Dans l’univers des carburants alternatifs, les sigles se multiplient et il est parfois difficile de s’y retrouver. GNV, GNL, GNC, GPL… Ces termes désignent tous des gaz utilisés comme carburant, mais leurs compositions, leurs états et leurs usages diffèrent grandement. Pour y voir plus clair, il est essentiel de revenir à la base, le gaz naturel, afin de décrypter ce qui unit et, surtout, ce qui distingue ces différentes solutions pour une mobilité plus durable.
Le gaz naturel (GN) : le point de départ commun
Avant de plonger dans les acronymes, il faut d’abord comprendre le produit de base : le gaz naturel. Il s’agit d’une énergie fossile extraite de gisements souterrains, composée à plus de 90 % de méthane (CH4).
C’est ce même gaz qui est distribué dans les réseaux domestiques pour le chauffage ou la cuisson. Lorsqu’on adapte ce gaz pour l’utiliser comme carburant, on parle alors de Gaz Naturel pour Véhicules (GNV). Il s’agit donc du même produit, mais conditionné différemment pour un usage mobile.
Cette base commune explique pourquoi les véhicules GNV partagent des avantages environnementaux significatifs par rapport aux carburants traditionnels.
À présent que nous avons une compréhension solide du gaz naturel comme matière première, il est temps d’explorer comment il est concrètement utilisé pour propulser nos véhicules.
Le GNV : une famille, deux solutions de stockage
Comme évoqué, l’acronyme GNV signifie simplement « Gaz Naturel pour Véhicules ». Il ne désigne pas une seule forme de gaz, mais plutôt son application : alimenter un moteur. Le GNV est aujourd’hui une alternative mature et de plus en plus populaire au diesel, particulièrement pour les flottes professionnelles (bus, poids lourds, bennes à ordures).
Pour stocker ce gaz à bord d’un véhicule, deux solutions techniques coexistent : la compression (GNC) et la liquéfaction (GNL).
Parmi ces deux méthodes, la compression est la plus courante et la plus adaptée à de nombreux usages.
Le GNC (Gaz Naturel Comprimé) : la solution des trajets courts
Ainsi, le GNC, ou Gaz Naturel Comprimé, est la forme la plus répandue de GNV. Pour le stocker, on maintient le gaz naturel à l’état gazeux mais on le comprime à une très haute pression, généralement entre 200 et 300 bars. Il est conservé dans des réservoirs cylindriques très robustes.
Cette technique permet de stocker une quantité d’énergie suffisante pour les trajets du quotidien. Le GNC est particulièrement adapté aux flottes de véhicules qui effectuent des tournées régulières et retournent à leur dépôt chaque soir pour le ravitaillement, comme les bus de ville, les bennes à ordures ménagères ou les véhicules de livraison.
💡 Astuce : Son autonomie, bien que plus faible que celle du diesel, convient parfaitement à des usages urbains et périurbains.
Si le GNC excelle pour les courtes et moyennes distances, les besoins en transport plus intensifs, notamment pour la longue distance, requièrent une autre approche du stockage.
Le GNL (Gaz Naturel Liquéfié) : l’atout pour la longue distance
Pour répondre à ces exigences, le GNL, ou Gaz Naturel Liquéfié, représente une méthode de stockage radicalement différente. Ici, le gaz naturel est refroidi à une température extrêmement basse, environ -161°C. À cette température, il passe de l’état gazeux à l’état liquide, ce qui réduit son volume de près de 600 fois.
Cet avantage volumétrique majeur permet de stocker une bien plus grande quantité d’énergie dans des réservoirs cryogéniques isolés. Le GNL est donc la solution privilégiée pour les transports lourds parcourant de longues distances, comme les camions de marchandises ou le transport maritime.
Il offre une autonomie comparable à celle du diesel et rend possibles les liaisons nationales ou internationales sans ravitaillements fréquents. Le plein de GNL nécessite cependant des équipements de sécurité spécifiques (gants, protection faciale) en raison des très basses températures.
Après avoir démystifié les différentes formes de Gaz Naturel pour Véhicules, il est crucial d’éviter une confusion fréquente : celle avec le GPL. Bien que tous deux soient des carburants gazeux, leurs caractéristiques et origines divergent.
Attention à la confusion : GNV et GPL, deux univers différents
Comme mentionné, la confusion entre le GNV et le GPL est fréquente. Pourtant, ces deux carburants sont fondamentalement différents, même s’ils sont tous deux des gaz utilisés pour la mobilité.
La distinction la plus fondamentale entre GNV et GPL réside dans leur nature même.
Une composition chimique et une origine distinctes
En effet, la différence la plus importante réside dans leur composition. Le GNV (qu’il soit GNC ou GNL) est composé quasi exclusivement de méthane, issu des gisements de gaz naturel.
À l’inverse, le GPL, ou Gaz de Pétrole Liquéfié, est un mélange d’hydrocarbures légers, principalement du propane et du butane. Le GPL n’est pas extrait directement du sol ; il est un sous-produit issu soit du raffinage du pétrole, soit du traitement du gaz naturel. Il s’agit donc de deux produits aux origines et aux compositions bien distinctes.
