L’introduction récente en bourse de la Française des Jeux (FDJ pour les intimes) a suscité un regain d’intérêt des Français pour l’investissement en bourse. Ce fut une telle ruée vers FDJ que toute la demande n’a pu être honorée et de nombreux investisseurs n’ont pas obtenu autant de titres qu’ils le souhaitaient. Finalement cette introduction a fait des heureux (performance de + 15 % le premier jour de cotation !), mais aussi des déçus qui n’ont pas compris comment investir en bourse ou qui sont tombés sur des faux sites d’escrocs. Car l’investissement en bourse est attirant mais reste méconnu et moins de 10 % des Français possèdent un plan d’épargne en actions (PEA). Alors comment investir en bourse ? Nous faisons le point.
Choisir le bon outil pour investir
Pour pouvoir investir en bourse, vous devrez d’abord choisir l’enveloppe adéquate. Ce n’est pas le plus enthousiasmant quand on veut investir en bourse, mais c’est un passage obligé. Vous avez le choix entre plusieurs outils, chacun avec ses règles et sa fiscalité :
- Plan d’épargne en actions (PEA)
- Compte-titres ordinaire (CTO)
- Assurance-vie
Le plan d’épargne en actions (PEA)
Pour ouvrir un compte PEA, il faut être majeur et contribuable domicilié en France. Vous pourrez y verser un maximum de 150 000 €, mais votre PEA pourra dépasser largement cette somme avec les plus-values.
Votre univers d’investissement est limité : les actions Françaises et Européennes, telles que LVMH, Peugeot ou Total, ainsi que les fonds d’investissement qui contiennent au moins 75 % d’actions Européennes.
Fiscalement, le PEA est réputé être une niche fiscale. En effet, les plus-values ne sont imposées que quand vous sortez l’argent du PEA. En pratique, en faisant la différence entre la valorisation du PEA (dividendes compris) et les sommes versées sur le PEA, on obtient l’assiette de plus-value taxable. Et après les 5 ans du PEA, on échappe à l’impôt sur le revenu : il n’y a que les 17,2 % de prélèvements sociaux sur cette plus-value.
Attention avant les 5 ans du PEA, si vous faites un retrait cela occasionnera la clôture de votre PEA et la flat tax de 30 % sur la plus-value (prélèvements sociaux compris). Notez que l’on peut faire des achats et ventes au sein du PEA, sans sortir du PEA, donc sans déclencher la taxation.
Le compte-titres ordinaire (CTO)
Le Compte-titres ordinaire (CTO) est plus souple que le PEA : on peut en détenir plusieurs, sans limite de versement. Et l’univers d’investissement est très large : vous pouvez investir dans le monde entier ! Ainsi, avec le CTO on peut acheter des actions Amazon, Apple, Facebook, etc.
Ceci dit, il y a le revers de la médaille : la fiscalité est « normale ». Ainsi, c’est la flat tax qui s’applique : vos dividendes sont taxés de 30 % à la source. Notez que vous pouvez opter pour l’imposition au barème de l’impôt sur le revenu en bénéficiant d’un abattement de 40 % (option intéressante si vous êtes en tranche marginale d’imposition 0 ou 14 %). Et les plus-values sont également taxées à la flat tax 30 % après déclaration du bilan annuel. Donc contrairement au PEA, impossible d’échapper à l’impôt sur le revenu.
L’assurance-vie
L’assurance-vie est également une enveloppe très souple. Elle comprend 2 poches distinctes et vous pouvez investir à votre guise dans :
– le fonds euro pour sécuriser votre épargne. Support non risqué et rémunéré (autour de 1 % de rendement)
– les unités de compte (UC) pour dynamiser votre investissement. C’est grâce aux UC que vous allez pouvoir investir en bourse. Selon les assurances-vie, vous aurez le choix entre plusieurs fonds d’investissement, et parfois des titres vifs (plus rare).
Fiscalement, l’assurance-vie est aussi une niche fiscale. L’impôt sur la plus-value ne se déclenche que lorsque vous retirez de l’argent de l’assurance-vie. On peut acheter et vendre (« arbitrer ») au sein de l’assurance-vie. Et après les 8 ans de l’assurance-vie, vous serez exonéré d’impôt si votre retrait (aussi appelé « rachat ») comprend moins de 4 600 € d’intérêts (9 200 € pour un couple marié ou pacsé). Il s’agit d’un seuil d’abattement annuel dont il faut profiter. En revanche, il y a toujours les prélèvements sociaux de 17,20 %. Quant aux retraits avant les 8 ans de l’assurance-vie, la flat tax de 30 % s’applique.
