En forte croissance depuis plusieurs années, le marché du bio accuse aujourd’hui un certain ralentissement. Il a baissé de 600 millions d’euros en un an, tandis que la part du bio dans l’alimentation des Français est passée de 6,4% à 6% (source : le Monde).
En cause : une inflation rampante, qui grignote le budget des ménages.
Pour autant, de nombreux Français restent attachés à une agriculture biologique. Elle est plus respectueuse de l’environnement et du vivant, et meilleure pour la santé.
Face à cette diversité de produits certifiés et à l’engouement persistant des consommateurs pour une alimentation plus saine, comment s’y retrouver parmi les différents labels bio ? Que signifient-ils exactement, et comment faire les bons choix ?
Qu’est-ce qu’un label bio ?
Label AB, Eurofeuille, Demeter, Bio cohérence… Entre les années 1980 et 2000, les labels bio n’ont cessé de fleurir, en réaction notamment à l’intensification de la production agricole. Mais que signifient-ils exactement ?
Un label bio est une certification délivrée par un organisme public ou privé, qui garantit notamment l’absence de produits chimiques de synthèse (pesticides, engrais…) et d’OGM dans un produit, mais aussi sa qualité et sa traçabilité.
Ces certifications ne sont pas délivrées à la légère. Pour obtenir ces précieuses certifications, les producteurs et transformateurs subissent des contrôles réguliers menés par des organismes certificateurs agréés comme Ecocert, Qualité France ou Bureau Veritas.
Les cahiers des charges varient selon les labels, dont certains se montrent plus exigeants que d’autres.
Ainsi, certains ne prennent pas seulement en compte l’absence de produits chimiques dans un produit, mais aussi par exemple : la provenance, le respect du bien-être animal, ou encore le respect des conditions de travail des producteurs.
Par ailleurs, dans l’Union Européenne, seuls 48 additifs sont autorisés en agriculture biologique, contre 300 en agriculture conventionnelle.
En France, le label AB (Agriculture Biologique) a été créé en 1985 par le ministère de l’Agriculture. Il atteste qu’un produit contient au moins 95 % d’ingrédients agricoles certifiés biologiques.
Il est important de noter que devenir producteur bio ne se fait pas du jour au lendemain : une période de conversion de trois ans minimum est obligatoire avant d’obtenir la certification. Durant cette période, les parcelles doivent être cultivées selon les méthodes biologiques sans pouvoir bénéficier du label, représentant un véritable investissement sur le long terme pour les agriculteurs.
Quel est l’intérêt de l’agriculture biologique ?
L’agriculture biologique s’oppose à l’agriculture conventionnelle, qui est basée sur un système de production privilégiant l’intensification et l’efficacité.
En conséquence, de nombreux produits chimiques peuvent être utilisés pour accroître les rendements.
L’agriculture biologique, quant à elle, valorise les processus naturels : respect de la biodiversité et du bien-être animal (l’utilisation de cages et de sols grillagés est interdite, quelles que soient les espèces), préservation des ressources naturelles, et absence de produits de synthèse, tels que les pesticides et les OGM.
Concrètement, la fertilisation des sols s’effectue uniquement avec des matières organiques : compost, fumier ou engrais verts. Pour lutter contre les ravageurs et maladies, seules les méthodes préventives et les traitements naturels autorisés par la réglementation bio sont permis. Cette approche globale privilégie la rotation des cultures et la lutte biologique intégrée.
Dans la pratique, sur le territoire européen, l’agriculture biologique est encadrée par un règlement qui précise les règles à suivre en matière de production, distribution et contrôle des produits.
Selon plusieurs études, l’agriculture biologique favorise la diversification, qui elle-même améliore la biodiversité, la pollinisation, ou encore la fertilité des sols.
Par exemple, on retrouve 20% d’abeilles et 53% de miel en plus dans les colonies entourées de parcelles bio, par rapport aux parcelles conventionnelles (étude réalisée en 2019 par le CNRS, l’Inra et l’université de la Rochelle).
