Placer son épargne doit toujours découler d’une stratégie bien établie. Conscients du peu de rentabilité des produits bancaires classiques (Livret A, assurance vie en fonds euros), trop d’épargnants misent sur des produits « à la mode » sans réflexion. Or, l’investissement n’est pas un jeu de hasard.
Faire fructifier son épargne réclame de définir son profil d’investisseur, se fixer des objectifs (et s’y tenir !), et comprendre les risques financiers encourus. Ces derniers sont multiples : à l’échelle macroéconomique (tensions géopolitiques, réglementations, inflation, etc.) comme à l’échelle microéconomique (comportements humains, viabilité d’une entreprise ou d’un projet, etc.).
Avec l’Autorité des marchés financiers (AMF), passons en revue les risques qui pèsent sur l’environnement économique en 2021, pour mieux rebondir sur la diversification comme moyen d’optimiser les revenus de son épargne.
Comprendre les risques financiers macroéconomiques
L’environnement international pèse dans l’évaluation des risques. Volatilité des marchés, retour de l’inflation, chômage, envolée des dettes publiques, pénurie de matières premières, tensions États-Unis–Chine à propos de Taïwan : vos choix d’épargne ne sont pas déconnectés de ces enjeux.
Introduction de la synthèse de l’AMF (« Cartographie 2021 des marchés et des risques », juillet 2021) :
« En sus d’un aléa sanitaire qui reste élevé, la pandémie laisse les économies vulnérables à leur excès d’endettement, sous la menace de défauts que les politiques publiques de crise ont retardés. Elles sont également confrontées au risque d’une remontée globale de l’inflation et des taux d’intérêt alors que les différents pays et secteurs se trouvent dans des situations très désynchronisées. »
2021 : exemple d’un contexte de reprise bardé d’incertitudes
Pour l’AMF, si la sortie de crise est le scénario escompté, les aléas demeurent nombreux :
- aléas sanitaires avec le retour des vagues épidémiques et la propagation des variants ;
- aléas économiques avec une reprise inégale dans le monde et des modifications structurelles suite à la pandémie ;
- aléas financiers avec l’endettement, l’inflation et les taux d’intérêt.
À l’heure où l’épargne n’a jamais été aussi florissante, ignorer ce contexte dans sa prise de décision est une erreur. Les mesures de lutte contre la pandémie ont provoqué la fermeture de l’économie et, par ricochet, une augmentation de l’épargne contrainte. Les Français ont disposé d’une manne financière qu’ils ne pouvaient dépenser. Ce qui ne durera pas…
En 2020, l’épargne des ménages a bondi de 21 %, l’épargne financière de 12 % (le double par rapport à 2019). Où sont allées ces liquidités ? Essentiellement vers des placements liquides et non risqués. Les dépôts bancaires ont par exemple atteint 138 milliards d’euros, les livrets d’épargne réglementés étant les plus prisés.
La Caisse des Dépôts chiffre la collecte 2020 du Livret A à 26,4 milliards d’euros, contre 12,64 milliards l’année précédente. Pourtant, le taux d’intérêt du Livret A est faible (0,5 %), avec un niveau identique au taux d’inflation (hausse des prix des biens de consommation) de l’année 2020. Autrement dit, les épargnants n’ont en réalité rien gagné !
La rentabilité des produits d’épargne face à l’inflation
Si l’assurance vie en fonds euros (capital garanti, accessible à tout moment) a connu moins d’attrait, le rendement brut moyen en 2020 s’établit à 1,30 %. Dans le meilleur des cas, il faut retirer les prélèvements sociaux (17,2 %), ce qui rogne un peu plus la rémunération du placement préféré des Français.
L’environnement macroéconomique montre une trajectoire inflationniste continue en 2021. Elle est le fruit de la reprise de l’activité, qui provoque une demande plus élevée en décalage avec un taux de productivité insuffisant. Ce processus est entretenu par la pénurie de matières premières et les goulets d’étranglement du commerce international qui contribuent à réduire l’offre.
L’Insee estime l’inflation à 1,50 % à la fin du mois de juin. Autant dire que les titulaires des livrets d’épargne réglementés et des contrats d’assurance vie en fonds euros vont perdre du pouvoir d’achat. Les épargnants tiennent compte de ce contexte et flèchent une partie de leur épargne « forcée » vers la sphère financière. Le volume de transactions a bondi de 25 à 60 millions entre 2019 et 2020. Un niveau jamais vu depuis 2006.
Épargne financière des ménages français en 2020 | En % du total | Flux nets annuels |
Total des placements | 100 | 212,3 |
Produits de taux | 66,1 | 159,3 |
Numéraires et dépôts à vue | 12,6 | 88,5 |
Dépôts bancaires rémunérés | 19,9 | 57,9 |
OPC monétaires | 0,1 | 0,4 |
Assurance vie en euros | 31,3 | 11 |
Titres de créance détenus directement | 0,7 | -2,1 |
Titres de créance détenus indirectement | 1,5 | 3,6 |
Produits de fonds propres | 32,1 | 47,5 |
Actions cotées | 5,1 | 13,8 |
Actions non cotées et autres participations | 18,2 | 21,5 |
Assurance vie en unités de compte | 7,0 | 10,9 |
OPC | 1,9 | 1,3 |
Autres | 1,8 | 5,5 |
Lutter contre le manque d’éducation financière
L’AMF dénonce toutefois l’absence de réelle stratégie d’investissement dans les comportements. Le cas des cryptoactifs est exemplaire : ces produits spéculatifs offrent une grande volatilité, alors même qu’ils sont de plus en plus contraints par les réglementations des états (Chine, États-Unis, Union européenne). Sans compter les escroqueries et les portes d’entrée pour le blanchiment d’argent.
