À l’heure actuelle, 50 % de la population mondiale vit dans des villes. D’ici 2050, on prévoit que cette part sera de 70 %. Or les villes sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales alors qu’elles ne représentent que 2 % de la surface terrestre. Ainsi, il y a donc un travail essentiel à faire sur les villes pour limiter notre impact sur l’environnement. Pour ce faire, certains préconisent de s’appuyer sur la collecte de données et la technologie. C’est ce qu’on appelle la Smart City. Qu’est-ce que ce concept ? Quels sont ses piliers ? Comment se concrétise-t-il ? Tour d’horizon.
Une Smart City : qu’est-ce que c’est ?
Une Smart City est une ville intelligente où l’on optimise tout pour le bien-être des habitants, la bonne santé économique et le bon fonctionnement. Hong-Kong et Singapour sont notamment des villes pionnières de ce concept depuis plusieurs décennies. Par exemple, Singapour a mis en place le projet Supertrees. Il s’agit d’arbres artificiels d’une hauteur de 50 mètres qui servent de modérateurs de température, récoltent l’eau de pluie et éclairent les rues. Ce dispositif montre comment la technologie peut améliorer la vie dans la ville, avec de multiples fonctionnalités.
Comment devenir une Smart City ?
Être une Smart City, c’est avant tout un état d’esprit qui guide les politiques publiques menées par la ville. Les dirigeants utilisent la donnée et la mettent au service des politiques mises en place, dans le but d’améliorer le bien-être de tous dans la ville et de mieux répondre aux besoins des habitants. Ces données doivent être traitées avec transparence, sans que ceci n’interfère avec la vie privée des habitants. Préserver l’environnement et les ressources naturelles est également au coeur du modèle de la Smart City.
N’importe quelle ville peut donc être considérée comme une Smart City à partir du moment où elle applique ces différents principes de politiques urbaines.
Les piliers de la Smart City
Dans le concept de la Smart City, différents piliers sont essentiels. Parmi eux, on compte :
- La mobilité intelligente : la Smart City doit disposer de transports durables et connectés. Les politiques menées doivent tout faire pour diminuer au maximum l’impact environnemental des transports. Par exemple, on peut utiliser des données en temps réel pour fluidifier la circulation dans la ville.
- Une économie plus intelligente : la Smart City est dynamique économiquement. Elle utilise des données pour prendre les bonnes décisions sur ce plan, tout en privilégiant au maximum le développement local.
- La donnée est mise au service de la ville : elle est collectée de façon transparente et utilisée pour le bien commun afin que la ville s’adapte au maximum aux besoins de chacun de ses habitants.
- Le bien-être des habitants est une priorité : toute cette démarche vise à créer une ville qui s’adapte le mieux possible à ses habitants.
La donnée, centrale dans la Smart City
Dans la Smart City, la récolte de données est un enjeu majeur, tout comme son traitement efficace, le tout dans le respect de la vie privée de chacun. En effet, la donnée peut être un levier très efficace pour optimiser les politiques de développement urbain, mais ceci doit se faire sans que ce soit au détriment de la transparence et de la vie privée. Et il faut également traiter ce volume de données de façon intelligente afin qu’elles soient réellement utiles. Les défis sont donc importants.
La Smart City en pratique
De nombreuses villes mènent des initiatives liées au concept de Smart City. Par exemple, en Corée du Sud, la ville nouvelle de Songdo est un quartier ultra-moderne constitué de bâtiments très performants sur le plan environnemental. Des capteurs ont également été installés sur les routes et sur les édifices afin de mesurer le trafic pour adapter les transports aux besoins locaux. D’autres capteurs servent également à réaliser des économies d’énergie.
Mais il existe aussi des exemples de Smart City de moindre ampleur. Par exemple, Barcelone a équipé 1100 lampadaires de la ville avec des LED en 2014 afin de réduire son utilisation d’électricité. La ville a également installé des capteurs à proximité des lampadaires pour réduire l’intensité lumineuse lorsque personne n’est à proximité. Grâce à ces différentes initiatives, les dépenses de la ville en matière d’éclairage urbain ont diminué de 30 %.
En France, des initiatives Smart City fleurissent également. Par exemple, la ville de Rennes teste l’autoconsommation à l’échelle de tout un quartier. Au Havre, des capteurs veillent au bon respect des temps de stationnement en zone bleue. On peut également mentionner Strasbourg qui développe son 3e éco-quartier.
Globalement, les initiatives de Smart City peuvent revêtir différentes formes. En voici quelques exemples :
- Des capteurs peuvent permettre de surveiller les réseaux d’énergie ou d’eau pour répondre au plus vite aux pannes et aux fuites.
- En observant le niveau de pollution dans la ville, on peut prévenir plus efficacement les pics de pollution.
- Des feux de circulation intelligents peuvent permettre d’optimiser la circulation.
- Grâce à des parkings intelligents, on peut connaître leur taux de remplissage en temps réel.
La smart city, un concept également critiqué
La collecte des données
Sans collecte de données, il ne peut pas réellement y avoir de Smart City si l’on s’en tient au concept dans son sens le plus strict. Ce point soulève des critiques liées aux risques de dérives en termes de vie privée pour les habitants de ces villes. En effet, comment ces données sont-elles utilisées ? Quelles sont les personnes et les entreprises qui peuvent y avoir accès ? Peuvent-elles être revendues ? Enfin, les risques de piratage génèrent également des préoccupations.
Un impact environnemental pas si limité
Sur le plan environnemental, la Smart City est également critiquée. En effet, collecter et analyser ces données est gourmand en énergie. Il faut ensuite stocker ces données, ce qui consomme encore de l’électricité. C’est pourquoi certains préconisent plutôt un modèle de “dumb city”, une ville où l’on aurait moins recours à la technologie et où tout serait fait pour réduire au maximum notre impact sur l’environnement.
La Smart City soulève des contestations
Face à ces contestations, certains projets de Smart City sont freinés, voire totalement à l’arrêt. Par exemple, Sidewalks Lab, la société soeur de Google, devait créer un quartier technologique à Toronto. Mais, il y a quelques semaines, le projet a été totalement annulé. Si la première raison invoquée est celle du Covid, ayant un impact budgétaire, les contestations contre le projet étaient déjà très fortes.
Lancé il y a 2 ans et demi, ce projet devait réaménager une zone portuaire de 5 hectares. Au sujet du traitement des données, des zones d’ombre sont apparues : de tierces personnes auraient pu avoir accès à des informations non-anonymisées des habitants. On note toutefois que certaines propositions étaient intéressantes : des robots auraient géré la distribution des colis et le ramassage des déchets, les pistes cyclables auraient été chauffées en hiver, de nombreux espaces auraient pu être modulables en fonction des besoins du quartier, etc. Mais la Smart City selon Google ne verra pas le jour pour l’instant !
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