Face à l’inflation et aux différents problèmes économiques, certains investisseurs font le choix de se tourner vers des placements plus atypiques. Certains investissent dans l’or, d’autres se tournent vers l’investissement dans les diamants. Mais est-ce un placement financier intéressant pour votre portefeuille ?
Les points forts de l’investissement dans les diamants

Le diamant est une ressource qui se raréfie avec le temps. En effet, le cycle de formation naturel des diamants est bien plus lent que le rythme auquel les gisements sont exploités. Ainsi, comme les réserves mondiales de diamants ne sont pas infinies, elles sont en diminution progressive. À ce titre, de nombreuses personnes investissent de façon spéculative, en espérant un envol du prix des diamants plus les réserves mondiales s’épuisent.
Il s’agit avant tout d’un investissement tangible. Les diamants sont une pierre très résistante. Vous pouvez donc facilement la monter en bijou, sans craindre qu’elle se brise.
Sa conservation est également aisée. Ainsi, vous avez peu de chances que votre diamant perde ses qualités avec le temps. Et vous pouvez profiter de votre investissement tout au long de la durée de détention.
Les promoteurs de l’investissement diamantaire mettent également en avant d’autres atouts comme :
- Une densité de valeur exceptionnelle facilitant transport et stockage
- Une protection potentielle contre l’inflation, car relativement déconnecté des marchés financiers traditionnels
- Les diamants de couleur (notamment les bleus et les roses), qui peuvent connaître des appréciations annuelles de l’ordre de 10-12% en raison de leur extrême rareté
Comment investir dans les diamants
Si vous souhaitez investir dans les diamants, vous devrez passer par un grossiste ou un diamantaire. En effet, le marché des diamants est très peu développé pour les particuliers, vous aurez donc besoin d’un intermédiaire.
Comment choisir votre pierre ? Tout d’abord, n’achetez que des diamants certifiés par des laboratoires reconnus (GIA ou HRD), avec un numéro d’immatriculation unique, gravé au laser sur la pierre. Soyez vigilant : l’authenticité de votre diamant est essentielle. Il existe de nombreux faux diamants en circulation.
D’autres règles sont importantes, comme la règle des 4C : Taille, Couleur, Pureté et Poids (Cut, Colour, Clarity, Carat). Prêtez également attention à la symétrie, au diamètre et au poli de votre diamant.
N’optez pas pour des formes fantaisie comme l’ovale ou le coussin. En effet, ce type de diamants n’est pas très demandé, ce qui rendra la revente plus difficile. Privilégiez donc une taille ronde classique.
Enfin, optez plutôt pour des pierres entre 0,5 et 2 carats. En dehors de cette fourchette, la pièce sera trop rare ou difficilement certifiable. En termes de couleur, il est recommandé de choisir un diamant incolore ou quasi incolore (grades D à F). Pour finir, n’investissez que dans un diamant de qualité « very good » ou « excellent » certifiée et de pureté élevée (VVS2 à IF).
Combien faudra-t-il débourser ? Pour un diamant d’un carat, vous aurez besoin d’investir entre 10 000 € et 30 000 €.
Si l’achat direct de pierres vous semble trop risqué, d’autres approches alternatives existent dans le secteur du diamant :
- Les diamants synthétiques : créés en laboratoire, ils offrent une alternative économique et écologique
- Les micro-diamants : ces très petites pierres présentent une liquidité supérieure aux grosses pierres
- L’investissement dans des actions d’entreprises minières ou des fonds spécialisés dans les métaux précieux
Les rendements et la fiscalité de l’investissement dans les diamants

La rentabilité de l’investissement dans les diamants est en réalité très dure à estimer car elle varie beaucoup selon le diamant choisi. Attention, gardez bien en tête que la fiscalité vient grignoter une part de vos rendements, ce qui peut remettre en question la viabilité de cet investissement.
Tout d’abord, vous serez soumis à 20 % de TVA à l’achat. Cette imposition efface votre plus-value pendant les 4 ou 5 premières années de votre investissement.
Vient ensuite la question de la taxation à la revente. Deux options s’offrent à vous :
- Il est possible de choisir une taxe forfaitaire de 6 % à laquelle s’ajoute une taxe de 0,5 % au titre de la CRDS (Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale). Ces taxes s’appliquent au montant total de la transaction.
- Vous pouvez aussi opter pour la fiscalité sur les biens meubles. Votre plus-value est alors taxée au taux de 36,2 % (19 % d’imposition sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux). Vous bénéficiez ensuite d’un abattement de 5 % par année de possession, au-delà de la deuxième année.
Au bout de 22 ans de détention de votre diamant, vous pouvez bénéficier d’une exonération totale d’impôt. Enfin, les transactions de moins de 5000 euros ne sont pas taxées.
Au-delà de la fiscalité, l’un des principaux obstacles à la rentabilité de cet investissement concerne la liquidité. En effet, la revente peut s’avérer complexe, avec des décotes atteignant 20 à 50% par rapport à la valeur d’achat initiale. Cette problématique constitue le frein majeur pour tout investisseur, conditionnant directement votre capacité à récupérer votre mise.
