Et si la Corse et la Réunion étaient indépendantes énergétiquement à l’horizon 2030 ? C’est en tous cas un des objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. En effet, toutes les Zones Non Interconnectées (ZNI), c’est-à-dire les territoires français qui ne sont pas connectés au réseau électrique continental, devraient atteindre ce but. Mais ces objectifs d’indépendance impliquent d’adopter un rythme très élevé dans la mise en place de nouvelles unités de production d’énergie. Ceci pose également des défis importants, notamment en termes de stockage et de régulation du réseau électrique. Quels sont les challenges énergétiques des Zones Non Interconnectées ? Comment les ZNI gèrent-elles la transition énergétique ?
Qu’est-ce que les ZNI ?
Certains territoires français ne sont pas connectés au réseau d’électricité continental, ou ils le sont seulement de façon limitée comme la Corse. On les appelles les ZNI, les Zones Non Interconnectées. Elles peuvent également être appelées SEI pour Systèmes Électriques Insulaires ou Petits systèmes isolés.
Parmi les différentes ZNI, on compte notamment :
- La Corse
- La Guyane
- La Martinique
- La Guadeloupe
- La Réunion
- Mayotte
- Wallis-et-Futuna
- Saint-Pierre-et-Miquelon
- les îles du Ponant et Chausey
Historiquement, le mix énergétique de ces territoires repose en très grande partie sur les énergies polluantes. La question de la transition énergétique y est donc particulièrement centrale.
Des coûts de production d’énergie élevés dans les ZNI
Dans les ZNI, les coûts de production de l’énergie sont trois à quatre fois plus importants qu’en France métropolitaine. La gestion du réseau et surtout l’approvisionnement y sont notamment complexes. Ces coûts de production élevés dans les ZNI sont notamment dûs au poids des centrales thermiques, généralement des centrales diesel, dans le mix énergétique de chaque île et à leur dépendance aux matières premières fossiles. Ce constat est à nuancer selon le réseau et le parc de production d’énergie disponible sur le territoire.
En revanche, l’ADEME constate que l’utilisation des énergies renouvelables permet de faire baisser les coûts de production d’énergie dans les ZNI, malgré les coûts d’investissement et de stockage. Ceci encourage donc fortement la transition énergétique dans ces zones qui bénéficient d’un fort potentiel.
Le complexe équilibre entre l’offre et la demande dans les ZNI
Les réseaux électriques dans les ZNI sont de plus petite taille. Ceci les rend plus sensibles aux variations rapides de la demande ou de la production d’énergie. L’équilibre entre l’offre et la demande d’énergie est donc une préoccupation encore plus centrale dans ces zones non interconnectées, ce qui ajoute une certaine complexité à la gestion du réseau électrique.
La non-interconnexion crée une réelle complexité sur le réseau électrique. En effet, il n’est pas possible d’échanger de l’électricité avec les pays voisins pour équilibrer le réseau. Par exemple, en France métropolitaine, si nous produisons trop d’électricité par rapport à la demande, il est possible de la revendre aux pays voisins. À l’inverse, si la demande en électricité est trop élevée par rapport à la production, nous pouvons faire venir de l’énergie depuis un autre pays. Les ZNI, elles, doivent fonctionner en autosuffisance, notamment pour la régulation du réseau.
Chaque année, on constate une hausse de la consommation en électricité, dans les ZNI comme en France métropolitaine. Dans les ZNI, ceci est notamment dû à l’accroissement de la population, à l’utilisation accrue d’outils informatiques, à la climatisation et à la ventilation. En revanche, les habitants des ZNI consomment en moyenne 2 fois moins d’électricité que les habitants de la France métropolitaine. Ceci est surtout dû à leurs besoins moindres en chauffage électrique et à la plus faible présence d’industries dans ces zones.
Par ailleurs, certaines ZNi doivent supporter des effets saisonniers (chauffage en hiver/climatisation l’été) et gérer l’impact d’un tourisme fortement consommateur d’électricité sur des périodes plus ou moins courtes.
La péréquation tarifaire
Malgré les coûts de production plus élevés, les tarifs de l’électricité sont identiques dans les ZNI, dépendantes d’EDF (ainsi que Mayotte), et en France métropolitaine. C’est ce qu’on appelle le principe de péréquation tarifaire à l’échelle nationale. Pour que l’accès à l’électricité soit égalitaire, les surcoûts sont compensés à l’échelle nationale.
Jusqu’en 2015, ce surcoût était financé par une contribution spéciale payée par tous les consommateurs d’électricité en France. Désormais, le financement repose sur les contribuables. Il est budgétisé chaque année.
La Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie Française ne bénéficient pas de ce système.
La transition énergétique dans les ZNI
La production d’électricité dans les ZNI repose surtout sur l’importation de sources d’énergie fossiles comme le gaz, le fioul et le charbon. La transition énergétique est donc un grand défi afin de décarboner ce mix énergétique et de réduire l’utilisation d’énergies polluantes.
Le développement des énergies renouvelables est même particulièrement intéressant car il pourrait permettre aux ZNI d’atteindre l’autonomie en électricité. Il s’agit du fait de n’utiliser que des ressources locales pour produire l’électricité nécessaire. À terme, les ZNI ont l’objectif d’utiliser 100 % d’énergies renouvelables. Idéalement, cet objectif devrait être atteint en 2030, même si de nombreux experts trouvent cet horizon assez ambitieux.
Avec la transition énergétique et une production plus locale, les surcoûts liés à la consommation d’énergie dans les ZNI devrait diminuer. On prédit même qu’on pourrait assister à une baisse des coûts de production d’électricité d’un tiers d’ici à 2030. Ceci crée donc une forte incitation à la transition énergétique sur ces territoires.
Les ZNI misent notamment sur l’énergie hydraulique, particulièrement en Guyane, en Corse et à la Réunion. Ce choix s’explique par la stabilité de cette énergie renouvelable : la production ne fluctue pas. Les énergies solaires et éoliennes sont également privilégiées. Enfin, la production d’énergie à partir de la bagasse, résidu de la canne à sucre, est également une énergie renouvelable utilisée dans les ZNI.
La question du stockage, centrale pour les ZNI
Sur le plan électrique, passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables représente un défi. En effet, une grande partie des énergies renouvelables sont intermittentes. Par exemple, les panneaux solaires ne peuvent pas produire d’énergie la nuit, lorsqu’il n’y a pas de soleil. Ceci pose des contraintes importantes sur le réseau électrique, où il faut maintenir une adéquation entre l’offre et la demande. En cas de déséquilibre, on peut assister à des pannes électriques.
Ainsi, pour que la transition énergétique puisse avoir lieu dans les ZNI, il faut mettre en place des installations de stockage d’énergie adaptées. Ces besoins en stockage varient selon les différentes zones.
Envie d’en savoir plus ? Découvrez notre article sur le stockage d’énergie.
Sur Lendopolis, les ZNI sont présentes ! Début 2019, nous avions déjà réalisé une collecte de 500 000 € pour la construction de centrales solaires en Guadeloupe. Nous venons également de clôturer une collecte de 157 000 € à La Réunion.
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