Ouvrir l’outil chez le bon courtier
Maintenant que vous connaissez les différentes enveloppes d’investissement, il faut ouvrir les produits. Et c’est à ce stade qu’il va falloir faire preuve d’esprit critique et ne pas ouvrir dans la première banque venue.
PEA et CTO
Vérifiez plusieurs points pour choisir votre courtier en bourse :
– Les frais : Faites attention aux droits de garde et aux frais d’inactivité. Comparez également les frais de transaction. Enfin, sachez que les meilleurs courtiers en bourse ne facturent pas de droits de garde, ni de frais d’inactivité et les ordres inférieurs à 1 000 € coûtent moins de 5 €.
– Le service client : Préférez un service client facilement disponible par mail ou téléphone au besoin. Le courtier doit également vous fournir l’IFU (imprimé fiscal unique) tous les ans pour vous aider à déclarer.
– L’interface : Optez pour une bonne interface pour passer vos ordres en ligne et l’accès aux marchés souhaités.
Assurance-vie
Plusieurs critères à prendre en compte pour bien choisir votre assurance-vie chez le bon courtier :
– Les frais : Les meilleures assurances-vie sont sans frais sur versement, avec généralement 0,60 % de frais de gestion sur encours et sans frais d’arbitrage lorsque vous vendez et achetez vos UC.
– Les unités de compte (UC) : Afin de bien diversifier vos investissements en bourse, vous devez avoir le choix entre de nombreuses UC de qualité et de plusieurs sociétés de gestion. Les meilleures assurances-vie proposent plus de 300 fonds d’investissement, dont des trackers (dont nous allons vous parler dans la suite de cet article).
– La gestion libre ou la gestion pilotée ? En gestion libre, c’est vous-même qui choisirez vos UC : fonds d’investissement avec plus ou moins d’actions, qui ciblent un secteur ou un pays en particulier, etc. Certaines assurances-vie proposent également une gestion pilotée pour vous permettre de déléguer complètement la gestion. Dans ce cas, choisissez une bonne gestion pilotée qui a fait ses preuves avec de bonnes performances historiques.
Commencer à investir : le bon comportement à adopter
Maintenant que vous avez choisi l’enveloppe adéquate et ouvert votre produit en passant par le bon intermédiaire, vous allez pouvoir passer à l’action ! En pratique, il n’y a plus qu’à cliquer pour passer les ordres d’achat d’actions. Ceci dit, il y a quelques règles comportementales à respecter pour bien investir :
– Diversifier. Il faut éviter de tout investir sur un seul titre, que ce soit FDJ, LVMH, Sanofi ou autre. Car même les sociétés réputées les plus solides ne sont pas à l’abri d’une chute. Ainsi, un bon portefeuille doit comporter au moins 15 titres différents de secteurs différents (luxe, santé, consommation, énergie, etc.) pour être moins volatil. Il faut également diversifier hors France, car l’hexagone n’est qu’un petit marché à l’échelle mondiale. En pratique, une bonne assurance-vie en gestion pilotée fera le travail pour vous. Les fonds indiciels, aussi appelés trackers, sont aussi une option intéressante. Ils reproduisent la performance d’un indice à peu de frais, comme le tracker CAC 40 ou S&P 500.
– Mesurer son investissement. Soyez raisonnable, fixez-vous une limite. Il serait imprudent d’investir 100 % de son patrimoine en bourse. Donc, dès le départ, déterminez un maximum à investir, comme 25 % de votre patrimoine. Vous pouvez ensuite atteindre cette cible progressivement, sur plusieurs mois, pas en un seul ordre.
– Garder son sang-froid. Vous investissez en bourse sur du long terme, idéalement plus de 10 ans. Il ne faut donc pas spéculer à court terme. Vous aurez alors à supporter la volatilité du marché, avec ses hauts et ses bas inévitables. Il ne faut donc pas paniquer au moindre mouvement des marchés.
Verdict ?
Finalement, il y a de nombreux moyens d’investir en bourse. On peut posséder plusieurs assurances-vie, plusieurs CTO et un PEA et employer chaque enveloppe à bon escient. Optimisez donc bien fiscalement chaque enveloppe et ouvrez les bons produits chez les bons intermédiaires (banques ou courtiers, mais plutôt courtiers en ligne, plus compétitifs) pour ne pas partir avec un handicap. Enfin, en pratique, il faut toujours veiller à respecter les bonnes pratiques de l’investissement en bourse. C’est cela qui fait toute la différence entre un mauvais et un bon investisseur.