À 0,5%, le taux d’intérêt actuel du Livret A offre aux épargnants une rémunération réelle négative de -1,5%. L’inflation s’élève à 2%. À terme, le support privilégié par les Français leur fait donc… Perdre de l’argent. Par comparaison, le taux du célèbre Livret était fixé, il y a encore 10 ans, à 2,1% !
Ce taux d’intérêt, qui accuse une baisse constante depuis 20 ans, devrait cependant être modifié dès le 1er février 2022 afin de tenir compte de la hausse des prix, comme l’a confirmé Bruno Le Maire au micro de BFMTV-RMC.
Quelles sont donc les évolutions à venir ? Est-il toujours intéressant de placer son épargne sur un Livret A et si non, quels sont les placements à privilégier ?
Livret A et taux d’intérêt : quelle est la situation actuelle ?
Depuis presque deux ans, le taux du Livret A se maintient à 0,50 %. Un rendement particulièrement faible, qui ne joue plus son rôle de rempart contre l’inflation. La situation pourrait néanmoins changer, avec une possible révision du taux le 1er février prochain. Pour rappel, la rémunération du Livret A est révisée deux fois par an, en février et en août, sur proposition du gouverneur de la Banque de France.
Son taux est calculé à partir de la moyenne des taux d’intérêt monétaires à court terme et de l’inflation (soit l’indice des prix à la consommation, hors tabac) sur les six derniers mois. La détermination de ce taux impacte directement les taux du livret d’épargne populaire (LEP), du livret de développement durable (LDD) et du compte épargne logement (CEL).
Entre 2013 et 2019, le taux du Livret A est resté gelé à 0,75 %, avant de baisser à nouveau jusqu’à 0,5%. Or, l’inflation est en nette hausse en 2021. Sur un an, selon l’INSEE, les prix à la consommation ont augmenté de 2,1 %. À terme, les épargnants perdent donc de l’argent.
Certes, ouvrir un Livret A possède certains avantages. Il s’agit en effet d’un placement liquide (les fonds sont disponibles en toutes circonstances), sans risques, entièrement défiscalisé et dont le plafond de 22 950 € est le plus élevé de tous les livrets d’épargne réglementés. Pour autant, vous l’aurez compris : si votre objectif premier est la rentabilité, ce support n’est pas à privilégier.
Quelles sont les tendances qui se dégagent pour le Livret A ?
Chaque année, à la mi-janvier puis à la mi-juillet, le gouverneur de la Banque de France adresse ses recommandations au gouvernement pour une modification (ou non) du taux d’intérêt du Livret A. Le gouvernement peut cependant décider unilatéralement du rendement de ce support d’épargne.
Cette faculté pourrait bien être mise à profit lors de la prochaine révision du taux du Livret A, qui aura lieu en février 2022 : de 0,5%, ce taux pourrait alors passer à 0,75%. Un coup de pouce bienvenu, qui permettrait d’aligner un peu plus la rémunération du Livret A sur l’inflation.
Mais cela suffira-t-il pour endiguer la perte de pouvoir d’achat des ménages ? Avec un taux d’intérêt à 0,75% et une inflation à 2%, le rendement réel du Livret A resterait négatif. Par ailleurs, relever le taux du Livret A pourrait inciter les Français à continuer à mettre de l’argent de côté, au lieu de le réinjecter dans l’économie.
Or, l’encours global du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a atteint depuis le mois de juillet le montant record de 470,5 milliards d’euros !
Il faudra donc attendre les données de novembre et décembre avant que la formule de calcul du taux de Livret A ne soit actualisée, et que le gouvernement ne prenne une décision quant à la révision de ce taux.
Faut-il continuer à utiliser le Livret A ?
Si les Français conservent plus de 470 milliards d’euros sur des livrets qui ne sont pas rentables, c’est que plusieurs facteurs psychologiques sont en jeu. La crise sanitaire et les incertitudes qui en ont résulté ont ainsi joué un rôle important, de même que la peur de ne pas pouvoir accéder à son argent en cas de besoin ou encore la crainte d’un krach boursier.
Pour autant, placer toute son épargne sur un Livret A équivaut à perdre de l’argent à moyen et long terme. En effet, cet argent placé ne rapporte quasiment rien ; il est par ailleurs probable que vous n’en ayez pas besoin sur le long terme, au contraire d’une rente viagère issue d’une assurance vie, par exemple.
Mieux vaut donc placer votre épargne sur des supports plus rémunérateurs. En revanche, le Livret A conserve son utilité en tant que placement liquide et facilement accessible : il est ainsi idéal pour se constituer un matelas de sécurité. La règle : conserver 2 à 3 mois de salaire en cas d’imprévu.
Quels sont les placements les plus intéressants en termes de rentabilité ?
Vous l’aurez compris : si le Livret A est toujours indiqué pour conserver une petite épargne de précaution, il est déconseillé d’y déposer la majeure partie de son épargne, et encore moins la totalité de celle-ci.
D’autres placements s’avèrent bien plus intéressants en termes de rendement. Citons par exemple :
- L’assurance-vie (en unités de compte), qui permet de placer son argent sur divers supports d’investissement : actions, obligations, parts de SCPI, trackers, etc. ;
- Le plan d’épargne en actions (PEA), qui permet d’acquérir et de gérer un portefeuille d’actions françaises et européennes tout en bénéficiant, sous conditions, d’avantages fiscaux ;
- L’investissement dans les énergies renouvelables, via le financement participatif.
Bien entendu, ces placements financiers ne sont pas garantis. La rentabilité (potentiellement) élevée d’un placement s’accompagne en effet d’un risque important, tandis que tout placement sécurisé est assorti d’une faible rentabilité. C’est ce qu’on appelle le couple rendement risque : autrement dit, moins vous prenez de risques, plus la possibilité d’obtenir un rendement est faible.