L’industrie de l’aéronautique entretient une relation complexe avec l’écologie et le développement durable. Si les professionnels de ce secteur ont conscience de la nécessité de protéger l’environnement, le fait est que les innovations permettant de décarboner les transports terrestres ne sont d’aucun secours dans les airs. Moteurs électriques, panneaux solaires, batteries, piles à hydrogène…
Toutes ces technologies ne permettent pas, à l’heure actuelle, de faire voler des avions. Pour autant, il n’est pas exclu que le transport aérien devienne plus vert. En effet, des solutions apparaissent pour que la décarbonation de l’industrie devienne un jour effective.
Voici ce que l’on sait à l’heure actuelle.
Quel est l’impact du secteur aéronautique sur la planète ?
Les émissions carbone générées par le secteur de l’aéronautique représentent environ 2% des émissions mondiales (chiffres de l’Organisation de l’aviation civile internationale). Un pourcentage qui pourrait cependant se rapprocher des 3%, selon l’ADEME. Et qui risque d’augmenter avec la croissance du trafic aérien…
Les faits sont là. En termes d’émissions de CO2 par voyageur et par kilomètre, l’avion est en tête des transports les plus polluants. À titre d’exemple, le bilan carbone d’un aller-retour Paris-New York est de 1 tonne de CO2, ce qui correspond à un trajet de 6000 km avec une voiture au diesel.
Si l’on souhaite que le réchauffement de la terre ne dépasse pas les 2 degrés d’ici 2050, l’émission moyenne de CO2 pour un Terrien ne devrait pas dépasser plus de 2,1 tonnes par an…
Selon un rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement, le train est le moyen de transport le moins polluant. Le rapport établit les bilans carbone respectifs des modes de transports les plus utilisés, par passager et par kilomètre :
- Train : 14 grammes de CO2
- Petite voiture de ville : 42 grammes de CO2
- Voiture (standard) : 55 grammes de CO2
- Bus : 68 grammes de CO2
- Avion : 285 grammes de CO2.
On voit donc que l’avion se place largement en tête ! Pour autant, ces chiffres doivent être (un peu) nuancés. En France, la principale source d’émissions de gaz à effet de serre est le transport. Il représente 39 % des émissions totales. Mais, parmi les différents moyens de transport qui existent, l’impact carbone du transport aérien se classe derrière celui de la voiture.
Par ailleurs, selon l’International Transport Forum, les transports urbains (ce qui inclut les transports en commun et les voitures) ont émis en 2015 un total de 2 200 millions de tonnes de CO2, contre 1711 pour les transports de surface non urbains (trains, bus), 445 pour les vols internationaux 445 et 312 pour les vols domestiques.
La cohérence doit cependant rester de mise. Par exemple, pour faire un trajet Paris-Bordeaux ou Paris-Marseille, mieux vaut prendre le train que sauter dans un avion…
Est-il possible de décarboner les vols ?
C’est une question qui se pose avec une acuité particulière. La réponse est oui, mais il faudra du temps pour que la décarbonation s’opère à grande échelle. Ainsi, des progrès ont été réalisés avec l’utilisation de moteurs électriques alimentés par des batteries. Mais (pour l’instant en tout cas) ils ne peuvent être utilisés que sur des petits trajets.
Dans un avenir proche, les vols électriques ne concerneront donc que les court-courriers. Aucune batterie n’est à ce jour capable de faire voler un avion de type Boeing 747. Selon David Alexander, directeur des normes aérospatiales à SAE International, il faudrait pour faire décoller un avion commercial la puissance de 4,4 millions de batteries d’ordinateurs portables. Or, l’appareil ne pourrait pas quitter le sol, puisque les batteries pèseraient sept fois plus lourd que lui…
Reste que, depuis les débuts de l’aviation commerciale, l’industrie aéronautique a accompli de nombreux progrès pour fabriquer des avions toujours moins polluants. Le problème réside tout particulièrement dans l’augmentation du trafic aérien, qui accroît les émissions carbone dues aux vols.
Une autre solution peut alors être trouvée dans le recours aux avions à hydrogène. Ceux-ci sont viables sur les vols court et moyen-courrier, ce qui pourrait réduire une partie des émissions de CO2. Ces avions, dont l’autonomie serait moindre que ceux qui utilisent du kérosène, pourraient représenter un tiers du trafic aérien commercial à partir de 2035. C’est la date à laquelle il est prévu qu’ils entrent en service, selon le constructeur Airbus qui mise beaucoup sur l’avion à hydrogène.
Enfin, il est possible de réduire de 5 à 10% les émissions de CO2 des trajets aériens. Et ce en optimisant la trajectoire des avions, notamment grâce à des algorithmes spécifiquement conçus.
Et ce n’est pas tout…
Le biocarburant est-il une solution d’avenir ?
Ces derniers mois, de grands constructeurs comme Boeing et Airbus ont annoncé la création de filières biocarburant. La promesse ? Faire voler une partie de leur flotte avec 100% de biocarburant d’ici 2030. Il s’agit de carburant liquide issu de la transformation de matières végétales, comme la betterave, le colza ou la pomme de terre, moins polluant que le carburant fossile.
Si l’utilisation de carburants durables se heurte à certains problèmes logistiques (ils sont ainsi beaucoup plus chers que leurs homologues fossiles), ces derniers n’en restent pas moins une option intéressante, qui peut être déployée à grande échelle. Reste à trouver le moyen de production adéquat !
Quoi qu’il en soit, en 2021, un petit avion de voltige a volé pendant une heure avec un réservoir rempli de biocarburant issu de jus de betterave. Lors de cette première mondiale, il a relié la ville de Sarrebruck (Allemagne) à Prunay en Champagne. Selon le pilote qui était aux commandes, “aucune différence ni aucune anormalité n’ont été notées, donc cela présage du meilleur”.
Un autre vol, long-courrier cette fois, a également été réalisé en 2021. Opéré par la compagnie aérienne Air France, il reliait Paris à Montréal. Son réservoir contenait une partie de biocarburant issu d’huiles de cuisson usagées.
Des vols expérimentaux qui répondent à un impératif législatif, la loi française prévoyant l’incorporation de 1% de biocarburant sur tous les vols au départ de la France à partir de 2022. Un chiffre qui montera à 2% à horizon 2025, puis 5% en 2030.