Depuis quelques mois, impossible d’y échapper : le terme de sobriété énergétique est sur toutes les lèvres.
La prise de conscience relative à la nécessité de réduire notre consommation d’énergie s’est renforcée avec la guerre en Ukraine (elle mis au jour notre dépendance au gaz russe). La prise de conscience s’est aussi renforcée avec la virulence des changements climatiques (qui nous prouvent que nous produisons et consommons trop).
Mais qu’est-ce que la sobriété énergétique exactement ?
Quelles décisions politiques ont-elles été prises à ce sujet ?
À quelles répercussions faut-il s’attendre sur nos quotidiens ?
Qu’est-ce que la sobriété énergétique ?
On retrouve la notion de sobriété énergétique pour la première fois dans la loi du 17 août 2015. Cette loi est relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
Concrètement, il s’agit d’une démarche visant à réduire les consommations d’énergie. Et cela par un changement de mode de vie tant individuel que collectif.
De manière plus globale, elle concerne aussi la modération dans la production et la consommation de biens et services qui nécessitent des ressources énergétiques.
Il faut distinguer la sobriété énergétique de la transition énergétique et de l’efficacité énergétique.
La transition énergétique désigne le passage d’un système de production et de consommation basé essentiellement sur les énergies fossiles, à un système basé sur un mix énergétique qui privilégie les énergies renouvelables.
Quant à l’efficacité énergétique, il s’agit de réduire les consommations d’énergie d’un objet ou d’un système (véhicule, bâtiment…) en recourant à des techniques et/ou des équipements particuliers. En d’autres termes, on optimise la consommation de l’énergie pour obtenir le même service.
Pourquoi la sobriété énergétique est un sujet important ?
Impossible d’ignorer, à l’heure actuelle, les effets du dérèglement climatique.
En 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estimait que la combustion d’énergie fossile représentait 36,3 milliards de tonnes d’émissions de CO2.
Un chiffre record. Il confirme l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre – issue pour partie de la consommation d’énergie mondiale.
En France, il est estimé que deux tiers des émissions de CO2 sont causés par la consommation d’énergie.
La guerre en Ukraine et le recul de la production nucléaire française font peser des risques de coupures d’énergie cet hiver. Ce qui pousse l’exécutif à inciter les Français à plus de sobriété.
La sobriété énergétique permet de réduire les consommations d’énergie. Elle permet aussi de diminuer les émissions de gaz à effet de serre grâce à l’adoption d’un mode de vie plus responsable.
Pour l’atteindre, plusieurs moyens sont possibles (la liste est évidemment non exhaustive !) :
- La rénovation des bâtiments pour réduire leur consommation d’énergie ;
- La mutualisation de certains équipements (ex : le covoiturage) ;
- L’usage du vélo ou de la marche sur des trajets courts, plutôt que de la voiture ;
- La diminution des déplacements non nécessaires ;
- La mise en place d’écogestes (éteindre les appareils en veille, baisser le chauffage, décaler l’utilisation des appareils électroménagers aux heures “creuses”, etc.) ;
- La réduction de l’éclairage public.
La sobriété énergétique permet de réduire significativement et à très court terme les consommations de gaz, pétrole et électricité quasiment sans investissement.
Negawatt
Saviez-vous que baisser la température d’une pièce d’un degré permettait de réduire sa consommation de chauffage de 7 à 8 % ?
Les mesures annoncées par le gouvernement
Jeudi 6 octobre, le gouvernement a dévoilé son plan de sobriété énergétique.
L’objectif est de réduire la consommation énergétique de 10%, notamment pour réduire les risques de coupures d’électricité cet hiver.
C’est aussi une première étape pour atteindre un objectif plus ambitieux de réduction de la consommation d’énergie de 40%, à l’horizon 2050.
Parmi les mesures annoncées, voici les plus importantes :
- La baisse de la température dans les bâtiments et lieux publics (le chauffage sera limité à 19 °C)
- La suppression de l’eau chaude dans les sanitaires des bâtiments publics (sauf si le personnel, en raison de ses conditions de travail, a besoin de prendre des douches)
- Un investissement de 150 millions d’euros supplémentaires dans la rénovation des bâtiments publics
- Une diminution de l’éclairage public : les publicités lumineuses sont désormais interdites entre 1h et 6h du matin, à l’exception des aéroports, gares et stations de métro
- La mise en place d’un fonds vert de 1,5 milliard d’euros à destination des collectivités locales
- Une incitation financière au covoiturage (un bonus qui devrait être mis en place en janvier 2023).
Et dans l’Union européenne ? Pour l’instant, chaque État membre décide de ses propres mesures de sobriété énergétique. En attendant un éventuel plan à l’échelle globale ?
En Espagne, par exemple, l’éclairage des vitrines des magasins doit être coupé dès 22 heures. L’Allemagne, quant à elle, impose une réduction de l’utilisation de l’eau chaude sanitaire dans les bureaux. Elle impose aussi ainsi une réduction de l’illumination des monuments publics.
Les conséquences de la sobriété énergétique sur nos vies quotidiennes
Pour l’instant, la vie quotidienne des Français ne devrait pas être réellement impactée par les mesures de sobriété énergétique.
En effet, ces dernières ciblent spécifiquement les entreprises et collectivités publiques.
Ce qui ne signifie pas qu’il n’est pas nécessaire de faire des efforts. En effet, face aux défis de la crise écologique et énergétique, chaque individu doit se montrer responsable.
Comme l’explique la campagne de communication lancée le 10 octobre dernier par le gouvernement, “chaque geste compte”.
Cette campagne met en avant les écogestes à adopter au quotidien. Comme diminuer la température de son logement, utiliser des ampoules LED, privilégier le vélo plutôt que la voiture, etc.
D’autre part, dans le cadre de son plan de sobriété énergétique, le gouvernement souhaite “encourager le recours au télétravail afin d’économiser sur les déplacements et d’optimiser l’usage des bâtiments.”
De quoi normaliser encore plus le travail à distance, qui s’est particulièrement développé depuis la crise du Covid-19 ? L’avenir le dira.
Pour aller plus loin :