Malgré la faible dépendance de la France au gaz, le pays subit de plein fouet la hausse des tarifs de l’électricité. Cela en raison de la flambée des cours des hydrocarbures. Cette situation a priori paradoxale s’explique pourtant, à commencer par l’interdépendance des marchés européens. Mais d’autres facteurs peuvent également expliquer cette hausse des prix.
Quels sont-ils ? L’augmentation des tarifs de l’électricité est-elle inéluctable ? Va-t-elle s’inscrire dans la durée ? Lendopolis répond aux questions que vous vous posez.
Hausse des prix de l’électricité : quelle est la situation actuelle ?
Le prix de l’énergie augmente
Depuis plusieurs mois, le prix de l’électricité est en forte hausse. En France, le prix de gros du MWh était à 103,88 euros début septembre 2021, contre 45,02 euros début mars. Il est actuellement à plus de 140 euros le MWh.
Une nouvelle augmentation de 12% est par ailleurs prévue pour le début de l’année 2022. Plus généralement, les tarifs régulés de l’électricité ont augmenté de 3 à 8% par an depuis 2012.
À quoi est due cette augmentation ? Ainsi que nous l’avons vu dans l’introduction, la hausse globale du prix de l’énergie est liée à plusieurs phénomènes. Elle peut s’expliquer par la forte reprise économique post-Covid-19. En effet, en Asie notamment, la demande en gaz, en charbon et en pétrole est montée en flèche.
La France et les marchés européens
En second lieu, la France reste dépendante des prix sur les marchés européens de l’électricité à court terme. Et ce malgré l’importance de son parc nucléaire (notre pays produit 93% de son électricité localement et ne dépend du gaz importé que pour moins de 7%).
Une autre raison tient dans la hausse des coûts de production de l’électricité. Elle nécessite de nombreux investissements (dans le maintien du parc nucléaire, le développement de l’éolien en mer, etc.).
Les énergies fossiles influentes
Enfin, une large partie de l’électricité mondiale étant produite avec des énergies fossiles, dont le gaz, l’augmentation des prix de ce dernier a nécessairement une influence sur le coût de production de l’électricité, et donc sur ses tarifs.
Certes, on a vu que l’électricité produite en France l’était en grande majorité grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables. Mais l’interdépendance des marchés aboutit à une situation où les prix de l’énergie impactent tous les pays. D’autant que les fournisseurs s’approvisionnent sur un marché européen de gros.
Ainsi, les prix du marché de l’électricité dépendent du coût nécessaire à la mise en route des centrales pour répondre à la demande. S’il s’agit d’une centrale à charbon ou à gaz, les prix de l’électricité seront donc indexés en fonction. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a d’ailleurs affirmé que le système européen était “obsolète”, en raison de l’alignement des prix de l’électricité sur les prix du gaz.
Pourquoi les prix du gaz augmentent-ils ?
Nous l’avons vu : la hausse du prix de l’électricité est étroitement liée à celle du gaz. Celle-ci est liée à la reprise économique qui a entraîné une explosion de la demande en gaz, mais aussi à une forte inadéquation entre l’offre et la demande.
Cette tension fait donc monter les prix, chaque pays cherchant à s’approvisionner malgré la pénurie. La France, qui ne produit pas de gaz, souhaite renflouer ses stocks, et ce d’autant plus que l’hiver 2020 a été rude. Les capacités de stockage avaient alors fortement diminué, jusqu’à atteindre un seuil particulièrement bas, de l’ordre de – 30% de leur niveau habituel à la fin de l’hiver.
Dans le même temps, la production de gaz naturel européen est en recul depuis plusieurs années. Les Pays-Bas, principal producteur de gaz dans l’Union européenne, voient à ce titre leur production décliner fortement depuis l’an dernier. Le résultat : des difficultés d’approvisionnement en Europe.
La conjugaison de ces multiples facteurs aboutit donc à une augmentation des prix du gaz. Cela se répercutent ensuite sur les prix de l’électricité.
Quelles sont les perspectives pour 2022 ?
Dans ce contexte, le gouvernement a annoncé bloquer les prix du gaz pour toute l’année 2022. Ce « bouclier tarifaire » devrait permettre de faire face à l’augmentation exponentielle des tarifs, du moins à court terme. Pour justifier ce gel des prix d’un an, qui devait initialement prendre fin en avril 2022, le 1er Ministre Jean Castex a expliqué que la décrue des prix serait plus lente que prévu, d’où la nécessité d’une intervention des pouvoirs publics.
Quant à l’électricité, les prix continuent de grimper sur les marchés de gros. Cette hausse laisse présager une très forte augmentation des tarifs réglementés. Le gouvernement a donc également réagi, en annonçant limiter à 4 % la prochaine hausse des prix de l’électricité prévue au mois de février 2022. Ce plafonnement de la hausse des prix couvrira toute l’année 2022.
Et après ? À compter de l’année 2023, le prix du gaz devrait revenir aux consommateurs un peu plus cher que les cours du marché, pour que les opérateurs puissent récupérer les sommes payées en plus pendant l’hiver. Par ailleurs, à partir du 1er juillet 2023, l’ensemble des tarifs réglementés de gaz naturel sera supprimé au profit des offres de marché.
Quelles aides pour affronter la hausse des prix de l’électricité ?
Au-delà du « bouclier tarifaire » dont l’objectif est de limiter la hausse des prix du gaz et de l’électricité, le gouvernement a mis en place une aide exceptionnelle destinée aux foyers qui bénéficient du chèque énergie.
Ce chèque, compris entre 48 et 277 euros en fonction des revenus du foyer, permet d’offrir un coup de pouce pour le règlement des factures d’énergie. Le dispositif sera complété par le versement automatique d’un chèque supplémentaire de 100 euros en décembre 2021. Appelé “indemnité inflation”, il est destiné à tous les Français gagnant moins de 2000 euros net par mois. Enfin, certains opérateurs se mobilisent pour aider les foyers en difficulté dans le règlement de leurs factures. Engie propose, par exemple, un échelonnement des paiements.