
Le financement participatif est un acteur important dans le domaine de la transition énergétique du monde agricole. En effet, des plateformes comme Lendopolis permettent aux citoyens de financer des projets liés aux énergies renouvelables près de chez eux. Ceci permet alors d’améliorer l’acceptabilité locale des projets.
Grâce à notre communauté d’investisseurs, nous avons déjà financé de nombreuses centrales solaires sur toiture de bâtiments agricoles et des serres photovoltaïques, par exemple. Envie d’y prendre part ? Découvrez nos collectes EnR en cours !