Cette année, le livret A fête son deuxième siècle d’existence. Actuellement gelé au taux d’intérêts de 0,75 %, retour sur l’histoire de ce compte épargne.
Quelques chiffres ?
- 200 ans
- 0,75 % de taux d’intérêts nets
- 85 % des Français et Françaises en ont un (contre 37 % pour l’assurance-vie)
- 276,4 milliards euros d’encours en février 2018 (contre 1 685 milliards pour l’assurance-vie)
- 22 950 euros de plafond depuis 2013 et 2 000 francs en 1818
🐣 Livret A : naissance du premier compte épargne
Le livret A naît dans un contexte d’après révolution française et guerres napoléoniennes. Son objectif est double : rassurer les épargnants, les encourager à se protéger des aléas, et financer des actions publiques pour l’État. Deux ans après le lancement de la Caisse des Dépôts et des Consignations voit alors le jour La Caisse d’Épargne et de Prévoyance. Nous sommes en 1818. Quelques mois plus tard, elle ouvre son « livret d’épargne ». Ce n’est que dans les années 60-70 que le livret défiscalisé deviendra A, par opposition au Livret B de Valéry Giscard d’Estaing.
Début du XIXème, très peu de Français sont « bancarisés » : un important travail de pédagogie doit être mis en place. L’idée d’un livret, où indiquer les entrées et les sorties d’argent, émerge alors.
Livret A : exclusivité et exonération
Ne rencontrant pas forcément le succès escompté à son lancement, ce compte épargne est notamment exonéré en 1914, alors qu’est mis en place un impôt général sur le revenu. Si différents gouvernements ont été tentés de revenir sur ce privilège suprême, afin d’augmenter leurs rentrées fiscales, aucun n’est allé jusqu’au bout. Mais cette défiscalisation n’est pas la seule contestation à l’encontre du livret…
Monopole de la Caisse d’Épargne, il est ensuite uniquement ouvert aux bureaux de postes (1875) et au Crédit Mutuel (1975). Ce n’est qu’en 2009 que toutes les banques sont autorisées à le distribuer. La Caisse des Dépôts et Consignations reste cependant l’organe centralisateur, garant des collectes réalisées par les différentes banques.
0,75 % : un taux gelé jusqu’en février 2020
Lancé en 1818 avec 5 % de rémunération, il a connu des hauts (8,50 % maximum en 1981) et des bas (0,75 % minimum en 2015). Bien sûr, ce taux ne peut être considéré dans l’absolu : il doit toujours être regardé au prisme de l’inflation. Originellement, c’est le ministère de l’Économie et des Finances qui fixe le taux. Malgré la formule de calcul automatique instaurée en 2004, le gouvernement se garde le droit d’y déroger – c’est notamment le cas aujourd’hui.
Comme il l’a annoncé en décembre dernier : le taux du livret sera maintenu à 0,75 % jusqu’à la fin janvier 2020. Mis en place en août 2015, ce taux, le plus bas de toute son histoire, aura ainsi été gelé pendant 5 ans. Naturellement, le taux des autres livrets réglementés suivent la même tendance. Avec une inflation de 1,4 % en janvier 2018 (selon l’Insee), le rendement réel de ce placement financier est donc aujourd’hui… négatif !
Sur BFM Business, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne dresse le bilan :
« Le livret A a permis à des générations d’enfants de prendre conscience qu’il fallait mettre de l’argent de côté. Que c’était important en vue de faire des dépenses plus tard. Mais maintenant, l’idée qu’il faudrait aider l’économie réelle et faire prendre conscience des actions, de la bourse… ça c’est un objectif important. Le livret A aujourd’hui n’est pas forcément très utile à l’économie réelle(…). » – Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.