En 2003, une bouteille de Lafite-Rothschild datant de 1982 a été vendue aux enchères 490 dollars. Six ans plus tard, cette même bouteille a été revendue 2586 dollars. Cela représente donc un rendement annuel de 70 %.
Face aux faibles taux d’intérêt des placements classiques, les placements plus exotiques peuvent être de plus en plus tentants. Particulièrement aux yeux de ceux qui souhaitent dynamiser leur épargne.
Alors investir dans le vin en 2022 : bonne ou mauvaise idée ? Quelles sont les clés pour réussir dans ce type de placements ? Que change le contexte actuel sur le marché du vin ? Découvrez notre guide complet.
Investir dans le vin en 2023
Malgré les contraintes liées au coronavirus, le marché du vin a progressé. Les ventes de vins, spiritueux et de champagne ont augmenté de 15 % au cours du premier semestre 2021 par rapport à la même période en 2020. De plus, le marché a pu bénéficier de l’assouplissements des restrictions et ainsi profiter d’une bonne dynamique.
Ainsi, certains grands crus peuvent encore être des investissements intéressants pour cette année.
Pourquoi le prix d’une bouteille de vin peut devenir élevé
Le vin est devenu petit à petit un produit de spéculation et plus uniquement un produit de consommation. Ainsi, le prix d’une bouteille peut augmenter fortement dans le temps, notamment en raison de la rareté des crus anciens.
On est ici face à la traditionnelle loi de l’offre et de la demande. Le nombre de bouteilles de crus anciens diminue continuellement, alors que la demande est forte. Les prix grimpent donc, ce qui peut pousser certaines personnes à investir dans le vin dans le but de réaliser une plus-value.
Un autre aspect spécifique au monde du vin fait grimper les prix. Il s’agit de l’existence de nombreux classements, répertoriant les meilleurs crus. C’est par exemple le cas des grands crus classés de Bordeaux, dont le classement date de 1855. Les crus qui y figurent sont toujours parmi les bouteilles les plus chères du marché.
Les différents types de placements dans le vin
Il existe plusieurs types de placements dans le vin. Voici un petit aperçu des 4 principales options qui s’offrent à vous si vous souhaitez vous lancer.
L’achat de bouteilles de vin
Lorsque l’on pense à l’investissement dans le vin, la détention physique de bouteilles est la première option qui vient en tête. Vous pouvez vous constituer une cave. Que ce soit via l’achat auprès de producteurs ou de détaillants, ou lors de ventes aux enchères. Il existe notamment des sites en ligne de ventes aux enchères de vin.
Si l’idée de posséder des grands crus est attractive, ce placement implique tout de même une logistique importante de stockage, dans des conditions adaptées à la conservation du vin. En effet, votre cave doit connaître de faibles variations de température et avoir un taux d’humidité suffisant pour éviter que le vin ne s’oxyde.
Si vous stockez vos bouteilles chez vous, il faut également penser à revoir les conditions de votre assurance habitation afin d’être couvert en cas de dommage. Vous pouvez également décider de faire appel à des services de stockage, moyennant des frais allant de 1 à 5 € par an et par bouteille.
Les caves d’investissement
Si vous ne souhaitez pas disposer de bouteilles de vin, vous pouvez regarder du côté des caves d’investissement. Il s’agit de caves que vous vous constituez, mais où les bouteilles sont uniquement des placements financiers, avec un but de profitabilité.
Plusieurs options s’offrent alors à vous. Soit vous décidez vous-même des bouteilles dans lesquelles investir, soit vous choisissez une cave d’investissement clé en main, avec un prestataire qui la gère pour vous.
De nombreux acteurs sont présents sur le marché, comme Cavissima, Patriwine ou Cavacave. Le ticket d’entrée pour ce type de placements est généralement assez élevé. Par exemple, il est situé entre 10 000 € et 50 000 € pour Patriwine, et il est fixé à 20 000 € pour Cavissima.
