Vous pensiez être un investisseur parfaitement logique et rationnel, qui ne prend de décisions financières qu’après avoir mûrement réfléchi ?
C’est tout à fait faux.
En effet, nous n’investissons que rarement sur la base d’un raisonnement logique. La plupart du temps, ce sont nos émotions ou nos croyances qui guident nos décisions.
C’est ce que nous apprend la finance comportementale, qui consiste à appliquer les apports de la psychologie à la finance.
On vous explique ce qu’il faut savoir sur le sujet. Et l’on vous donne quelques conseils pour éviter les biais cognitifs les plus courants.
La finance comportementale, c’est quoi ?
La finance comportementale est l’étude des comportements individuels sur la dynamique des marchés financiers et les décisions d’investissement.
C’est, tout simplement, l’application de la psychologie humaine à la finance.
Cette théorie est née il y a une trentaine d’années, avant d’être reconnue officiellement en 2002 avec la remise du prix Nobel d’économie à ses 2 fondateurs, Daniel Kahneman et Vernon Smith.
Elle contredit les théories classiques selon lesquelles les investisseurs agissent de manière rationnelle et efficiente, en fonction des ressources dont ils disposent.
Les biais cognitifs les plus fréquents chez les investisseurs
Les biais cognitifs sont des mécanismes de pensée systématiques. Ils permettent de prendre des décisions rapidement mais ne sont pas toujours rationnels.
En effet, ils ont pour résultat de causer une distorsion dans le traitement de l’information.
Or, ces biais cognitifs ont une influence sur nos décisions d’investissement (au niveau microéconomique). Mais aussi sur les variations des marchés financiers (au niveau macroéconomique).
Le biais de confirmation
Le biais de confirmation consiste à sélectionner uniquement les informations qui renforcent nos croyances.
Autrement dit, notre esprit va accorder plus de poids aux informations qui confirment ce qu’on pense déjà, plutôt qu’aux informations qui entrent en contradiction avec nos croyances.
En matière de placements financiers, le biais de confirmation peut nous amener par exemple à retirer notre argent dès que les marchés sont en baisse. Et même si toutes les études prouvent que ce comportement est à la fois irrationnel et contre-productif, parce que nous sommes persuadés qu’il s’agit de la meilleure chose à faire.
Le biais d’ancrage
Il consiste à se fier uniquement à sa première impression, ce qui empêche de prendre en considération de nouvelles informations.
Le biais de conformité
Ce biais nous pousse à mimer des comportements collectifs (exemple : investir dans un actif parce que “tout le monde” investit dedans), même quand leur bien-fondé n’est pas prouvé.
Le biais d’excès de confiance
Ce biais consiste à se montrer excessivement confiant et à penser que l’on maîtrise un sujet, voire que l’on en sait plus que les experts, même quand ce n’est pas le cas.
On l’appelle aussi l’effet Dunning-Kruger, du nom des psychologues qui ont étudié et mis au jour ce biais.
Les investisseurs victimes de ce biais ont tendance à ignorer les informations qui entrent en contradiction avec leurs croyances profondes.
Cela les conduit à surestimer leurs capacités et, dans le même temps, à sous-estimer les risques.
L’aversion à la perte
L’aversion à la perte désigne le fait qu’un individu accorde plus d’importance à une perte qu’à un gain du même montant ou d’une même valeur.
Par exemple, si vous perdez 1 000 €, l’impact psychologique sera probablement plus fort que si vous gagnez une somme identique.
De façon générale, l’aversion à la perte tend à faire adopter des comportements qui minimisent toute prise de risque, par peur de ce qui pourrait advenir.
Autrement dit, les investisseurs victimes de ce biais préfèrent éviter les pertes plutôt que d’obtenir des gains.
L’aversion à la perte est un problème lorsqu’elle nous conduit à privilégier des placements garantis mais peu rentables, et donc perdre de l’argent sur le long terme.
Remettre de la rationalité dans ses décisions d’investissement
Rassurez-vous : nous avons tous des biais.
Le plus important est d’en prendre conscience, et de mettre en place quelques mesures stratégiques pour prendre de meilleures décisions.
Gardez à l’esprit qu’il est impossible de se montrer entièrement rationnel. Nous sommes humains et que nos émotions tiennent une place prépondérante dans nos décisions.
S’informer
Avant de prendre une décision d’investissement, informez-vous sur les tenants et aboutissants et pesez le pour et le contre.
Prévoir
Prenez également en compte votre situation et vos préférences personnelles. Quel est votre horizon d’investissement : moyen terme, long terme ? Quels types de risques acceptez-vous de prendre ?
Ignorer
Apprenez à ignorer les soubresauts du marché.
Les cours boursiers montent et baissent en permanence, et il est impossible de les anticiper.
Ne pas craindre la volatilité des marchés (qui est normale !) vous rendra plus rationnel dans vos décisions.
Et vous éviterez de vendre tous vos actifs lorsqu’ils sont en baisse, soit l’erreur à ne surtout pas faire.
Ne pas acheter haut, ni vendre bas
Évitez d’acheter à un prix élevé (notamment en raison d’un biais de conformité), et de vendre à un prix bas lorsque les marchés baissent.
La meilleure approche consiste à faire le contraire, c’est-à-dire acheter bas et vendre haut. Mais cela n’est pas toujours évident…
D’où l’intérêt de mettre en place une stratégie d’investissement programmé (ou DCA, pour dollar cost averaging). Cette stratégie consiste à investir régulièrement un montant spécifique dans un même actif.
Cela vous permettra de développer votre portefeuille sur le long terme, tout en lissant les risques de pertes.
Fixer vos objectifs
Concentrez-vous sur vos valeurs et vos objectifs.
Autrement dit : ne regardez pas autour de vous, mais plutôt en vous.
Définissez de manière claire vos objectifs d’investissement et laissez ces derniers guider vos décisions.
En effet, on n’investit pas de la même manière selon qu’on dispose d’un horizon de 8 à 10 ans, ou d’un horizon de 20 ans et plus.
De la même manière, un investisseur qui souhaite prendre peu de risques n’investira pas dans les mêmes actifs qu’un autre prêt à risquer sa mise.
Pour aller plus loin :