Caractéristique | GNV (GNC/GNL) | GPL |
---|---|---|
Composition | Méthane (CH4) | Propane et butane |
Origine | Gisements de gaz naturel | Sous-produit du pétrole |
Pression de stockage | 200-300 bars (GNC) | 1,5-7 bars |
Usage privilégié | Flottes professionnelles | Véhicules particuliers |
Ces dissemblances dans la composition chimique et l’origine ont des implications directes sur la manière dont ces gaz sont stockés et, par conséquent, sur leurs applications privilégiées.
Des conditions de stockage et des usages différents
Comme on peut s’y attendre, ces différences de composition entraînent des modes de stockage et des usages variés. Le GPL se liquéfie sous une pression très faible (entre 1,5 et 7 bars), ce qui le rend facile à stocker dans des réservoirs légers. C’est pourquoi le GPL-c (sa version carburant) est historiquement connu pour les véhicules particuliers et les utilitaires légers.
Le GNV, lui, exige des conditions bien plus contraignantes : une pression très élevée pour le GNC ou une température cryogénique pour le GNL. Cette complexité technique le réserve davantage aux flottes professionnelles et aux véhicules lourds, pour qui l’investissement dans des réservoirs adaptés est plus facilement amortissable.
Le GNV, sous ses formes GNC et GNL, s’affirme donc comme une alternative prometteuse. Mais l’évolution ne s’arrête pas là : une version encore plus durable et tournée vers l’économie circulaire est en plein essor.
Et le BioGNV ? La version 100 % renouvelable
Poursuivant cette logique de durabilité, le BioGNV est la version renouvelable du GNV. D’un point de vue chimique, il est identique au GNV fossile, mais son origine est radicalement différente et vertueuse. Il est produit à partir de biométhane, lui-même issu de la fermentation de déchets organiques (déchets agricoles, effluents d’élevage, biodéchets des ménages).
Ce processus, appelé méthanisation, produit un biogaz qui est ensuite épuré pour obtenir du biométhane, d’une pureté quasi identique à celle du gaz naturel. Le BioGNV permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de près de 80 % par rapport au diesel, en s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire et locale.
Pro tip : Chimiquement identique au GNV, il peut être utilisé dans les mêmes véhicules et les mêmes stations sans aucune modification.
Ayant exploré les différentes facettes du GNV et ses déclinaisons, dont le BioGNV, il est temps de dresser un bilan global sur l’adoption de la mobilité au gaz, en pesant ses atouts face aux défis qu’elle présente.
La mobilité au gaz : quels sont les avantages et les défis ?
En effet, comme toute technologie, la mobilité au gaz présente des points forts et des défis à relever pour se généraliser. Elle représente cependant une des solutions les plus matures pour sortir de la dépendance au pétrole dans le secteur des transports.
- Un avantage écologique prouvé : Les moteurs au GNV émettent jusqu’à 50 % de moins d’oxydes d’azote (NOx) et quasiment aucune particule fine par rapport au diesel. De plus, ils sont deux fois moins bruyants, un atout majeur en milieu urbain. Le passage au BioGNV amplifie ces bénéfices en réduisant drastiquement l’empreinte carbone.
- Des économies à l’usage : Le GNV est généralement moins cher à la pompe que l’essence ou le gazole. Cet avantage économique permet d’amortir le surcoût à l’achat d’un véhicule GNV, surtout pour les professionnels qui parcourent de nombreux kilomètres.
- Une technologie mature et disponible : Contrairement à d’autres alternatives encore en développement, le GNV est une solution éprouvée, avec une large gamme de véhicules disponibles chez les constructeurs, allant de l’utilitaire léger au poids lourd de 44 tonnes.
- Une infrastructure en construction : Bien que le réseau de stations GNV publiques se développe rapidement, il reste moins dense que celui des carburants traditionnels. Cela peut représenter une contrainte pour les longs trajets non planifiés, même si ce réseau est de plus en plus adapté au transport de marchandises.
- L’encombrement des réservoirs : Les systèmes de stockage, qu’ils soient pour le GNC ou le GNL, sont plus volumineux et plus lourds que ceux pour les carburants liquides. Cela peut légèrement empiéter sur la charge utile ou l’espace disponible dans le véhicule.
À retenir
- GNV : Gaz Naturel pour Véhicules, composé de méthane. C’est le terme générique.
- GNC : Gaz Naturel Comprimé. Stocké à haute pression, idéal pour les flottes locales (bus, bennes à ordures).
- GNL : Gaz Naturel Liquéfié. Stocké à très basse température (-161°C), parfait pour le transport longue distance (camions).
- GPL : Gaz de Pétrole Liquéfié (propane/butane). C’est un sous-produit du pétrole, à ne pas confondre avec le GNV.
- BioGNV : La version renouvelable du GNV, issue de déchets organiques. Il réduit jusqu’à 80 % des émissions de CO2 par rapport au diesel.