Un salarié Français détient en moyenne 12 000 € d’épargne salariale. Le gouvernement souhaite encourager le développement de ce placement avec la loi Pacte. Comment fonctionne vraiment l’épargne salariale ? Qu’est-ce qui change avec l’avènement de la loi Pacte ? Quelle stratégie adopter pour faire fructifier son épargne ? Découvrez notre guide de l’épargne salariale.
Qu’est-ce que l’épargne salariale ?
Le but de ce dispositif est d’associer les collaborateurs aux résultats de l’entreprise et de les aider à épargner.
L’épargne salariale est un dispositif d’épargne collectif, proposé par certaines entreprises à leurs employés. Le concept est simple : l’employeur verse à chaque salarié une prime qui représente une partie des bénéfices de l’entreprise, redistribués aux employés. Il peut s’agir d’une prime d’intéressement ou d’une prime de participation. L’employé peut ensuite choisir de l’allouer à son Plan d’Épargne en Entreprise (PEE) ou à son Plan d’Épargne Retraite Collectif (PERCO).
L’épargne salariale en France
À l’heure actuelle, seuls 16 % des salariés travaillant dans des entreprises de 50 salariés ou moins bénéficient d’un dispositif d’épargne salariale. Dans les entreprises de 50 à 99 salariés, ils sont 20 % et dans celles de plus de 100 salariés, ils sont 35 %.
Ainsi, toutes entreprises confondues, 10 millions de salariés bénéficient d’un plan d’épargne salariale. Fin juin 2018, 135 milliards d’euros étaient investis sur un PEE ou un PERCO.
Le fonctionnement de l’épargne salariale
Il existe deux grands types de dispositifs d’épargne salariale, régis par une réglementation différente : l’intéressement et la participation. La majeure partie des primes sont abondées par les entreprises. Elles représentent chaque année un flux de plus de 12 milliards d’euros. Le salarié peut également réaliser lui même des versements sur ses produits d’épargne.
L’intéressement
L’intéressement est un dispositif facultatif qui peut être mis en place par n’importe quelle entreprise, quel que soit son effectif. Il s’agit d’un élément de motivation pour les équipes. Les collaborateurs perçoivent une prime en fonction de l’atteinte d’objectifs collectifs pour toute l’entreprise ou pour une équipe donnée. Ces objectifs qui débloquent l’intéressement ne peuvent en aucun cas être des objectifs individuels. Ils ne rentrent pas dans la rémunération du salarié.
Une fois versées, les sommes sont bloquées sur différents produits d’épargne salariale, sauf si l’employé effectue une demande de versement immédiat dans un délai de 15 jours, pour l’intégralité du montant ou pour une partie seulement. En termes de placements, le salarié peut soit opter pour le PEE, soit opter pour le PERCO, selon ce que propose l’entreprise.
La participation
La prime de participation est obligatoire dès que l’entreprise est composée d’au moins 50 salariés. La société redistribue alors une partie de ses bénéfices à tous les collaborateurs. Son montant est calculé en fonction des bénéfices nets de l’entreprise.
Comme pour l’intéressement, les salariés peuvent demander son versement immédiat. S’ils ne le font pas, la somme sera bloquée sur un PEE ou un PERCO, selon ce que propose l’entreprise.
Les plans d’épargne salariale
Une fois que votre employeur vous a versé votre prime de participation ou d’intéressement, c’est à vous de jouer. Vous pouvez soit choisir de toucher directement cette somme, soit de la placer, ce qui est plus intéressant fiscalement. Dans ce cas de figure, deux placements d’épargne salariale sont disponibles : le PEE et le PERCO.
Le Plan d’épargne entreprise (PEE)
Le PEE est un système d’épargne collectif en entreprise. Les sommes déposées y sont bloquées pour une durée de 5 ans, avec des possibilités de déblocage anticipé. Par exemple, si vous achetez un logement ou si vous quittez l’entreprise, vous pouvez récupérer les fonds placés.
