Le robo-advisor, aussi appelé robot conseiller ou encore robot-investisseur en français, est une technologie apparue aux Etats-Unis à la fin des années 2000. L’objectif ? Utiliser l’intelligence artificielle pour élaborer des algorithmes capables de délivrer des conseils financiers personnalisés et de gérer vos placements financiers.
Au croisement entre technologie et expertise humaine, le robot conseiller va-t-il s’imposer comme la révolution des finances personnelles ?
Robo-advisor : une définition
Un robo-advisor est un système de gestion de portefeuille automatisé, qui utilise des algorithmes pour :
- Arbitrer seul l’allocation des actifs du client (gestion sous mandat) ;
- Ou conseiller des arbitrages au client en fonction de son profil (gestion conseillée).
Quelle que soit l’option choisie, le robo-advisor a pour mission d’optimiser le couple rendement/risque du portefeuille de son client.
Aux Etats-Unis, deux acteurs se partagent le marché : Betterment et Wealthfront.
En France, où cette technologie s’est installée de manière plus récente, les robo-advisors proposent aujourd’hui un modèle hybride, entre algorithmes et conseil humain. Ils sont généralement intégrés à un contrat d’assurance-vie (voir ici un comparatif détaillé).
Comment fonctionne le robo-advisor ?
Le robo-advisor se base sur les réponses fournies par le client à une série de questions. Elles visent à définir son profil de risque. C’est ce qu’on appelle le profilage. Cette étape est importante. Elle permet au robot de déterminer les objectifs financiers du client, son horizon de placement et sa sensibilité au risque de perte.
À noter que le profilage est rendu obligatoire par la directive européenne MiFID II. Si la plateforme que vous utilisez ne le propose pas, détournez-vous en immédiatement.
Une fois le profil client établi, le robo-advisor va proposer plusieurs placements. Il est possible de modifier ces arbitrages préliminaires, et de suivre ou non la proposition du robot. En fonction de l’option choisie (gestion sous mandat ou gestion conseillée), le robo-advisor réalise ensuite des arbitrages sur le portefeuille du client. Pour ce faire, il se base sur plusieurs éléments :
- Le support le plus adapté (il s’agit généralement d’une assurance-vie, mais certains acteurs proposent également d’investir sur un PEA, un PER ou encore un compte-titres) ;
- La sensibilité au risque du client et son horizon de placement (court, moyen ou long terme) ;
- Les fonds d’investissement proposés ;
- Les fluctuations des marchés boursiers.
Quels sont les avantages du robo-advisor ?
- Premier avantage, et non des moindres : les robo-advisors sont peu chers, voire parfois gratuits. Ils sont donc bien plus accessibles qu’un conseiller en gestion de patrimoine. Par ailleurs, ils investissent en majorité via des ETF (Exchange Traded Funds), des fonds d’investissements composés d’actions et d’obligations qui répliquent le cours d’un indice boursier. Or, les ETF sont en moyenne 5 fois moins chers que les OPCVM classiques.
- Ensuite, la technologie déployée par les robo-advisors permet de démocratiser le conseil en gestion de patrimoine. Elle le rend accessible à tous. Les investisseurs débutants disposent ainsi d’un moyen de se lancer sans stress ni prises de risque démesurées.
- Par ailleurs, le robot-investisseur se base uniquement sur des algorithmes. Il n’est pas soumis aux biais ou aux émotions des investisseurs particuliers. Par leur propre comportement et réactions, ils sont susceptibles de prendre de mauvaises décisions.
- Enfin, l’ensemble des robo-advisors proposent un système de suivi de portefeuille. Il permet aux investisseurs de suivre au quotidien leurs investissements. Ils peuvent modifier leur profil s’ils souhaitent prendre davantage de risques.
Quels sont les inconvénients du robo-advisor ?
- Comme toutes les technologies, les robots investisseurs ont leurs failles. Ainsi, le rapport IOSCO Research Report on Financial Technologies (Fintech) de 2017 montre qu’il existe des risques d’erreurs dans les algorithmes utilisés. Les conseils en investissements financiers donnés par le robo-advisor ne seraient donc pertinents que s’il tient compte d’un nombre suffisant de caractéristiques du client. Faute de quoi, ses propositions pourraient ne pas être adéquates.
- Par ailleurs, il est difficile à l’heure actuelle de juger de la performance des robo-advisors. Ils sont dans le paysage financier depuis trop peu de temps. Que se passera-t-il dans des situations critiques, par exemple si un krach boursier survient ? Peut-on leur accorder une confiance totale ?
- Enfin, on peut souligner le fait que les robo-advisors manquent d’une évidente dimension humaine. Certains clients (notamment les investisseurs débutants) pourraient en avoir besoin. Utiliser un tel service est un véritable gain de temps, mais ne permet pas réellement de s’éduquer financièrement.
Et après : votre portefeuille sera-t-il bientôt géré par un robot ?
Quel avenir pour cette technologie qui permet de gérer automatiquement des portefeuilles ? Supplantera-t-elle un jour la main humaine ? En France, seuls quelques acteurs proposent des offres de gestion automatisée, et les conseils délivrés n’égalent pas encore ceux des gestionnaires de patrimoine.
Pour l’instant, avec moins de 100 millions d’encours et moins de 7 000 clients, le marché français des robo-advisors reste plutôt confidentiel. Ce qui ne signifie pas qu’il ne se développera pas dans les années à venir.
Un bémol toutefois : selon un récent rapport de l’ONG Better Finance, les algorithmes des robo-advisors manquent de précision, ce qui signifie que selon les offres, deux investisseurs avec le même profil de risque n’obtiendront pas la même répartition de leurs actifs… ni, de fait, les mêmes performances financières.
Reste que cette technologie de gestion pilotée possède des intérêts bien particuliers. Elle est accessible, parfaitement adaptée aux investisseurs sans expérience et/ou qui manquent de temps, et surtout peu coûteuse. Et si l’on peut déplorer l’absence de dimension humaine (difficile, par exemple, de poser des questions ou d’approfondir un sujet avec un robo-advisor), on peut aussi imaginer une troisième voie, qui serait un hybride entre les forces respectives des conseillers financiers humains et des robo-advisors.
À condition que les algorithmes utilisés soient perfectionnés, il est possible que dans quelques années, on assiste à la naissance de robots investisseurs qui allient connaissance fine du client et de sa situation, et facultés d’analyse et puissance de calcul pour construire une stratégie financière optimisée.
Enfin, dans le contexte économique et écologique actuel, l’impact des investissements est un sujet très important. Une stratégie financière peut également être centrée sur une épargne responsable et durable.