Les caves d’investissement ont un avantage majeur : elles sont très utiles au moment de la revente car vos prestataires s’en chargent eux-mêmes. En effet, il s’agit de la partie la plus complexe de l’investissement dans le vin. Vu qu’il n’existe pas de cote officielle sur ce marché, il est difficile d’estimer la valeur d’une bouteille. Avoir des experts à vos côtés qui s’occupent de la revente est donc une aide précieuse.
Les fonds d’investissement spécialisés dans le vin
Si vous souhaitez investir dans le vin, vous pouvez également passer par des fonds d’investissement. Ici, plus de bouteilles ni de cave, il s’agit uniquement d’un placement financier. Les fonds d’investissement de ce type sont assez rares, mais nous pouvons citer Nobles Crus et Uzès Grands Crus, acteurs majeurs du secteur.
Uzès Grands Crus est notamment agréé par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Sa valeur liquidative est établie à partir de prix fiables : ceux du Liv-Ex (London International Vintners Exchange), le marché mondial des vins fins.
Investir dans des propriétés viticoles
Et si vous investissez dans des parcelles viticoles ? Il s’agit d’un placement très long terme, mais moins risqué que ceux évoqués précédemment. En revanche, si vous investissez seul, les fonds à mettre sur la table sont assez conséquents.
Afin de limiter le montant de ce ticket d’entrée, vous pouvez rejoindre un Groupement Foncier Viticole (GFV). Il s’agit d’un groupe de plusieurs investisseurs réunis au sein d’une société, propriétaire des vignes. Celles-ci sont confiées à un exploitant pour au moins 18 ans. Il reverse un loyer en argent et/ou en bouteilles aux investisseurs, ou a minima leur propose l’achat de son vin à des prix propriétaires (30 à 60 % moins chers que le prix public).
Pour ce type de placements, il faut généralement débourser environ 20 000 €, même s’il est possible de trouver des opportunités d’investissement à partir de 5 000 €.
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Pourquoi investir dans le vin
L’avantage principal d’un placement dans le vin est le même que pour l’art : vous pouvez consommer votre placement si vous le décidez. Si votre investissement ne prend pas de valeur dans le temps ou si vous avez des difficultés à le revendre, vous pouvez en profiter directement.
Il s’agit donc d’un placement “plaisir” pour les passionnés. En effet, il est presque exclusivement réservé à des connaisseurs car il nécessite des connaissances dans le monde du vin pour faire les bons choix.
Enfin, la profitabilité peut être au rendez-vous, avec des plus-values impressionnantes. Mais cela ne va pas sans risque.
Les inconvénients de l’investissement dans le vin
Les inconvénients d’un investissement dans le vin sont malheureusement assez nombreux. Tout d’abord, il s’agit d’un placement risqué, avec une forte volatilité.
En effet, il est très dur de prévoir l’évolution des prix du vin dans le temps. Aussi, il n’y a pas d’éléments réellement objectifs de valorisation d’une bouteille. Il est donc très difficile d’estimer sa valeur.
Un autre problème est celui des coûts de stockage qui peuvent s’avérer conséquents, avec des risques d’altération dans le temps. Le vieillissement est également une autre contrainte : tous les vins ne se bonifient pas toujours avec le temps. De nombreuses bouteilles ne peuvent pas être gardées très longtemps, et il faut donc bien les revendre avant que leur valeur ne commence à décliner.
Enfin, le risque de contrefaçon est réel. Le meilleur moyen de lutter contre ce fléau est d’acheter plutôt des caisses que des bouteilles à l’unité. En effet, le risque de contrefaçon est plus faible sur les caisses et elles sont plus simples à revendre que des bouteilles seules.
Quelques conseils avant d’investir dans le vin
Investir dans des bouteilles de vin afin de se constituer une cave est l’investissement le plus classique dans ce secteur. Vous souhaitez vous lancer ? Voici quelques conseils.
Investissez sur le long terme
Investir dans le vin est un placement long terme : l’horizon de placement doit être d’au moins 8 ans pour espérer en tirer profit. Thierry Goddet, fondateur de Cavissima, plateforme d’investissement en ligne explique : “Un client qui souhaite liquider sa cave dans les deux premières années a plus de 50 % de risques de perdre de l’argent.”