En termes de placement, le PEE fonctionne de façon assez similaire à un contrat d’assurance-vie : vous choisissez entre différents supports de placements, avec des niveaux de risque et de rendement qui varient. Vous devez donc l’adapter à votre profil d’investisseur.
Le Plan d’Épargne Retraite Collectif (PERCO)
Le PERCO est un plan d’épargne salariale qui permet de se constituer un complément de retraite. Ainsi, les sommes que vous y placez sont bloquées jusqu’à votre départ en retraite. Il existe quelques cas de déblocage anticipé, mais elles sont peu nombreuses. Vous pourrez notamment récupérer votre capital si vous arrivez à la fin de vos droits à l’assurance chômage.
Comme avec le PEE, vous choisissez des supports où placer votre épargne, selon votre profil d’investisseur.
Quel plan d’épargne salariale choisir ?
Avec le PEE, vous bénéficiez de plus de flexibilité. En effet, les fonds investis sont bloqués moins longtemps. Ainsi, il est souvent plus intéressant que le PERCO.
En revanche, dans certaines entreprises, l’employeur peut effectuer des abondements incitatifs sur le PERCO, ce qui peut rendre ce dernier plus attractif d’un point de vue financier. Enfin, si vous approchez de la retraite, il peut aussi être intéressant car le manque de flexibilité sera moins bloquant. À cette étape de votre vie professionnelle, votre choix devra surtout se tourner vers l’option la plus avantageuse en termes de rentabilité, selon les placements proposés.
Le cas du compte épargne-temps
Certains accords collectifs d’entreprise vous offrent une possibilité intéressante : le compte épargne-temps. Ainsi, vous pouvez épargner la valeur de vos jours de repos ou de congés non utilisés. Si votre entreprise le permet, vous pouvez alors décider de placer votre argent sur votre PEE ou sur votre PERCO.
La gestion de votre épargne salariale
Une fois que vous avez effectué votre choix entre PEE et PERCO, vous choisissez sur quels supports financiers vous allez placer votre épargne. Si vous ne donnez pas de consigne, ils seront placés automatiquement selon la politique de placement de votre entreprise. Comme avec une assurance-vie, le rendement varie selon vos choix de placements.
Chaque placement est composé de plusieurs types de fonds : les fonds monétaires (censés être les plus sécurisés), les obligations, les actions et les diversifiés. Par défaut, les sommes sont investies dans les fonds monétaires, ce qui n’est pas forcément le plus intéressant. En effet, ils ont connus une performance négative sur les trois dernières années, par exemple. Ainsi, il est donc plutôt recommandé de varier les types de fonds présents au sein de votre contrat, comme vous le feriez pour une assurance-vie, en jaugeant le niveau de risque qui correspond à votre profil d’investisseur et à votre horizon de placement.
Pour le PERCO, vous pouvez opter pour une gestion pilotée, en fonction de votre horizon de sortie. Avec la loi Pacte, cette possibilité sera aussi élargie au PEE.
Vous pouvez aussi opter pour des fonds de placement spécialisés dans l’investissement socialement responsable (ISR). L’encours de ces fonds dépasse actuellement les 20 milliards d’euros. Ils représentent plus du quart de l’épargne salariale, hors actionnariat salarié.
Le régime fiscal de l’épargne salariale
Le régime fiscal de l’épargne salariale est assez avantageux. Il est identique pour l’intéressement et la participation. Ainsi, les sommes que vous percevez sont exonérées de cotisations salariales, à l’exception de la CSG et de la CRDS (au taux de 9,7 %). Si vous choisissez de les percevoir immédiatement, elles sont soumises à l’impôt sur le revenu.
En revanche, si vous choisissez de les investir dans un plan d’épargne salariale, elles sont exonérées d’impôt sur le revenu, dans la limite de 75 % du plafond de la sécurité sociale, ce qui correspond à 30 393 € en 2019. Avant la loi Pacte, cette limite était fixée à 50 % du plafond de la sécurité sociale pour l’intéressement. Les fonds placés sur votre plan d’épargne salariale restent toutefois soumis aux prélèvements sociaux, à hauteur de 17,2 %.
