L’argent déposé sur vos comptes courants et vos comptes épargnes ne fait pas que dormir : il pollue aussi. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’épargne des ménages ne se contente pas de rester placée à la banque. Elle se promène aussi sur les marchés, où les banques l’utilisent parfois pour investir dans des industries polluante.
Dans ce contexte, comment faire pour réduire l’impact écologique de son épargne ?
Quand l’épargne émet du CO2…
D’après l’organisation internationale Oxfam, un portefeuille d’épargne traditionnel contenant 25 000 euros produit 11 tonnes de C02 par an.
Soit autant que l’empreinte carbone d’un individu sur une année. Une épargne plus modeste de 5000 euros sur un Livret A produit quant à elle 2,6 tonnes de CO2, ce qui équivaut à l’utilisation quotidienne d’une voiture.
Ces chiffres font froid dans le dos, d’autant que les Français sont plutôt fourmis que cigales : ils épargnent en moyenne 16% de leurs revenus, voire 30% pour les plus aisés. La crise du Covid-19 a renforcé ces pratiques, avec un surplus d’épargne estimé à 157 milliards d’euros entre mars 2020 et septembre 2021.
En plaçant notre argent sur un compte épargne, on peut donc contribuer sans le savoir au réchauffement climatique.
Mais au fait, pourquoi l’épargne pollue-t-elle ?
Si certains produits, tels que le Livret A ou le LDDS, permettent de financer le logement social ou les infrastructures pour les collectivités locales, d’autres peuvent financer des industries polluantes. Selon une étude de l’ONG Rainforest, les banques mondiales ont financé en 2018 les industries du charbon, du pétrole et du gaz à hauteur de 500 milliards d’euros. Les banques françaises, quant à elles, ont financé ces industries à hauteur de 128 milliards d’euros en 3 ans.
Reste qu’il existe des disparités entre chaque banque, et que toutes n’utilisent pas les dépôts des épargnants pour financer des activités génératrices de gaz à effet de serre. Certaines sont même engagées dans un processus de réduction des émissions de CO2, comme la Banque Postale qui s’engage à cesser ses investissements dans les énergies fossiles (pétrole et charbon) d’ici 2030.
Ce tableau d’ensemble est donc à nuancer.
La finance, un secteur polluant ?
Financement des énergies fossiles, de l’industrie du plastique… L’empreinte carbone des banques est importante, alors même que les récents travaux du GIEC montrent l’urgence qu’il y a à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
Certes, des efforts ont été accomplis : les banques consacrent aujourd’hui, en moyenne, 20% de leurs investissements aux énergies renouvelables, des fonds d’investissement responsables ont été créés, des labels comme Greenfin ou Finansol ont été créés pour distinguer les fonds d’investissement responsables, la finance verte se développe… Mais il reste du temps avant de pouvoir changer véritablement de paradigme.
En attendant, on peut heureusement agir à son échelle.
Quelles solutions existent pour réduire l’impact écologique de son épargne ?
Pour réduire l’impact de nos comptes bancaires sur la planète, il faut prendre de nouvelles habitudes. Voici quelques exemples :
- En premier lieu, on peut commencer par ne plus investir directement dans des industries polluantes, que ce soit par le biais d’actions ou d’ETF. On privilégie les fonds labellisés ISR (pour investissement socialement responsable), Finansol ou Greenfin et les entreprises vertueuses sur le plan de la RSE.
- Si on en a la possibilité, pourquoi ne pas changer de banque ? Il existe aujourd’hui des banques éthiques, dont la proposition consiste à exclure de leurs investissements les secteurs les plus polluants. Certaines vont même jusqu’à financer des projets écologiques, comme le nettoyage des océans ou le déploiement des énergies renouvelables.
- Plutôt que de mettre tout son argent sur un livret ou une assurance vie, pourquoi ne pas le faire travailler intelligemment ? Vous pouvez ainsi utiliser une partie de votre épargne pour investir dans des projets à impact positif. Avec des plateformes comme Lendopolis, vous investissez de manière transparente dans les énergies renouvelables et vous donnez du sens à votre argent en contribuant au changement.
- L’épargne peut être utilisée pour décarboner le quotidien. Ainsi, elle peut être utilisée pour financer la rénovation thermique de son logement, l’achat de panneaux solaires (ces derniers pouvant, à terme, vous faire gagner de l’argent) ou encore d’un moyen de transport vert (voiture ou vélo électrique). Plutôt que de laisser son argent dormir, on l’investit donc dans des projets vertueux et potentiellement rentables.
- De manière générale, l’investissement participatif dans des projets écologiques et/ou de transition énergétique représente un excellent moyen de faire travailler son argent de manière éthique.
Mon épargne peut-elle être neutre en carbone ?
Le concept de neutralité carbone définit un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur retrait de l’atmosphère par une action volontaire. Cela ne signifie pas zéro émission de CO2, mais une compensation de ces émissions par la séquestration du carbone, en plantant des arbres par exemple. On parle de puits de carbone pour désigner ces réservoirs naturels qui ont la capacité de capturer et de stocker le carbone présent dans l’atmosphère : océans, forêts, etc.
De manière concrète, lorsqu’une entreprise souhaite compenser ses émissions de CO2, elle achète des crédits d’émissions de carbone auprès d’organismes de régulation. Mais ce procédé rencontre des critiques. Il vaut toujours mieux, en effet, n’émettre aucun gaz à effet de serre plutôt que de se racheter une bonne conscience en compensant ses émissions…
Alors, existe-t-il un espoir pour que notre épargne devienne un jour neutre en carbone ? C’est malheureusement peu probable. Certes, l’essor de la finance verte permet de financer des projets de transition écologique, et il existe en parallèle de nombreuses solutions pour décarboner son épargne. Mais notre argent reste un outil intrinsèquement polluant.
En dépit de ce constat, il n’est pas question de faire preuve de pessimisme : non seulement la prise de conscience écologique se fait de plus en plus forte du côté des institutionnels et des particuliers, mais il existe en outre des moyens toujours plus nombreux de placer son argent de manière éthique. Encore faut-il prendre de nouvelles habitudes… !