Dans cette perspective, il faut donc choisir d’investir dans des vins de garde, c’est-à-dire des vins qui vont se bonifier avec le temps et qui ont un réel potentiel de vieillissement. En effet, tous les vins ne sont pas égaux face au passage du temps.
Privilégiez les très bonnes bouteilles
Dans quels vins investir ? Il vous faut des bouteilles dont la valeur dans le temps sera à peu près assurée. Mais il ne faut pas non plus commencer trop haut avec des grands crus classés dont le prix d’achat initial sera forcément très élevé : la rentabilisation de votre placement ne sera pas nécessairement simple vu votre investissement de base.
Ainsi, Thierry Goddet vous conseille surtout d’investir dans des bouteilles dont le prix se situe actuellement entre 60 € et 200 €. Ce sont celles qui ont le plus grand potentiel en tant que placement financier.
Les régions dans lesquelles investir
En termes de région, les vins de Bordeaux sont une valeur sûre. Leur grande renommée, notamment à l’international, génère une demande conséquente. Ces bouteilles sont donc les plus simples à revendre.
Autre avantage notoire : les vins de Bordeaux ont une très grande capacité de garde. Vous pouvez donc les faire vieillir longtemps à condition d’avoir bien choisi le millésime et de disposer de bonnes conditions de conservation.
Les vins de Bourgogne sont également un bon placement, avec des prix qui culminent pour certains domaines de renom. On pense bien sûr au domaine de La Romanée-Conti, très prestigieux, mais dont les prix atteignent des sommets en raison de sa distribution extrêmement sélective. Ses bouteilles sont ainsi des stars des plateformes d’investissement.
Enfin, la Vallée du Rhône est longtemps restée en marge du monde de l’investissement dans le vin mais elle figure maintenant dans le top des régions au plus fort potentiel. Certaines parties de la région voient leurs prix grimper assez vite, tant dans la partie méridionale (Gigondas, Vacqueyras) que dans la partie Nord (Cornas, Crozes-Hermitage, Saint-Joseph).
La diversification : une priorité essentielle
Bien sûr, il est essentiel de rappeler que, comme pour n’importe quel placement, il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Ainsi, vous limitez vos risques de perte. Lorsque vous investissez dans le vin, il faut donc choisir différentes régions et différents millésimes, afin de vous prémunir contre des baisses de demande pour certaines cuvées.
Ne pas miser sur des bouteilles trop anciennes
Face à un marché où l’ancienneté rime souvent avec prix élevé, vous pouvez être tenté d’investir dans des bouteilles très anciennes. Il faut pourtant s’en méfier car le vin ne se bonifie pas toujours avec le temps. Le prix de certaines bouteilles peut également devenir trop élevé pour les revendre facilement.
Ainsi, l’essentiel des ventes est réalisé avec des bouteilles ayant entre 15 et 20 ans. Hugues Lapaux, analyste pour le fonds Uzès Grands Crus confirme : “Au-delà, on tombe dans la période d’illiquidité avec des millésimes sur lesquels les transactions sont très rares.”
Privilégier la rareté et la qualité
Pour bien choisir les bouteilles de vin dans lesquelles investir, deux critères sont essentiels. Tout d’abord, privilégiez la rareté (volumes produits faibles, ancienneté) pour avoir une demande importante. Ensuite, misez sur la qualité : choisissez un vin dont la qualité est reconnue par les professionnels et les grands amateurs. Pour un investissement réussi, combinez donc les deux pour vous garantir une revente assez aisée, à un prix avantageux.
En conclusion, investir dans le vin est plutôt un placement de passionnés qui souhaitent dynamiser un peu leur épargne, tout en se réservant la possibilité de consommer leurs bouteilles. Les risques de perte sont bien présents, c’est pourquoi il est déconseillé d’investir toute votre épargne dans le vin. L’AMF met régulièrement en garde contre les placements dits “atypiques” qui doivent rester uniquement des outils de diversification d’épargne. Ainsi, il est préférable qu’ils ne dépassent pas 5 % de votre patrimoine.
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