Par ailleurs, l’absence d’utilisation de produits chimiques de synthèse réduit aussi le coût de dépollution de l’eau.
Mais ce n’est pas tout : l’intérêt de l’agriculture biologique est aussi de préserver la santé humaine.
Les produits bio sont-ils vraiment meilleurs pour la santé ?
Les études menées sur les bénéfices de l’alimentation bio font consensus : ainsi, elles ont mis en évidence une qualité supérieure des produits biologiques par rapport aux produits conventionnels. Cela se traduit par :
- Une valeur nutritionnelle supérieure ;
- Une teneur en fibres plus importante ;
- Une teneur en nitrates et en pesticides nettement inférieure ;
- Une présence plus importante de minéraux et d’oligo-éléments ;
- Une qualité organoleptique (odeur, goût, texture) supérieure.
Selon plusieurs travaux, l’alimentation bio permettrait également une baisse significative du stress oxydatif, responsable de nombreuses pathologies (cancers, diabète, maladies neurodégénératives, etc.).
Attention toutefois à ne pas confondre produits bio et produits locaux ! Par exemple, un avocat peut venir du Pérou (et donc avoir une forte empreinte carbone), tout en étant bio.
À l’inverse, une salade cultivée à 5 km de chez vous peut être issue de l’agriculture conventionnelle, qui a recours à des traitements divers (pesticides de synthèse, etc.).
Enfin, il est à noter que certains produits sont plus exposés aux pesticides que d’autres. On parle des dirty dozen, soit les 12 aliments les plus « contaminés », qu’il est préférable de choisir issus de l’agriculture biologique. Ce sont par exemple les fraises, les cerises, les pommes, ou encore les tomates.
Comment identifier et décrypter les différents labels bio ?
Vous êtes maintenant convaincu des vertus de l’agriculture biologique, mais face à la multiplication des logos sur les emballages, comment s’y retrouver ? La première étape consiste à vérifier la présence des logos officiels et à comprendre ce qu’ils garantissent réellement.
Le logo Eurofeuille
C’est le label européen certifiant les produits qui respectent le cahier des charges de l’agriculture biologique. Les pesticides de synthèse et les OGM sont interdits. Cependant, un produit transformé bio peut contenir 5% d’ingrédients non biologiques. Quant aux animaux, ils doivent être élevés en plein air ou en liberté, ou avoir accès à un parcours extérieur.
Depuis 2010, tous les produits bio commercialisés en Europe doivent arborer l’Eurofeuille s’ils contiennent au moins 95% d’ingrédients biologiques. Ce logo se présente sous la forme d’une feuille composée d’étoiles blanches sur fond vert. Il indique également l’origine géographique des matières premières avec des mentions comme « Agriculture UE », « Agriculture non-UE » ou « Agriculture UE/non-UE ».
Le label AB
C’est le label français créé par le ministère de l’Agriculture. Son cahier des charges est le même que celui du logo européen Eurofeuille.
Ce label français se reconnaît instantanément grâce à son logo vert et blanc aux lettres « AB » stylisées. Il vous assure que le produit contient au minimum 95% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique, les 5% restants correspondant à des ingrédients autorisés mais non disponibles en version bio.
La certification Bio Cohérence
Elle est plus stricte que les labels précédents, car le cahier des charges exige que les produits soient cultivés, produits et transformés sur le sol français. Le bien-être animal est également considéré et contrôlé de manière plus importante.
Ce label français impose des règles plus strictes que la réglementation européenne, notamment concernant l’origine française des ingrédients et l’interdiction totale d’OGM, même à l’état de traces.
Le label Bio Partenaire
Ce label respecte la réglementation européenne sur l’agriculture biologique, tout en intégrant des critères humanistes. Il se base ainsi sur les valeurs du commerce équitable, notamment en assurant un revenu juste à ses producteurs.
