Aucune banque européenne n’avait osé jusqu’ici, la (très petite) banque coopérative Raiffeisenbank de Bavière, en Allemagne, l’a fait. Désormais, elle taxera ses clients particuliers au compte fourni de plus de 100 000€. Et si les autres banques lui emboitaient le pas ?
Les banques craignent pour leurs finances. La politique de taux de dépôts négatifs de la BCE leur donne des sueurs froides ! Ces dernières se voient bien tentées de la faire payer à leurs clients. Jusqu’ici, les banques s’étaient contentées de répercuter cette taxe sur les institutionnels ou grosses entreprises. Une banque bavaroise a pourtant franchi un cap : elle s’attaquera bientôt à l’épargne des particuliers les plus riches. Pour ses clients de plus de 100 000€ de dépôts, elle prendra 0,4% de commission… Un taux de dépôts à -0,4%, cela ne vous dit pas quelque chose ? C’est l’exact barème instauré par la Banque Centrale Européen pour les banques ! La Raiffeisenbank se contente donc d’un report pur et simple de ces frais. Sur la somme totale de 40 millions (détenues par 140 clients) concernée, 2 millions auraient déjà été “placés ailleurs” par leurs propriétaires.
Compenser à tout prix
Dans le but de favoriser l’accès aux crédits (et l’inflation), la BCE a en effet mis en place un taux de dépôts négatif : le stock des banques, leurs dépôts leur coûtent donc de l’argent. Elles doivent soit s’en “débarrasser”, en prêtant plus, soit compenser en transférant le coût à leurs clients.
Un boom sur le marché de la tirelire ?
Le groupe français BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Épargne) revendique cette commission sur les dépôts, pour les institutionnels ou professionnels à la trésorerie importante. S’il est “aisé” de l’imposer à ce type de clients qui n’ont pas d’autres choix que de stocker leur argent dans une banque, les particuliers ont, pour leur part, d’autres solutions pour conserver “gratuitement” leur épargne. Ils pourraient, tout simplement, décider de la garder en liquide, à l’ancienne, chez eux !
Risque de bank-run ?
Si les épargnants commençaient massivement à sortir tout leur argent des banques, la stabilité financière serait alors grandement mise à mal… Face à la peur d’une crise générale, de nombreuses grandes banques européennes (et françaises) ont opté pour d’autres solutions, plus sages : rendre payant des services historiquement gratuits comme, par exemple, des frais de tenue de compte ou des retraits en distributeur.
Ne serait-ce pas le moment d’investir son épargne dans l’économie réelle ou de se tourner vers des produits d’épargne alternatifs ?
Sources :
– Une banque européenne brise un tabou en taxant les dépôts de ses clients par Jean-Philippe Lacour et Véronique Chocron (Les Échos, 16 août 2016)
– 10 questions pour tout comprendre de l’impact des taux négatifs sur les banques (LesEchos.fr, 9 mai 2016)
– En Bavière, une banque décide de facturer les dépôts de ses clients aisés (Le Monde.fr, 17 août 2016)