400 gigawatts : c’est le potentiel d’installation de parcs solaires flottants dans le monde, selon une étude de la Banque Mondiale. Une technologie très intéressante dans le monde des énergies renouvelables, donc. Mais en quoi consiste cette technologie novatrice ? Et comment est-elle implantée en France et à l’étranger ? Voici tout ce que vous devez savoir sur le solaire flottant dès maintenant.
Qu’est-ce que le solaire flottant ?
Le solaire flottant désigne les installations de panneaux solaires qui sont posés sur des étendues d’eau. L’intérêt majeur de cette technologie est que les panneaux solaires flottants évitent les conflits dans l’usage des sols, argument particulièrement intéressant dans un contexte de densité de population très élevée.
Les parcs de panneaux solaires flottants permettent également de valoriser des étendues d’eau. Il s’agit généralement de retenues de barrages, de lacs artificiels, de sites de traitement de l’eau ou de bassins aquacoles.
Cette technologie est encore considérée comme émergente. Elle dispose notamment d’un haut potentiel en Asie, mais également en Europe.
Le solaire flottant en France
En France, le solaire flottant commence à s’installer progressivement comme un mode de production d’énergie prometteur. Dans le Vaucluse, à Piolenc, Akuo Energy a inauguré une centrale de 17 MWc en 2019. Elle est composée de 17 000 panneaux solaires, sur 17 hectares. Cette installation s’ajoute au parc éolien déjà installé dans cette commune de 5000 habitants. Celle-ci devient alors positive en énergie, c’est-à-dire qu’elle en produit plus qu’elle n’en consomme. Des projets similaires sont en cours d’élaboration en Occitanie et dans le Grand-Est.
Une autre installation de centrale solaire flottante a été mise en service en juin 2019, à une trentaine de kilomètres au sud de Lyon. Elle est portée par la CNR. Il s’agit du premier parc solaire flottant de la région Auvergne-Rhône-Alpes, installé sur un lac d’irrigation et dispose d’une puissance totale de 230 kWc. Il s’agit surtout d’un projet de démonstration, de petite ampleur, afin d’étudier davantage cette technologie et son impact sur l’écosystème qui l’entoure.
Le solaire flottant dans le monde
En Asie
À l’échelle mondiale, on observe que certains pays misent déjà sérieusement sur ce mode de production d’énergies renouvelables. Ciel et Terre est une PME française, leader mondial de cette technologie. L’entreprise a déjà développé 125 fermes solaires dans le monde, dont une grande majorité au Japon. Pourquoi ce pays ? Sa géographie le contraint beaucoup dans l’utilisation des sols. Le solaire flottant présente donc un intérêt non-négligeable. Ainsi, c’est au Japon que l’on trouve 80 % du total des centrales solaires flottantes en service.
Toujours en Asie, le projet de plus grande centrale solaire flottante au monde va voir le jour en Corée du Sud, avec une puissance de 2,1 GWc alors que la capacité totale actuellement installée dans le monde pour cette technologie est de 1,1 GW. Ce projet est colossal par rapport aux autres projets en construction, comme le parc solaire flottant d’une puissance de 330 MWc en Australie, composé de 1,3 million de panneaux solaires.
Mais la Chine n’est pas en reste non plus, avec également un grand nombre de centrales. Le pays valorise notamment ses lacs artificiels qui se sont formés suite à l’abandon d’anciennes mines de charbon. L’eau de ces lacs est très polluée, ce qui rend ces étendues d’eau inutilisables.
En Europe
En Europe, les projets fleurissent mais sont de taille plus modeste. Par exemple, en Belgique, une centrale solaire flottante a été inaugurée il y a 3 ans sur un bassin servant de réserve pour une entreprise spécialisée dans les surgelés de légumes. Cette installation, d’une puissance de 1 MWc, est composée de 3120 panneaux solaires flottants. Elle permet d’assurer 2,5 % de la consommation électrique totale de l’usine.
Aux Pays-Bas, un archipel de 15 îles composées de 73 000 panneaux solaires flottants verra le jour en 2020. Ces panneaux seront orientables et pourront donc suivre la trajectoire du soleil afin d’optimiser leur rendement. Ce dernier devrait être 30 % supérieur à celui de panneaux fixes.
Les points forts du solaire flottant
Actuellement, les centrales solaires flottantes sont surtout installées sur des étendues d’eau artificielles. Elles permettent donc de valoriser des espaces non-naturels, tout en faisant baisser la température de l’eau et donc en limitant l’évaporation.
Le solaire flottant présente également d’autres avantages par rapport au solaire au sol ou sur toiture. Son coût d’installation est notamment un peu inférieur. Ainsi, la rentabilité d’une installation de ce type peut potentiellement être meilleure que celle des autres types de fermes solaires.
Les panneaux solaires flottants sont moins inclinés que ceux installés au sol car il est important de réduire leur prise au vent. En revanche, le fait qu’ils soient sur l’eau permet de les refroidir facilement, ce qui augmente leur rendement.
Enfin, le centre des grandes étendues d’eau n’est jamais à l’ombre. Cet emplacement bénéficie donc d’un ensoleillement maximal, accentué par des effets de réverbération.
L’impact environnemental du solaire flottant
Même si le solaire flottant présente de nombreux avantages, il existe encore quelques inquiétudes au sujet des risques liés à la faune et aux écosystèmes naturels. En effet, certains craignent notamment que les panneaux solaires créent une zone d’obscurité qui empêcheraient le développement du phytoplancton, ce qui perturberait la chaîne alimentaire des lacs. Les oiseaux migrateurs pourraient également être perturbés.
En réalité, ces risques sont assez maîtrisés. En effet, les panneaux solaires flottants ne sont pas installés sur n’importe quelle étendue d’eau. Il s’agit souvent de lacs industriels ou de bassins artificiels, contenant des eaux polluées ou biologiquement “mortes”.
Selon Ciel et Terre, les systèmes solaires flottants ne sont pas nuisibles à l’environnement. Ils permettent notamment de réduire la prolifération des algues, problématiques pour la biodiversité aquatique. Et aucune étendue d’eau n’est jamais recouverte totalement. En effet, le taux de couverture moyen se situe entre 30 % et 60 %, sans pouvoir dépasser 70 %. Ce taux est défini selon certains facteurs comme la température, l’exposition solaire, le vent et les conditions globales du site.
Le solaire flottant en haute mer
Si la plupart des projets de solaire flottant sont installés sur des lacs et des bassins, on se penche de plus en plus sur les centrales solaires flottantes en haute mer. Des entreprises belges viennent notamment de lancer un projet de centrale solaire en mer du Nord. Elles en sont actuellement à l’étape des études de faisabilité.
Mais ce projet est plein d’incertitude. En effet, il est très difficile d’estimer les coûts d’un tel dispositif, que ce soit en termes d’installation mais surtout de maintenance. Quel sera l’impact de l’eau salée sur les panneaux ? L’effet des vagues et des courants ? Tout ceci est difficile à estimer avant le lancement d’un projet pilote.
Ainsi, on voit que le solaire flottant a un fort potentiel en tant que technique pour produire des énergies renouvelables. Toutefois, on a actuellement peu de visibilité sur ses coûts de maintenance à long terme, et donc, sur sa rentabilité. Une technologie à surveiller de près, donc.
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