Ce qui change avec la loi Pacte
Avec la loi Pacte, les pouvoirs publics souhaitent notamment encourager les dispositifs d’épargne salariale. En France, les entreprises de moins de 250 salariés représentent un vivier de 9,6 millions de salariés. Le gouvernement souhaite augmenter le nombre de bénéficiaires pour ce type d’entreprise pour qu’il atteigne 3 millions, au lieu de 1,4 aujourd’hui. L’épargne salariale stagne depuis une dizaine d’années, il fallait donc la rendre plus attractive.
Le changement majeur instauré par la loi Pacte est la suppression du forfait social pour l’intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés. Cette mesure est en place depuis le 1er janvier 2019. De quoi s’agit-il ? Le forfait social est la contribution patronale obligatoire à hauteur de 20 % pour les plans d’épargne salariale. Avec la réforme, il a aussi été supprimé pour la participation et l’abondement employeur pour les entreprises de moins de 50 salariés.
Le but de cette mesure est de favoriser le développement des dispositifs d’épargne salariale en baissant le coût de ces dispositifs pour les entreprises.
Un autre changement majeur est l’harmonisation des plans d’épargne retraite, qui a un impact important sur le PERCO. La loi Pacte met notamment en place la transférabilité entre les différents produits d’épargne retraite. Ainsi, vous pourrez transférer les fonds de votre PERCO vers un autre plan d’épargne retraite de votre choix lorsque vous quitterez une entreprise.
Quelques écueils de l’épargne salariale à éviter
En 2018, un litige sur trois traité par l’AMF portait sur l’épargne salariale. Voici un aperçu de quelques écueils à éviter à ce sujet.
Les frais de tenue de compte
Avec le PERCO, prenez garde aux frais de tenue de compte. Tant que vous êtes en poste, ils sont payés par votre entreprise. Mais en cas de licenciement ou de démission, ils sont prélevés directement sur les avoirs de l’ancien salarié. Ces frais représentent un montant de 30 à 50 euros par an en moyenne.
Le problème est le suivant : on est souvent contraint à conserver son PERCO jusqu’au moment du départ en retraite, sauf si un cas de déblocage anticipé se produit. Ainsi, vous serez obligé de payer ces frais chaque année.
C’est pourquoi il est souvent préférable d’opter pour le PEE, sauf si vous approchez de l’âge de la retraite et que le PERCO est plus intéressant financièrement
L’affectation par défaut des primes de participation et d’intéressement
Par défaut, si vous n’effectuez aucun choix particulier, les sommes que vous percevez sont versées à 50 % sur votre PEE et à 50 % sur votre PERCO si l’entreprise en propose un. Mais, dans de nombreux cas, ceci est réalisé car les salariés ne se sont pas penchés sur la question.
Ils se retrouvent donc avec 50 % du capital de leur épargne salariale bloqué sur leur PERCO jusqu’à l’âge de la retraite, alors qu’ils auraient peut être souhaité une plus grande flexibilité dans les retraits.
Réaliser des arbitrages vis à vis de vos placements
Un dernier conseil : il est important d’effectuer une gestion active de votre épargne salariale pour en tirer le meilleur. En 2018, moins de 8 % des salariés ont jugé bon de modifier leur allocation d’actifs. Pourtant, ce placement financier mérite autant d’attention qu’une assurance-vie. C’est seulement avec un vrai suivi que vous pourrez obtenir des rendements intéressants.
Pour récapituler, l’épargne salariale est un placement financier intéressant mais qui n’est pas le plus simple à gérer. Pourtant, il est important de vous pencher sur la question pour en tirer le meilleur. C’est grâce à cette gestion active que vous pourrez obtenir de bons rendements, correspondant à votre profil d’investisseur.
Envie de faire fructifier votre épargne ? Vous pouvez découvrir notre guide des meilleurs placements financiers de 2019.