L’intérêt des Français pour la finance responsable est en forte croissance. En 2018, 63 % d’entre eux ont déclaré accorder de l’importance aux impacts sociaux et environnementaux de leurs choix de placement, contre 48 % en 2017. Dans ce contexte, certains produits d’épargne deviennent plus attractifs. C’est notamment le cas du Livret Développement Durable et Solidaire (LDDS). Qu’est-ce que ce livret ? Comment fonctionne-t-il ? Et que deviennent les fonds déposés ? Découvrez les réponses à toutes vos questions dans cet article !
Qu’est-ce que le Livret Développement Durable et Solidaire ?
Le Livret Développement Durable et Solidaire (LDDS) a été créé en 2007 pour remplacer le Codevi. Il s’agit d’un produit d’épargne rémunéré, très similaire au livret A. Comme pour ce dernier, les fonds sont disponibles à tout moment.
Les intérêts du Livret Développement Durable et Solidaire
Le taux d’intérêt annuel du LDDS est actuellement de 0,75 %. Il est indexé sur celui du livret A. Les intérêts sont calculés le 1er et le 16 de chaque mois en fonction des fonds placés à ces dates. Les sommes déposées produisent donc des intérêts si elles restent au moins une quinzaine de jours sur votre livret. Chaque année, le 31 décembre, les intérêts de l’année sont ajoutés au capital.
Qui peut ouvrir un LDDS ?
Ce produit d’épargne est accessible à toute personne majeure ayant sa résidence fiscale en France. Ainsi, les conditions d’éligibilité sont différentes de celles du livret A, accessible aux mineurs et pouvant donc être ouvert dès la naissance d’un enfant.
Chaque individu peut détenir un seul Livret de Développement Durable et Solidaire. Il n’y a pas de montant minimum de versement initial fixé par la loi, mais la plupart des établissements vous demanderont sûrement un versement de 15 €. Enfin, toutes les banques peuvent vous proposer un LDDS.
Le plafond du Livret Développement Durable et Solidaire
Le plafond du LDDS est de 12 000 €. Vous pouvez toutefois dépasser ce plafond si c’est le versement des intérêts qui entraîne un dépassement. Ce plafond est presque deux fois moins élevé que celui du livret A, fixé à 22 950 €.
La fiscalité du LDDS
Les intérêts qui vous sont versés sont exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. En revanche, leur montant est assez faible, ce n’est donc pas un produit d’optimisation fiscale.
Comment clôturer votre Livret Développement Durable et Solidaire ?
Vous pouvez fermer votre Livret Développement Durable et Solidaire par simple lettre ou en vous rendant dans votre agence bancaire. En cas de clôture en cours d’année, les intérêts vous seront versés le jour de la fermeture du livret et non à la fin de l’année.
Un produit d’épargne critiqué pour son faible taux d’intérêt
Le taux d’intérêt du Livret Développement Durable et Solidaire n’a pas augmenté depuis le 1er août 2017. Et il n’augmentera pas avant le 1er janvier 2020, au plus tôt. Comme pour le livret A, son rendement est négatif, c’est-à-dire que les intérêts ne suffisent pas à compenser l’inflation. Ainsi, si vous laissez dormir une somme sur votre LDDS, elle ne vous permettra plus d’avoir accès au même pouvoir d’achat quelques années plus tard.
Pour en savoir plus, découvrez notre article sur la méthode de calcul du taux d’intérêt du livret A et du LDDS.
Malgré les critiques liées à son faible taux d’intérêt, le Livret Développement Durable et Solidaire attire les Français. En effet, il a terminé l’année 2018 en beauté, avec un record de collecte au mois de décembre : 1,18 milliard d’euros ont été déposés ce mois-ci. Sur l’ensemble de l’année 2018, les Français y ont déposé 2,61 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 21 % par rapport à 2017.
A quoi sert l’argent déposé sur votre Livret Développement Durable et Solidaire ?
Des fonds en partie fusionnés avec ceux du livret A
Une grande question subsiste : que devient votre argent une fois déposé sur votre LDDS ? Ce produit d’épargne a remplacé le Codevi, qui finançait les entreprises industrielles. Le Livret Développement Durable a conservé cet objectif, tout en lui ajoutant un objectif de financement de travaux d’économie d’énergie.
Mais, en réalité, les fonds collectés sur le LDDS sont en grande partie fondus avec ceux du livret A. En effet, ils sont centralisés à hauteur de 59,5 % dans le fonds d’épargne de la Caisse des Dépôts. Ce dernier participe au financement de logements sociaux, à la réhabilitation de logements anciens, à la construction de logements spécifiques (pour personnes à mobilité réduite, par exemple) ou à la construction d’infrastructures durables.
La partie des fonds du LDDS qui n’est pas intégrée au fonds d’épargne de la Caisse des Dépôts est investie directement par les banques, sur les marchés de leur choix. Elles ont uniquement l’obligation d’utiliser 10 % des fonds pour financer des travaux d’efficacité énergétique dans des bâtiments anciens.
Un manque de traçabilité critiqué
Et dans les faits ? La traçabilité des financements accordés par les banques avec ces fonds n’est pas optimale. En effet, l’Observatoire de l’Épargne Réglementée (OER), chargée de suivre le sujet au sein de la Banque de France, avoue : « Il est impossible de mesurer précisément le financement direct ou indirect des travaux d’économie d’énergie puisque les crédits à l’habitat ancien concernent le plus souvent de façon indifférenciée et fongible plusieurs types de travaux « . De son côté, la Banque de France assure que les obligations des banques sont globalement respectées.
Des ONG, comme 350.org, dénoncent notamment le fait que ce produit d’épargne censé être “vert” finance en réalité certaines entreprises polluantes. En effet, une partie des fonds détenus par la caisse des dépôts est investie sur les marchés financiers, souvent pour financer des entreprises qui émettent de nombreux gaz à effet de serre.
350.org déclare : » Cet argent sert ainsi à financer des entreprises parmi les plus polluantes au monde. Résultat : on estime qu’en termes d’émissions indirectes, placer 5000 euros sur des livrets d’épargne réglementée revient à utiliser au quotidien un 4×4 pour aller travailler « .
Le manque de traçabilité est donc une des critiques majeures adressées au Livret Développement Durable et Solidaire.
Un livret pas encore solidaire
En décembre 2016, la loi Sapin II a été publiée, transformant le LDD (Livret Développement Durable) en LDDS (Livret Développement Durable et Solidaire). Le but était alors de permettre aux épargnants d’allouer une partie voire la totalité de leurs intérêts à des projets d’économie sociale et solidaire.
A l’heure actuelle, les décrets d’application de ce dispositif n’ont toujours pas été publiés. Le LDDS n’est donc pas encore réellement solidaire.
D’autres solutions existent pour mieux tracer votre épargne et choisir comment elle sera investie. Par exemple, si vous souhaitez financer la transition énergétique, vous pouvez vous tourner vers le financement participatif. Envie d’en savoir plus ? Découvrez comment investir dans les énergies renouvelables avec Lendopolis.