La pollution de l’air, aussi appelée pollution atmosphérique, est une modification de la composition de l’air par différents polluants. La campagne est aussi touchée que la ville. Ainsi, on estime qu’un être humain sur deux est exposé à une dégradation de son air, due à la pollution et au changement climatique.
Mais quelles en sont les raisons ? Cette dégradation a-t-elle des conséquences sur notre santé ? Et comment peut-on agir collectivement pour lutter contre cette pollution ?
Pollution de l’air : une définition
La pollution de l’air est constituée par un mélange complexe de gaz et de particules en suspension dans l’air, qui peuvent être :
- Chimiques : ozone, dioxyde de soufre, métaux, composés organiques volatils (COV), hydrocarbures, etc.
- Physiques : ce sont par exemple les particules fines, qui sont des poussières et des résidus de combustion en suspension dans l’air ambiant.
- Biologiques : pollens, moisissures, etc.
On distingue généralement les polluants primaires, qui proviennent de sources variables et sont rejetés directement par l’être humain (dioxyde de carbone, métaux lourds, etc.) et les polluants secondaires. Ces derniers se forment au sein de l’atmosphère par l’interaction des polluants entre eux. Par exemple, l’ozone provient de la transformation de l’oxygène lorsque celui-ci interagit avec d’autres gaz à une température élevée.
Les polluants de l’air proviennent en majorité des activités humaines. Qu’il s’agisse de l’agriculture, de la production d’énergie, ou encore des transports. Ils sont en minorité issus de phénomènes d’origine naturelle : éruptions volcaniques, érosions des sols, vents de sable du Sahara, etc.
La pollution de l’air est devenue un enjeu de santé publique. Elle tue chaque année près de 5,5 millions de personnes dans le monde. Cela en fait le 4ème facteur de décès prématuré sur Terre.
Mais elle n’est pas un phénomène récent. Le philosophe romain du 1er siècle, Sénèque, se plaignait déjà de l’air pollué de Rome !
Il est vrai, cependant, que la pollution de l’air s’est intensifiée ces dernières décennies. Et ce, en raison de la concentration humaine dans les villes, de la massification de l’agriculture, de l’expansion du transport routier et des combustions de matériaux à usage industriel, domestique, industriel, etc.
Quelles sont les principales causes de la pollution de l’air ?
La pollution de l’air revêt de nombreuses formes. Il n’y a pas un, mais plusieurs responsables ! En effet, tous les secteurs d’activité sont susceptibles d’émettre des polluants atmosphériques. L’industrie, le transport (routier, aérien, fluvial), les chantiers, le chauffage, le traitement des déchets, l’agriculture… À ce titre, il est intéressant de noter que le secteur agricole est responsable de 98 % des émissions d’ammoniac (un polluant de l’air qui génère des particules fines) et 50% des émissions de méthane en France.
Les polluants mesurés dans l’atmosphère sont donc ceux qui sont directement émis sources, mais aussi ceux qui résultent de réactions entre composants chimiques : ce sont les polluants dits secondaires.
Il est à noter que les polluants ne sont pas uniquement présents en extérieur. On les retrouve également dans les milieux intérieurs (les bâtiments qui accueillent du public, nos propres logements…), d’où l’importance d’aérer régulièrement.
Le saviez-vous ? Le confinement de mars 2020, décrété en réponse à l’épidémie de Covid-19, a eu un impact notable sur la qualité de l’air. Les restrictions imposées ont en effet réduit l’activité humaine et économique, ce qui a conduit à une forte diminution des émissions de polluants atmosphériques, issus notamment de l’industrie et du trafic routier.
Quels sont les impacts de la pollution atmosphérique sur la santé ?
Selon l’OCDE, à l’échelle mondiale, la pollution de l’air pourrait causer entre 6 et 9 millions de décès prématurés d’ici 2060. En Europe, cela représente environ 400 000 décès par an.
La pollution de l’air en France est la troisième cause de mortalité après le tabac et l’alcool. On compte environ 48 000 morts par an. Cela correspond à 9% de la mortalité totale de notre pays. Cela n’a rien d’étonnant. Chaque jour, nous inhalons en moyenne 15 000 litres d’air. Avec cela, de nombreuses particules microscopiques qui se diffuseront ensuite dans notre sang.
Depuis 2013, les particules de l’air extérieur sont classées cancérogènes pour l’être humain par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Concrètement, l’exposition à la pollution atmosphérique est associée à un risque accru de cancer. Notamment de cancer du poumon, mais aussi de cancer de la vessie. Ce n’est pas tout : l’augmentation constatée des arrêts cardiaques serait aussi liée à la prolifération des particules fines.
À cette mortalité s’ajoutent des maladies chroniques : asthmes, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, etc.
Quelles mesures visent aujourd’hui à réduire la pollution de l’air ?
Le tableau que l’on vient de dresser est plutôt décourageant. A-t-on de quoi garder espoir ? Existe-t-il des politiques publiques qui œuvrent pour lutter contre la pollution de l’air ?
En France, c’est le Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PRÉPA) qui fixe la stratégie de l’État pour réduire les émissions de polluants au niveau national. Il contient des objectifs chiffrés de réduction des émissions des principaux polluants à l’horizon 2025 et 2030. Ils visent aussi à respecter les engagements de la France au niveau européen.
Parmi les mesures mises en œuvre par le PRÉPA : le développement des mobilités douces, la mise en place dans certaines métropoles de zones à faibles émissions (ZFE), l’incitation à utiliser des véhicules les moins polluants, l’incitation à la rénovation thermique des bâtiments, le recul progressif dans le secteur agricole de l’usage de matériels d’épandage de pesticides, etc.
Cela sera-t-il suffisant ? Pour l’instant, l’État français ne s’est pas vraiment distingué par son engagement en faveur de la réduction de la pollution de l’air. Le 17 octobre 2022, il a ainsi été condamné par le Conseil d’État à verser une astreinte financière de 20 millions d’euros pour son inaction dans la réduction de concentrations de dioxyde d’azote (NO2) dans douze zones particulièrement polluées.
Dans son délibéré, le Conseil d’État écrit :
À ce jour, les mesures prises par l’État ne garantissent pas que la qualité de l’air s’améliore de telle sorte que les seuils limites de pollution soient respectés dans les délais les plus courts possibles.
L’État français avait déjà dû payer une astreinte de 10 millions d’euros en août 2021. Une somme versée conjointement à l’Agence de la transition écologique (Ademe), à des associations de surveillance de la qualité de l’air, ou encore au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).