Mais, de manière plus globale, le manque d’éducation financière est régulièrement pointé du doigt. L’AMF stigmatise des produits financiers accessibles au grand public, dont l’opacité prévient mal les risques élevés pour l’épargne. Il est bon de rappeler le couple rendement/risque : plus la rémunération (le taux d’intérêt) est grande, plus le risque de perdre son capital est élevé. Et inversement.
Pour minimiser l’impact des risques financiers macroéconomiques sur sa stratégie d’épargne (achat immobilier, épargne de précaution, préparation à la retraite, constitution d’un patrimoine, prévision de succession), l’injonction « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » reste l’étoile du nord. À condition de ne pas écarter trop rapidement les risques à l’échelle microéconomique.
Quels sont les moyens de diversifier son épargne ?
La microéconomie concerne les comportements humains des agents économiques (individus, ménages, entreprises, etc.). Le piège : se laisser berner par les biais cognitifs (excès de confiance, comportement moutonnier, etc.). Comment les atténuer ? En diversifiant vos placements, ce qui limitera les prises de risque inconsidérées.
Par spécificités du placement
Tous les titres (obligations, actions, minibons, etc.), les fonds (Sicav, ETF, SCPI, etc.) et les produits (assurance vie, PEA, compte titres, etc.) n’ont pas les mêmes caractéristiques : accessibilité, frais de gestion, capital garanti, liquidité, fiscalité, maturation, transmission, versements, etc. Être suffisamment éduqué financièrement avant de se lancer prend tout son sens.
Par montant investi
Ne misez pas toute votre épargne sur un seul projet ou produit, même si ce dernier vous inspire une pleine confiance. Le risque zéro (défaillance, changement réglementaire, renversement de conjoncture) n’existe pas. Préférez distribuer de plus petits montants sur plusieurs projets ou véhicules d’investissement, de manière échelonnée dans le temps, pour éviter une trop forte dépendance au contexte économique.
Par nature, taille et localisation des sociétés
La logique est similaire : ciblez autant des PME, dont le chiffre d’affaires dépasse le million d’euros, que des jeunes pousses qui démarrent et des grands comptes du Cac 40 ou du Nasdaq. Même discours pour le niveau de capitalisation des sociétés (mid cap, small cap). Regardez enfin plusieurs zones géographiques (Europe, États-Unis, Asie, pays émergents) pour ne pas subir les tensions géopolitiques, ou le décalage des cycles économiques.
Par secteurs d’activités
Pour lisser les risques, vous devez répartir votre épargne sur plusieurs secteurs d’activités. Cette stratégie évite de subir l’effondrement d’une économie sectorielle, comme le tourisme lors de la pandémie. Vous pouvez donc placer une partie de votre épargne sur des secteurs porteurs, liés aux technologies (start-up), à la silver économie (vieillissement démographique), à l’environnement (énergie renouvelable), au développement économique (TPE-PME locales) ou à l’immobilier (bureaux d’entreprise).
Par classe de risques
Votre profil (niveau de connaissances financières et d’aversion au risque), votre horizon de placement (2, 5, 10 ans ou plus) et vos objectifs (constitution d’un patrimoine, d’une retraite, etc.) sont le socle de votre stratégie. En fonction de ces données personnelles, triez et combinez les produits par classe de risques, sachant qu’un projet plus risqué aura un taux d’intérêt plus élevé.
À ne pas négliger : plus la maturation du placement est longue (plusieurs années), plus l’exposition au risque augmente. Le fait de pouvoir sortir de l’investissement est essentiel. Pour inciter les investisseurs, les intérêts cumulés sont complétés par l’attrait du versement d’une prime à la liquidité, ou par une rémunération de blocage.
Face à un contexte macroéconomique incertain (inflation, hausse des taux directeurs, volatilité, tensions géopolitiques, pandémie), votre stratégie d’investissement doit s’ajuster pour maintenir le couple risques financiers/rendement de l’épargne en phase avec vos objectifs.
À ce titre, la diversification fait partie des bonnes pratiques. Elle atténue l’impact des risques financiers sur vos objectifs, et rationalise vos décisions, en intégrant l’aspect microéconomique des placements dans votre réflexion.
Parmi les options à prendre en considération, le crowdlending* garantit une rémunération attractive, pour une maturation fixée contractuellement. Avec son absence de barrières à l’entrée et son fonctionnement accessible à tous, le financement participatif est une piste à explorer, afin d’enrichir son portefeuille d’actifs.
* Investir présente un risque d’illiquidité et de perte partielle ou totale en capital. Vérifiez vos capacités financières avant d’investir.