Faites très attention si vous choisissez d’investir
Investir dans les diamants est un placement risqué. À la différence de l’investissement dans l’or et dans d’autres matières premières, il n’existe pas de cotation publique et accessible pour les diamants.
Depuis 1976, le Rapaport Group fournit un indice de prix pour les différents types de diamants, calculés à partir des données d’un grand nombre de professionnels du secteur. Ces chiffres sont très utiles, mais seuls les professionnels peuvent y avoir accès. Ainsi, il est difficile d’investir en tant que particulier.
Par définition, le diamant naturel est unique. Il n’y a donc pas d’uniformité dans les produits existants, ce qui rend difficile l’évaluation de la valeur d’un diamant. Il n’existe pas non plus de marché officiel du diamant, ce qui rend difficile la revente de ces pierres.
Le marché des diamants fluctue beaucoup. Il ne s’agit donc pas d’une valeur refuge. En effet, il n’y a pas réellement de hausse systématique du cours du diamant lorsque les marchés financiers sont en berne.
Enfin, la bulle du marché du diamant peut même exploser à tout moment. C’est notamment ce qui a eu lieu en 1985. Ainsi, on estime que les diamants achetés dans les années 1970 ne peuvent plus être revendus que pour le tiers de leur prix d’achat.
Comment expliquer ce phénomène ? Outre la perte de valeur globale, il faut faire retailler les pierres afin qu’elles correspondent aux standards actuels, ce qui réduit le poids de la pierre.
Un autre risque important à prendre en compte concerne l’impact des diamants synthétiques sur le marché. Ces diamants créés en laboratoire, qui présentent les mêmes propriétés physiques et chimiques que les diamants naturels mais à un coût bien inférieur, exercent une pression baissière sur la valorisation des diamants naturels. Cette tendance pourrait s’accentuer à mesure que les techniques de fabrication s’améliorent et que l’acceptation de ces alternatives augmente.
De nombreuses arnaques
Si vous décidez d’investir dans les diamants, faites très attention aux arnaques. En effet, elles sont assez nombreuses. On vous parlera des diamants comme d’une valeur refuge, tout en vous promettant des rendements attractifs et un stockage dans des coffres en zone franche pour vous faire économiser la TVA.
En réalité, il s’agit sûrement de faux diamants. L’AMF a notamment mis en garde les investisseurs contre ces placements.
Depuis mai 2017, les pouvoirs de contrôle de l’AMF au sujet de l’investissement dans les diamants ont même été renforcés, avec la loi Sapin II. Ainsi, les propositions d’investissement dans les diamants ne peuvent pas faire l’objet de démarchage commercial sans que l’entreprise soit enregistrée auprès de l’AMF au préalable.
Pour vous aider à ne pas vous faire berner, l’AMF a même publié une liste noire des sites à bannir, suite à de nombreuses plaintes.
Voici quelques signes d’alerte qui doivent vous mettre en garde contre les arnaques potentielles :
Type d’arnaque | Signes d’alerte | Comment se protéger |
---|---|---|
Démarchage téléphonique | Insistance, urgence, rendements garantis | Ne jamais s’engager par téléphone |
Faux certificats | Organismes de certification inconnus | Exiger des certificats GIA ou HRD |
Stockage à l’étranger | Promesse d’échapper à la TVA | Refuser ce type d’arrangement illégal |
Au-delà des risques financiers, l’investissement diamantaire soulève également des questions éthiques importantes. Malgré le processus de Kimberley mis en place pour lutter contre les « diamants de sang », certains diamants provenant de zones de conflit peuvent encore circuler sur le marché. Assurez-vous que vos diamants possèdent une certification confirmant leur origine éthique.
Ainsi, il est plutôt déconseillé d’investir dans les diamants car le risque d’arnaque est assez fort et vous disposez d’assez peu de visibilité sur la rentabilité de votre investissement. Vous pouvez toutefois choisir de vous lancer s’il s’agit d’un investissement plaisir.
Si vous décidez malgré tout d’investir dans des diamants, limitez les risques en ne consacrant pas plus de 5 à 10% de votre portefeuille à ce type d’investissement. Considérez-le davantage comme un « investissement plaisir » dont vous pourrez profiter esthétiquement, plutôt qu’une véritable stratégie d’épargne ou de diversification patrimoniale.
À retenir
- Le diamant présente certains atouts comme investissement (ressource limitée, actif tangible), mais comporte des risques majeurs qui en font davantage un achat plaisir qu’un placement stratégique.
- Les inconvénients principaux : absence de cotation transparente, liquidité réduite avec décotes importantes à la revente (20-50%), impact négatif de la TVA à 20%, et pression baissière des diamants synthétiques.
- Pour limiter les risques, privilégiez des diamants ronds entre 0,5 et 2 carats, incolores (D à F), de pureté élevée (VVS2 à IF), certifiés uniquement par des laboratoires reconnus (GIA ou HRD).
- Soyez vigilant face aux nombreuses arnaques : démarchage agressif, promesses de rendements irréalistes, offres de stockage à l’étranger pour éviter la TVA, et certificats douteux.
- Si vous investissez malgré tout, limitez votre exposition à 5-10% maximum de votre portefeuille et considérez cet achat comme un investissement plaisir plutôt qu’une stratégie d’épargne.
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