Le label Demeter
C’est sans doute le label bio le plus strict. Portant le nom de la déesse grecque de la terre et des moissons, il se fonde sur les principes de l’agriculture biodynamique, un système de production agricole qui s’adapte aux cycles lunaires et planétaires, et favorise le développement de la biodiversité. L’objectif est de préserver la qualité des sols et des végétaux, et de bannir toute utilisation de produits chimiques. Les produits transformés doivent se composer à 90% d’aliments certifiés Demeter. Les 10% restants doivent être certifiés bio.
Cette certification va au-delà du bio classique en intégrant des pratiques respectueuses des cycles naturels et lunaires, considérant l’exploitation agricole comme un organisme vivant autonome.
Le label Nature & Progrès
Il se base sur les principes d’une agroécologie paysanne et locale. Son cahier des charges est indépendant de la réglementation européenne, et évolue régulièrement. L’huile de palme est par ailleurs interdite dans tous les produits Nature & Progrès, puisque sa production a des effets délétères sur la nature (déforestation) et les êtres humains (conditions de travail défavorables).
Cette certification française privilégie les circuits courts, la transparence et des critères sociaux et environnementaux renforcés, en mettant l’accent sur l’aspect local et paysan de la production.
À noter : Le champ de la réglementation bio se limite aux produits agricoles et aux denrées alimentaires. Les produits non alimentaires, comme les cosmétiques, ne relèvent pas du label européen officiel. Certains logos ou labels peuvent cependant être associés à ces produits : ils relèvent alors de certifications privées ou associatives.
Exigences spécifiques de l’élevage biologique
L’élevage bio va bien au-delà de l’alimentation des animaux et respecte des exigences strictes concernant l’habitat et les soins vétérinaires. Les animaux doivent avoir accès à des parcours extérieurs et disposer d’espaces de vie adaptés à leurs besoins comportementaux naturels.
Leur alimentation doit être constituée d’au moins 95% d’ingrédients biologiques, de préférence produits sur l’exploitation même. Cette approche favorise les circuits courts et limite l’empreinte carbone. L’utilisation d’antibiotiques et d’hormones de croissance est strictement limitée, privilégiant les médecines alternatives comme l’homéopathie ou la phytothérapie.
Avantages et limites des labels bio
Les labels bio vous offrent une garantie de qualité et de traçabilité indéniable. Ils vous permettent de consommer des aliments exempts de résidus de pesticides de synthèse et issus de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Ces certifications encouragent également la biodiversité et la préservation des ressources naturelles.
Cependant, il convient de rester réaliste sur leurs limites. Le bio ne garantit pas automatiquement un produit local ou de saison. Certains produits bio peuvent parcourir de longues distances avant d’arriver dans vos assiettes, générant une empreinte carbone non négligeable.
De plus, le coût de certification peut parfois pénaliser les petits producteurs locaux qui pratiquent pourtant une agriculture respectueuse sans pour autant obtenir de label officiel. Dans ce contexte, la connaissance directe de votre producteur local peut parfois valoir tous les labels du monde.
À retenir
- Les labels bio garantissent au minimum 95% d’ingrédients biologiques et excluent pesticides de synthèse, engrais chimiques et OGM.
- Le label AB et l’Eurofeuille constituent les références officielles en France et en Europe, avec des cahiers des charges identiques.
- Les labels privés comme Demeter, Nature & Progrès ou Bio Cohérence proposent des critères plus stricts que la réglementation officielle.
- Une période de conversion de trois ans minimum est obligatoire avant d’obtenir la certification bio.
- L’agriculture biologique favorise la biodiversité, améliore la qualité nutritionnelle des aliments et réduit l’exposition aux résidus de pesticides.
- Un produit bio n’est pas forcément local : vérifiez l’origine géographique indiquée sur l’emballage pour limiter votre empreinte carbone.